Le Medef sort ses griffes.

Pas encore assez … en veulent toujours plus !

Alors qu’une nouvelle négociation de la convention d’assurance-chômage va s’ouvrir, le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux, a présenté, hier, des propositions radicales qui visent l’explosion du système d’indemnisation des demandeurs d’emploi.

Un bouleversement systémique censé « inciter au retour à l’emploi » sur fond de déficit de l’Unédic, pour cacher la fuite en avant du patronat sur la gestion paritaire de l’assurance-chômage.

Sous couvert de tirer les conséquences de la réforme du système, qui entérine la bascule entre les cotisations salariales et l’impôt (CSG), le Medef attaque frontalement le caractère assurantiel de l’assurance-chômage […] : les entreprises ne verseraient plus de cotisation patronale, accusée des maux de l’économie, et le « coût du travail » devrait baisser.

Cerise sur le gâteau, le patronat compte bien déresponsabiliser un peu plus les entreprises : le financement de la couverture du risque de chômage serait transféré aux contribuables, déplaçant la charge des employeurs vers la solidarité nationale.

Le Medef opère un changement majeur de stratégie

Après avoir participé au pilotage de l’assurance-chômage en n’ayant de cesse de baisser les droits des bénéficiaires, l’organisation patronale, sous la houlette de Geoffroy Roux de Bézieux, opère un changement majeur de stratégie en se débarrassant de la gestion paritaire de l’Unédic. Elle renonce volontiers à ses responsabilités pour laisser au gouvernement Philippe, ouvertement « pro-business », la liberté de fixer les règles de l’indemnisation des chômeurs. […]

[…] En guise de consolation, Geoffroy Roux de Bézieux évoque un régime « assurantiel complémentaire obligatoire » financé par les cotisations patronales, sur le modèle des régimes complémentaires de retraites Agirc-Arrco. Les syndicats et le patronat pourraient gérer cette assurance-chômage au rabais sans garantie de l’État, avec la nécessité de respecter une « règle d’or », soit « l’équilibre des comptes », insiste le Medef.

Un écueil profond au vu du rôle indispensable de l’État dans la marge de manœuvre de l’Unédic pour emprunter à bas taux sur les marchés financiers. Le risque est de voir les droits à l’indemnisation des privés d’emploi réduits comme peau de chagrin. Enfin, un dernier niveau de couverture pourrait voir le jour avec la création d’un régime supplémentaire pour les indépendants. […]


Lola Ruscio – Titre original : « Protection sociale. Le Medef veut faire exploser l’Unédic », Source (Extrait)