Avant catastrophe

C’est bien de s’inquiéter de la solidité des ouvrages d’art routiers français même si cette volonté arrive après le désastre de Gènes et autant de personnes disparues dans ce qu’il faut appeler de toute façon, des malfaçons couvertes par le modèle de société gangrenée italienne, celle des pots de vins et truandages mafieux divers.

Rendre les infrastructures françaises fiables, faire les réparations nécessaires relève d’un problème économique, les désengagements successifs de l’état à divers niveaux, notamment les baisses de dotations aux départements et dans le même temps l’obligation pour ces derniers de l’entretien des routes auparavant nationales passées du ressort et à prendre dans le budget restreint du département sont la cause de travaux non réalisés. MC

Les exemples relevés par la Fédération régionale des travaux publics (FRTP Occitanie) dans l’ex territoire délimité « Languedoc Roussillon », d’extrapolation sur l’ensemble du territoire français y compris le DOM-TOM, mais donne à réfléchir. MC

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  • Hérault (données 2016) compte 3 300 ponts, dont 20 % seulement sont en bon état sur les routes départementales : 60 % nécessitent des travaux d’entretien courant, et 20 % « des travaux d’entretien spécialisés au minimum, voire des travaux de réparation pour les ouvrages les plus affectés ».
  • Aude (données 2016) affiche 2 700 ponts, dont 20 % sont en bon état. 45 % ont besoin de travaux spécialisés ou de réparation, 35 % de travaux courants.
  • Pyrénées-Orientales (données 2017) se trouvent 3 000 ponts. 75 % doivent faire l’objet de travaux spécialisés ou de réparation, 25 % sont en bon état ou ne nécessitent que des travaux courants.
  • Gard (données 2017), on dénombre 3 200 ponts, dont 20 % seulement nécessitent des travaux (travaux spécialisés ou réparation sans caractère d’urgence). Moins de 1 % appellent des travaux d’urgence.
  • Lozère (données 2018), on compte 2 000 ponts, dont 27 % sont en bon ou très bon état. Une même proportion (27 %) de ponts sont en mauvais ou très mauvais état.

« Ce patrimoine de réseaux et d’infrastructures irrigue nos territoires, son entretien et son développement font partie des principaux enjeux des décisions publiques, dans les communes, les intercommunalités, les départements, les régions et l’Etat. S’il n’est pas correctement entretenu, il se dégrade et génère des nuisances et des coûts considérables pour les budgets publics et pour l’ensemble de l’activité économique. Nous formons le vœu que cette publication incite les collectivités, et tous les maîtres d’ouvrages concernés, à développer des politiques de travaux actives et raisonnées pour maintenir et renouveler ce patrimoine », analyse Olivier Giorgiucci, président de la FRTP Occitanie, dans la dernière édition de ce baromètre.

Cent M€ de plus débloqués en 2018 À l’issue du conseil des ministres tenu le 22 août 2018, le gouvernement a indiqué, face à l’urgence de la situation, que, sans attendre les recommandations du Conseil d’orientation des infrastructures créé en 2017, qu’il va augmenter les crédits d’entretien des réseaux routiers de 700 à 800 M€ dès cette année.

Une nouvelle programmation d’investissements sur ces réseaux sera dévoilée dans la prochaine loi d’orientation des mobilités, qui sera présentée au Parlement cet automne. […]


Extrait d’article titré « Jusqu’à 80 % de ponts en mauvais état dans l’ex-LR » Anthony Rey, La Tribune – Source


Ces départements où l’entretien des ponts tombe à l’eau

En France, il faudrait mettre 2 milliards par an sur la table, selon Christian Tridon, le président du Syndicat national des entrepreneurs spécialistes de travaux de réparation et de renforcement des structures.

Aujourd’hui, on ne débourse que 800 millions…

Non seulement l’argent manque, mais il n’est pas réparti de manière équitable. Là où Paris consacre 237.000 euros par kilomètre et par an à sa voirie, on dépense 100 fois moins dans la Creuse.

Cartes à l’appui, le rapport pointe huit départements (Lot, Ariège, Creuse, Cantal, Allier, Nièvre, Yonne, Saône-et-Loire) où les routes doivent se contenter de moins de 8 000 euros annuels au kilomètre, alors que, dans six autres, on dépasse les 50.000 euros.

Au sein de nombreuses petites communes, la dangerosité des ouvrages d’art s’évalue au doigt mouillé. Comme le notent les rapporteurs, « il n’y a pas d’obligation de suivi des viaducs et des ponts sur les routes des collectivités territoriales ».

Depuis l’effondrement du pont de Tours, en 1978, seuls ceux du réseau national sont systématiquement évalués tous les trois ans.

Ce bilan de santé, les rapporteurs préconisent de l’imposer dare-dare à tous les ponts en France. Il faudra ensuite trouver de quoi financer les travaux de remise en état : 50 milliards d’euros, au bas mot, selon Christian Tridon, qui évalue, au total, à 13.000 le nombre d’ouvrages à réparer d’urgence dans l’Hexagone.


Christophe Labbé – Le Canard Enchaine – 22/08/2018


 

2 réflexions sur “Avant catastrophe

  1. jjbey 26/08/2018 / 9h41

    Une éclisse et plusieurs morts, la moitié des trains express régionaux sur Marseille suite au déraillement d’un TGV et on a la face visible révélatrice du manque d’entretien, ailleurs c’est la vitesse des trains réduite sur les lignes secondaires à tel point que les usagers finissent par ne plus les utiliser.
    … Oui l’entretien est un acte politique et il en est de même pour les ponts, les routes, les lignes EDF…

    Quand il s’agit de choisir entre les actionnaires et la sécurité le choix est vite fait au détriment de la sécurité.

  2. tatchou92 26/08/2018 / 19h20

    La prévention, c’est comme l’assurance obligatoire, elles coûtent cher avant l’accident.. et après on n’a que ses yeux pour pleurer, ou on se bat avant..

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