Vérités et egos ne font pas de bons ménages

L’égo est subit et s’aménage parfois, la vérité est toute entière

Si vous désirez la sympathie des masses,

vous devez leur dire

les choses les plus stupides et les plus crues.

Adolphe Hitler, Mein Kampf


L’affaire Benalla, vu de l’étranger.

[…] … pour une bonne partie des médias étrangers, le mal est déjà fait et le président français va devoir gérer longtemps les conséquences de ce que tous voient, à l’instar de The New York Times, comme “la plus grande crise de la présidence, un an après l’élection de Macron”. Pour le quotidien espagnol El Mundo, “le nom d’Alexandre Benalla ternira à jamais le mandat [du président]”. De l’autre côté des Alpes, le journal La Repubblica s’étonne de voir la majorité présidentielle aussi déstabilisée après le “cyclone de révélations” qui déferle depuis une semaine :

Le mouvement fondé par Emmanuel Macron est resté une coquille vide qui ne tient pas le choc du scandale. En quelques jours, le même gouvernement qui avait fait passer triomphalement lois et décrets est contraint de battre en retraite au Parlement et de suspendre l’annonce de sa réforme constitutionnelle”.

Vers un remaniement ?

Pour le quotidien italien, c’est tout le système Macron qui vacille. Et il va sans doute lui falloir plus que des déclarations pour sortir de l’ornière :

Le scandale Benalla révèle les faiblesses de sa fulgurante ascension vers le pouvoir, ce ‘hold-up du siècle’ mené avec un groupe d’aventuriers, au cours duquel il a neutralisé les partis traditionnels. Mais ceux-ci commencent à méditer leur revanche. Le leader français devra sans doute en tirer les conséquences, via un remaniement et une ébauche d’alliances avec ‘l’ancien monde’, en vue des prochains rendez-vous électoraux

Le retour du “vieux monde”, c’est aussi ce qu’évoque le quotidien suisse Le Temps, pour lequel Emanuel Macron est en train de recevoir “la monnaie de sa pièce”. Avec leurs relents de barbouzeries, les révélations qui s’enchaînent risquent de “lui revenir comme un boomerang, tant [elles] évoque [nt] ces affaires de ‘l’ancien monde’, quand le général de Gaulle disposait du Service d’action civique (SAC) ou que François Mitterrand instrumentalisait à son profit les rivalités entre policiers et gendarmes”.

L’inconnue de l’été

Au Royaume-Uni, le site Reaction ironise, lui, sur ce qu’il voit comme une exagération des journalistes et commentateurs français. Pour ce média en ligne à tendance conservatrice, la presse “s’est emparée de l’histoire et l’a bien emballée pour en faire une nouvelle affaire Dreyfus ou Trump à Helsinki.” A lire ce site, il est probable que l’opinion aura très bientôt oublié le nom de Benalla, à mesure que les Français “fuiront les températures records pour les plages de Provence, de Vendée et de Bretagne, où la bière fraîche remplacera l’actualité chaude”.

La torpeur de l’été suffira-t-elle à faire retomber la pression ? Rien n’est moins sûr pour Le Temps, qui souligne que, “comme souvent en France, ce sont les symboles qui comptent”. Or s’il n’a pas à craindre pour son mandat selon le quotidien genevois, le président français “peut être inquiet pour son image” :

L’affaire Benalla met une fois de plus en lumière des conseillers occultes, des organisations parallèles, des privilèges et des passe-droits. Tout ce qui nourrit la défiance des Français, fussent-ils en vacances, avec une démocratie française toujours malade.”


Courrier international – Paris – Source