France – OCDE : Ascenseur social en panne !

[…] Selon un rapport de l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) publié ce vendredi, les personnes qui se situent en bas de l’échelle des revenus ont peu de chances de gravir les échelons.

[…] Pour l’ensemble des pays développés, « nos résultats présentent des conclusions inquiétantes surtout pour le bas de l’échelle […] Les inégalités de revenus, d’opportunités sont liées à la montée des populismes et du protectionnisme » a expliqué Gabriela Ramos, directrice de cabinet à l’OCDE et sherpa de l’organisation auprès du G20.

A l’heure où Emmanuel Macron explique que « les aides sociales coûtent un pognon de dingue », cette publication devrait alimenter les débats sur le rôle de ces dispositifs et la réduction des inégalités dans un pays qui prône l’égalité des chances et la méritocratie depuis des décennies.

[…] Le principal enseignement pour la France est que la mobilité intergénérationnelle est clairement en panne. D’après les résultats diffusés par l’institution internationale, il faut six générations pour que les descendants de familles modestes atteignent le revenu moyen.

[…] Du côté des catégories socioprofessionnelles, les résultats soulignent un véritable blocage également. « Les enfants de cadres sont deux fois plus susceptibles de devenir cadres eux-mêmes que les enfants de travailleurs manuels ».

Enfin, la reproduction sociale est également à l’oeuvre dans le système éducatif. « Plus de deux tiers (68%) des enfants dont les parents sont diplômés du supérieur obtiennent un diplôme de l’enseignement supérieur en France ». A l’inverse, seulement 17% des enfants issus de familles n’ayant pas fait d’études supérieures, accèdent à l’université. Un système éducatif en cause

Pour tenter d’expliquer cette faible mobilité entre les générations, les experts pointent notamment les lacunes de l’enseignement. « Le système éducatif français joue certainement un rôle pour expliquer le manque de mobilité sociale en bas de l’échelle. La mobilité en matière d’éducation est loin de celle observée dans les pays les plus performants (Corée, Canada, Japon) et demeure inférieure à la moyenne de l’OCDE ».

[…] Outre le système éducatif, d’autres paramètres sont pris en compte par l’organisme international. Play Video « Malgré l’accès généralisé à l’éducation de la petite enfance et la gratuité du système d’éducation, les chances de réussite professionnelle des jeunes dépendent fortement du quartier dans lequel ils grandissent et du niveau de capital humain et social de leurs parents. »

Une mobilité sociale limitée […] aurait même empiré depuis les années 1990. Au sommet, l’immobilité est encore plus marquée. 67% des personnes faisant partie des revenus les plus élevés y restent sur une période de quatre ans. […] La faible mobilité des revenus au cours d’une vie est étroitement liée au chômage de longue durée selon les économistes.

En France, ce phénomène concerne un nombre toujours plus important de personnes. Selon les dernières données de Pôle emploi, ils étaient 2,56 millions comptabilisés en chômeurs de longue durée (durée supérieure à un an) sur un total de 5,6 millions d’inscrits toutes catégories confondues.

Les contrats courts peuvent également freiner la mobilité des revenus. « Les personnes sans emploi qui acceptent un emploi sont également moins susceptibles de gravir l’échelle des revenus, notamment parce qu’un certain nombre d’entre elles se retrouvent dans des contrats de courte durée. »

Et le phénomène ne risque pas de s’améliorer. Selon de récents chiffres du ministère du Travail, les recrutements en contrat à durée déterminée (CDD) représentaient 87 % des intentions d’embauche fin 2015, en hausse de 12 points depuis le début des années 2000. […]


Normand Grégoire, La Tribune – Titre original : « Ascenseur social en France : l’OCDE sonne l’alarme » – source (Extrait)


 

3 réflexions sur “France – OCDE : Ascenseur social en panne !

  1. bernarddominik 19/06/2018 / 16h05

    C’est effectivement le grand échec de notre république égalitaire. Déjà simplement la manière de s’exprimer est un handicap pour les jeunes des banlieues. Ensuite il suffit souvent de lire les E-mails pour comprendre l’origine sociale de l’émetteur, sans parler de la maîtrise de la langue. Aucune entreprise n’embauchera de cadre ayant un rôle de communiquant parmi ces personnes: c’est l’image de l’entreprise qui est en jeu. Mais je connais beaucoup de personnes issues de ces quartiers qui ont su et pu modifier leur langage transformer leur manière de s’exprimer acquérir les termes exacts et réussir de belle carrières. L’ascenseur social est difficile mais il existe encore et les 6 générations sont une forte exagération.

  2. jjbey 19/06/2018 / 16h51

    Liberté d’exploiter et Égalité vers le bas défient la Fraternité.
    J’ai mal lu la devise de la République ou alors je me trompe.

    • bernarddominik 20/06/2018 / 11h22

      Nous sommes dans un système capitaliste, que nous le voulions ou non, dans ce système la représentation est essentielle, et donc, ceux qui ne sont pas dans le « moule », ont beaucoup de mal à s’y faire une place. La culture c’est d’abord l’image que se fait d’elle même une société, pour accéder à certains postes, il faut être au delà de la conformité, c’est à dire accéder à cette patite partie de la culture où n’accèdent que les « élites ». Les traits de cette culture sont le golf, l’art moderne, la littérature économique, et la musique classique, il faut en connaître les codes. Celui qui ne les connaît pas ne fréquentera jamais les grands dirigeants d’entreprises.

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