[…] [Selon] l’écrivain Bernard Chambaz dans Petite philosophie du ballon poursuit : « Par principe, les commencements sont multiples. Il y a le premier ballon, la première partie, la première prairie ou le premier trottoir, le premier but… » Et le premier match.
Voilà, c’est donc reparti pour un mois de fête sportive à visée universaliste. Au stade suprême de la finance mondialisée, lorsque la nouvelle religion ultralibérale aura épuisé son pouvoir d’attraction liturgique, peut-être ne subsistera-t-il que deux passions populaires sacralisées qu’aucune révolution humaine n’aura pu renverser : le football et la télé.
Passionnés légitimes (le bloc-noteur l’admet) ou réfractaires définitifs, et quoi que nous pensions de la place du sport dans nos vies, reconnaissons que, à l’heure de l’hyperspectacularisation des théâtres sportifs diffusés en mondovision et scénarisés, le sport a définitivement cessé d’être ce terrain d’expérimentation du néocapitalisme qu’il était encore dans les années 1980.
En ce XXIe siècle déjà bien avancé, il est devenu l’un des cœurs névralgiques de la globalisation à marche forcée. Ne jouons pas trop les candides. Le bien-être moral, physique et collectif des individus s’est progressivement effacé derrière la musculation et la consolidation des investissements financiers.
[…] Telle est la vérité du football « marchandisé » à outrance. L’immoralité et le dévoiement de la geste sportive ont toujours existé. Ce qui a changé, c’est la nature de ces liaisons dangereuses et son degré d’incandescence. Inutile donc de s’étonner que l’exclusivité des spectacles sportifs soit devenue un enjeu majeur de la bataille audiovisuelle : l’avenir de cette « industrie » en dépend en grande partie, comme l’ont montré les récents droits télé de la Ligue 1.
Précisons que le sport, en tant qu’activité économique, connaît des taux de croissance dignes de la Chine, de 8 à 12 % l’an, parfois plus. Il est même passé, dans notre pays, de 0,5 % du PIB, à la fin des années 1970, à près de 2 % ! […]
À l’heure où la Coupe du monde brûle tous les feux de l’actualité ou presque, le discours commun est archiconnu. « Pour » ou « Contre » le foot ! […]
Il reste quand même des joueurs plutôt doués qui manient bien le ballon et de tous les pays unis dans une même fête. Ne faisons pas la tête toujours au dessus de la cage, on raterait le but.