La paix selon Trump

Chez Donald Trump, l’isolationnisme proclamé de son slogan de campagne “America first” se conjugue étrangement avec un interventionnisme accru.

Là où son prédécesseur Barack Obama tentait de désengager l’Amérique de tous les conflits mondiaux, Trump intervient au contraire dans toutes les crises, cherchant même à les provoquer. En ce qui concerne le conflit syrien, Obama, au-delà des discours sur les lignes rouges, est resté plutôt en retrait. Trump, lui, n’a pas hésité à frapper dès les premiers soupçons d’attaque chimique. Qu’a fait Obama pour la paix entre Israël et la Palestine ? Pas grand-chose, lui qui ne s’entendait pas avec le dirigeant israélien Benyamin Nétanyahou. Dans le dossier nord-coréen, Obama est aussi resté passif face aux provocations de Pyongyang.

L’un des grands accomplissements de l’ère Obama, en politique étrangère, c’est le deal avec l’Iran, qui était négocié principalement par les Européens depuis plus de dix ans. Mais sur ce dossier comme sur tous les autres, Donald Trump a pris le contre-pied de son prédécesseur.

En décidant de jeter aux orties l’accord sur le nucléaire iranien, il affirme qu’il ne sera pas l’homme du compromis. Si les Iraniens veulent faire partie de la communauté des nations, ils doivent mettre fin à leur expansionnisme régional et cesser de soutenir le Hezbollah et le Hamas. Si les Palestiniens veulent exister, ou juste survivre, ils doivent accepter qu’ils ont définitivement perdu la partie.

Donald Trump ne s’embarrasse pas de nuances, de diplomatie. C’est l’homme d’un unilatéralisme absolu et triomphant où seule la voix du vainqueur compte. Inspiré peut-être par ses homologues russe et chinois, il table sur la puissance de sa seule voix, au mépris de ses alliés européens. Il pense avoir gagné un premier round en amenant le dirigeant nord-coréen à la table des négociations.

Trump se rêve en faiseur de paix, sa paix. Un coup de poker risqué qui pourrait se solder par un embrasement mondial, dont les premières flammes se sont déjà allumées à Gaza et en Syrie.


Hamdam Mostafavi – Courrier Int – Source