« Il faut trouver un équilibre entre la nécessité de protéger les mineurs et leur liberté d’avoir des rapports sexuels », affirme Véronique Séhier, coprésidente du Planning.
L’inquiétude remonte du vécu sur le terrain.
L’association, qui se bat pour que les jeunes de tous âges aient accès à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse, même sans l’aval de leurs parents, est en contact avec de nombreux adolescents dans ses centres et anime des séances d’éducation à la sexualité.
Or, le renforcement de l’ âge du consentement à 15 ans, voulu le président de République Emmanuel Macron et la secrétaire d’ État chargée de l’ égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, « témoigne d’une méconnaissance de la sexualité des jeunes », affirme Marion Athiel, militante au Planning de Lyon.
Si le fait que des enfants âgés de 12 ans et moins sont trop jeunes pour consentir à un acte sexuel semble faire l’unanimité, ce n’est pas le cas pour les adolescents âgés de 13 et 14 ans. Certes, les relations sexuelles précoces sont peu nombreuses : l’âge moyen lors du premier rapport est de 17 ans. « Ce n’est pas la majorité, précise Mme Athiel. Mais ça arrive ! »
La bénévole cite le cas d’une jeune fille de 13 ans venue chercher un -contraceptif dans un centre du Planning. « Nous avons fait un deuxième entretien avec elle, pour vérifier que c’était consenti, poursuit Mme Athiel. Elle avait choisi d’avoir ce rapport et ça s’est très bien passé ! » Dans le cas cité, le petit ami avait 15 ans.
Or, entre mineurs, rien n’est proscrit si les deux protagonistes sont d’accord. Mais il arrive que le partenaire ait 17 ou 18 ans. […] … les parents pourraient, avec la nouvelle loi, être incités à engager des poursuites pour viol. « Nous voyons des parents opposés à ce que leurs enfants aient des relations sexuelles, relève Véronique Séhier. La sexualité est taboue dans certaines familles. »
Comme quoi il n’est jamais facile de légiférer sur un « évènement » regardant la sexualité des unes, des uns … et des autres. MC
Gaëlle Dupont – Titre original, « Le risque d’une sexualité des jeunes » encore plus taboue et cachée » » Le Monde (Extrait)