Sous le plastique, la mer !

Il fait doux en cette journée de novembre sur la plage de Perranporth, dans le nord des Cornouailles. […] Le tableau est charmant – idyllique même.

 

Pourtant, Emily Haggett, une jeune femme passionnée de surf, au visage doux et aux yeux clairs, examine le sable avec la plus grande attention […] là où deux fois par jour, au gré de la marée, les vagues déposent tous leurs trésors : c’est ce qu’on appelle la laisse de mer.

Emily a mis des gants et s’est munie d’un sac-poubelle. Je suis quant à moi armée d’une pince à ordures. Nous avons déjà ramassé les déchets les plus gros négligés par les services municipaux, qui parfois viennent nettoyer la plage : un morceau de boomerang, l’emballage en cellophane d’un paquet de cigarettes, des lingettes, des papiers de bonbon, une raquette de badminton.

[…] Emily Haggett m’invite à regarder le sable de plus près, je vois. Je ne vois même plus que ça.

Mélangées dans les grains de sable, partout où je pose les yeux, de petites billes de plastique de toutes les couleurs patinées par la mer : des vertes, des rouges, des bleues, des noires, des dorées. Pour qui ne sait pas que c’est du plastique, on dirait des pierres précieuses mal dégrossies. Emily dégaine un petit tamis et y verse du sable. L’exercice est vain, c’est plutôt une démonstration : les polluants ne peuvent pas être triés du sable lui-même, il y en a trop. Le plastique fait désormais partie du paysage. Les vingt dernières années auront été celles de la grande révolution du plastique : il n’y a plus qu’à assumer, et à tenter de réparer ce que nous avons fait.

Car le plastique […] n’est pas biodégradable et qu’un recyclage efficace coûte cher – et quelles mairies peuvent aujourd’hui se permettre ce genre de dépenses ? […] Bouteilles d’eau, gobelets et couvercles, emballages alimentaires, jouets, pailles ou applicateurs de tampons périodiques : chaque année, 8 à 12 millions de tonnes de ce matériau finissent dans les océans.

[…] … la surfeuse militante me montre une photo que j’aimerais pouvoir oublier : une canalisation d’égout débouchant dans la mer, obstruée par un tas de lingettes immondes. Le plastique entre dans la fabrication de la plupart des lingettes nettoyantes, je l’ignorais. D’autant que certains se servent des toilettes comme d’une poubelle et y jettent lingettes, brosses à dents, cotons-tiges et couches-culottes. Or les procédés de traitement des eaux usées ne sont pas conçus pour filtrer les microparticules de plastique, qui pour la plupart finissent dans la mer – et bon appétit, les tortues. […]


Tanya Gold-Times – Courrier international – Titre original : « Royaume-Uni. Sous le plastique, la plage » – source (extrait)


 

 

Une réflexion sur “Sous le plastique, la mer !

  1. jjbey 22/02/2018 / 23h36

    Bonne nouvelle.

    Le Maroc a interdit l’usage des sacs plastiques depuis un an et aujourd’hui la mise en application est étonnante. Plus un seul sac plastique en circulation tant dans les marchés, que les supermarchés.
    Les commerçants placent leur marchandise dans des filets où des sacs en fibres naturelles.

    Ce que le Maroc a fait pourquoi ne le fait-on pas?

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