Les « dérives » sexuelles, sont-elles le « produit » du « libre » accès au porno ?

[…] Les films à caractère pornographique pullulent sur la toile, et n’ont jamais été aussi facilement accessibles pour quiconque a un peu de 4G. Ils sont peu à peu entrés dans les mœurs, et font pleinement partie de la sexualité d’un grand nombre de Français. Tout en rapportant des milliards de dollars à des sites peu regardants sur les contenus. […]

Un moyen d’apprentissage ?

[…] … ces vidéos  – rarement représentatives de la réalité de l’acte sexuel – s’inscrivent désormais comme des références pour des jeunes à la découverte du plaisir physique. « Ça m’est arrivé d’avoir des rapports avec des filles qui imitaient et se comportaient comme des actrices porno. Et ce n’est pas ce qu’il y a de mieux, au contraire », confesse Stéphane. […]

Clara a elle aussi grandi avec cet univers. « Mon premier site porno, j’étais en 5e », confie-t-elle. « A part une excitation purement physique, je n’en tire pas grand-chose. Je dois y retourner cinq fois par an maximum, pour un plaisir totalement occasionnel. » Lors de ses premiers rapports sexuels, elle a pris conscience du décalage entre les films et la réalité de la chose. […]

L’image dégradante de la femme

Avec plus de recul, Clara se dit désormais « ouverte aux propositions » de son partenaire, « tant qu’il y a du respect ». Un principe qui vient – selon elle – du rapport aux femmes exposé dans les films porno. « L’impression d’être soumise m’est juste insupportable. Prenons l’exemple de la fellation; dans les pornos, les filles sont toujours dans une situation de soumission. On fait croire qu’elles font toujours ça pour faire plaisir à un mec, et on omet systématiquement le fait que ça peut aussi être une source de plaisir pour elles », développe-t-elle.

Ève*, 20 ans, s’est lassée peu à peu de ces vidéos à cause de ce rapport si dégradant à la gent féminine. « Le plaisir de la femme n’est pas beaucoup abordé; il s’agit avant tout de mettre en scène une performance. La femme a un rôle de simple bimbo. La mise en scène est rarement subtile et les corps sont si peu naturels… ça fait un peu ‘fake’ en fait », argumente-t-elle.

Le porno, reflet de la société

Certains  – rares – jeunes décident donc de faire tout simplement sans. C’est le cas de Carole*, 21 ans. « Je ne regarde pas de porno. Ça ne me paraît pas du tout représentatif de mes attentes. Je me dis que ça ne change pas ma sexualité, puisque je n’ai pas de fantasmes ou d’attentes complètement extravagantes », affirme-t-elle. Pourtant, la tentation n’est jamais très loin. « J’ai parfois l’impression que ça me restreint, que je ne peux pas découvrir d’autres sources de plaisir, qui ne me viendraient même pas à l’esprit », reconnaît-elle.

Pour Grégory Dorcel, fils de Marc, qui a repris la direction de la célèbre boîte éponyme de porno « chic » depuis 2003, « le porno reflète les codes de notre société, de notre culture et de notre sexualité. Plus de 22 % de femmes consomment régulièrement du porno toutes seules, pour leur propre plaisir. […]

Une éducation sexuelle plus précoce

Pour Axelle Romby, sexologue à Paris, il faut arrêter de diaboliser la pornographie. « L’éducation à la sexualité est beaucoup plus précoce grâce au porno, mais dans la plupart des cas, elle influence l’imaginaire plus que les pratiques. On porte encore une ombre très moraliste sur le sujet. Mais la grande majorité des jeunes arrive à faire la différence et distinguer ce qui est de l’ordre de la réalité et de la pornographie. La consommation de ce type de contenus existe depuis longtemps, notamment grâce aux magazines. »

[…] Le porno peut engendrer un problème s’il n’y a aucun discours sur la sexualité pour entourer ce visionnage lors de l’apprentissage sexuel, s’il s’agit d’un repère unique, et qu’il n’y a pas d’autre approche. » […]

Du porno de plus en plus jeune

[…] En France, pas moins d’un adolescent sur deux a déjà visionné des films à caractère pornographiques, selon cette étude Ifop. […] Actuellement, l’âge moyen du premier visionnage de contenus pornographiques est de… 14 ans.

*Les prénoms ont été modifiés.


Guillaume Narduzzi-Londinsky – Les Inrocks – Titre original « Le porno altère-t-il la sexualité des jeunes ? – Source (Lien lecture libre)


 

8 réflexions sur “Les « dérives » sexuelles, sont-elles le « produit » du « libre » accès au porno ?

  1. jjbey 04/02/2018 / 12h46

    Le porno est un produit de consommation et il se développe comme tel sans soucis pour le consommateur, qui, plus il est jeune, peut être influencé de façon néfaste et inciter certains garçons à considérer la femme que comme un objet de plaisir.
    L’amour est une façon d’être et le partage du plaisir de la vie ensemble un long apprentissage car s’il n’y a pas deux êtres identiques il n’y a pas non plus deux couples identiques.
    L’éducation sexuelle doit engager au respect de l’autre et le plaisir par la recherche de celui de l’autre. Difficile oui mais comme tout objectif , et celui-ci est d’importance, l’individu lui-même doit se donner les moyen d’y tendre.
    Bien affectueusement à toutes et à tous.

    • Libre jugement 04/02/2018 / 14h41

      Il existe dans les diffusions accessibles à tous les publics, moults sujets dérangeants voir intoxicants les chères têtes de nos chérubins, si le porno en est une, présentant la femme comme une esclave qu’il faut mater (pas bien loin de certaines religions extrémistes envers les femmes), que dire des exposés des journaux televisés des meurtres, attentats ou tout simplement sur les terrains de conflits.

      Cet ensemble de voyeurismes accessibles par tous contribuant sous sa forme présentée sans aucun filtre le plus souvent a créer un climat ou toutes les violences deviennent la normalité dans la vie courante.
      Il ne s’agit pas ni d’un puritanisme ni de censurer telles narrations, mais de quitter le tout audience servant l’audimat et les rentrées financières des clips de pub, pour une information sans fard et surtout développant tous les tenants et aboutissants.
      Ainsi, si le porno existe c’est aussi parce que l’éducation sexuelle est encore « bridée » par quelques vieux clichés religieux ancestraux ou actuels.

  2. tatchou92 05/02/2018 / 23h16

    vous avez raison tous deux ! On parle d’éducation sexuelle, à l’école, mais elle semble bien faible, c’est regrettable et cela contribue à cette orgie, les films, les boutiques, les affiches, le fric généré, et surtout l’image avilissante de la femme, les scandales qui éclatent..c’est intolérable

  3. Le Jardin Secrêt De Marguerite 17/02/2018 / 18h27

    Actuellement, l’âge moyen du premier visionnage de contenus pornographiques est de… 14 ans. et voila Et les parents dans tout ça?

    • Libre jugement 17/02/2018 / 18h38

      Que peuvent les parents lorsqu’a 6 et 10 ans mes petites filles ont des tablettes et que connaissant (un peu) internet et ses accès faciles … et déjà sera programmé un smartphone pour la plus grande à son anniversaire …
      Oui je suis en désaccord avec notre dernier des enfants et l’education qu’il donne a ses bambins mais que peuvent les grands parents si ce n’est d’essayer de mettre en garde … Oui toutes les représentations des femmes sont tendancieuses et pourtant sur celma sans jouer les prudes n’allons-nous pas trop loin ….. C’est aussi pour cela que je pense qu’il sera difficile de tenir une ou de bonnes lois sur la majorité sexuelle et le consentement … juste en observateur aucune envie de dire que j’ai raison , juste je m’interroge et n’ai pas la reponse

      • Le Jardin Secrêt De Marguerite 17/02/2018 / 18h41

        il est possible de bloquer certains sites sur internet il y a des fonctions qui le permettent…

        • Libre jugement 17/02/2018 / 18h46

          Oui je connais mais je sais aussi qu’il est possible de detourner cette interdiction et puis comme je le disais … il n’y a pas qu’internet … les revues, des affiches, certains clip de chanson ou des présentations de films, voir des offres de voyages un peu spécialisées passent au travers d’interdiction

          • Le Jardin Secrêt De Marguerite 17/02/2018 / 18h59

            c’est vrai ! je le conçois mais tuer l’enfance est le plus grand dommage chez un enfant 🙁

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