L’auto-entreprenariat : la galère !

Quatre auto-entrepreneurs immatriculés en 2010 sur dix n’ont jamais exercé d’activité économique. Après cinq ans, moins d’un quart d’entre eux sont actifs, soit un taux de pérennité très inférieur aux entreprises individuelles classiques. Enfin, ceux qui ont maintenu une activité ont des chiffres d’affaires inférieurs aux entrepreneurs individuels classiques.

En 2010, l’année suivant la création des auto-entrepreneurs, 360 000 immatriculations ont été recensées : cela représentait alors plus de la moitié des créations d’entreprises de l’année, et quatre nouvelles entreprises individuelles sur cinq étaient créées sous ce statut.

En 2016, seulement 40 % des entreprises créées le sont sous statut d’auto-entrepreneur, et trois entreprises individuelles sur cinq, témoignant d’un attrait moindre pour ce dispositif.

De fait, parmi les auto-entrepreneurs immatriculés au premier semestre 2010, 38 % n’ont jamais réellement exercé une activité économique.

Et cinq ans plus tard, seuls 23 % d’entre eux sont toujours actifs (voir le graphique), soit un taux de pérennité de 38 %, sensiblement inférieur à celui des entreprises classiques (60 %), et même à celui des entreprises individuelles (50 %).

Cet écart est variable selon les secteurs : il est relativement faible pour la construction et le commerce notamment, et le plus important concerne les activités spécialisées, scientifiques et techniques.

Le secteur immobilier se distingue en étant le seul où le taux de pérennité des auto-entrepreneurs est supérieur à celui des entrepreneurs individuels classiques.

« En moyenne, le chiffre d’affaires des auto-entrepreneurs encore actifs à la fin 2015 est de 10 200 euros.»

Même pour les auto-entrepreneurs ayant réussi à maintenir une activité économique durant ces cinq années, celle-ci reste moindre que pour les entrepreneurs individuels classiques : trois quarts des auto-entrepreneurs déclarent un chiffre d’affaires annuel inférieur à 15 000 euros en 2014, contre un quart environ des entrepreneurs individuels classiques.

En moyenne, le chiffre d’affaires des auto-entrepreneurs encore actifs à la fin 2015 est de 10 200 euros. Il est légèrement supérieur, avec 12 800 euros, pour les auto-entrepreneurs dont l’activité est la principale source de revenus.


Mickaël Orand – Cause commune n° 2 – novembre/décembre 2017 – Source


 

3 réflexions sur “L’auto-entreprenariat : la galère !

  1. fanfan la rêveuse 30/01/2018 / 7h27

    Un auto-entrepreneur à un chiffre d’affaire qu’il ne doit pas dépasser, sous peine de devenir artisan. De plus attention, le statut d’auto-entrepreneur ne donne pas de droit sociaux. On imagine donc le souci lorsque votre santé, par exemple, défaille !
    Ce statut est une tentative pour essayer de faire baisser la courbe du chômage. Qui avec le temps a démontré que ce n’était pas encore la solution idéale.
    Ce que personne ne dit, c’est que cela fait de l’ombre aux entreprises car en tant qu’auto-entrepreneur, les statuts et obligations sont bien moindre et que le travail n’est pas souvent fait dans les règles de l’art, gare aux bricoleurs…Constat de plusieurs chef d’entreprises que nous connaissons.
    Très bonne journée Michel !
    🙂

    • Libre jugement 30/01/2018 / 10h59

      Françoise, bonjour

      Bien d’accord avec vous
      Cet auto-entreprenariat est un leurre pour beaucoup de personnes, mais certaines-certains « arrivent » à combiner avec un autre job, voir à continuer de percevoir soit le RSA, soit une location chômage, etc. Pour certaines personnes précarisées c’est un plus qu’il ne faut pas nier et d’une certaine façon il est bien difficile de porter jugement envers celle-celui qui cherche à « s’en sortir ».
      Dans le même temps, et au même titre que du « travail au noir », les autos entrepreneurs indéniablement, font du mal et aux artisans et à certaines très petits entreprises.

      Vouloir que chacun par son travail rémunéré, puisse vivre, je suis absolument pour, mais là les conditions sont telles qu’indirectement c’est « monter » certains travailleurs les uns contre les autres.

  2. tatchou92 31/01/2018 / 16h51

    C’est inacceptable, un piège, comme les chauffeurs VTC.
    J’en ai vu hélas, attendre dans la cour de certains hôpitaux parisiens, en 2015 et 2016. Ils s’attiraient les foudres des taxis qui paient cher leur licences et guettaient surtout les visiteurs, puisqu’ils n’avaient pas d’accord avec les caisses de sécu. Il y a même eu plusieurs manifestations des taximen en colère, nos rendez-vous ont été repoussés.

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