Vivre aujourd’hui

L’école laïque doit-être associée à un lieu paisible d’ouverture aux autres, à d’autres modes de vie ou relationnels, un lieu ou devrait se développer la socialisation.

Pourtant, elle contribue à développer une société clanique. Il est vrai que certains enseignants se réfugient derrière un aveuglement, -voir à une idéologie, ou des thèses excluantes-, à l’égard de certains élèves.

Il faut être inquiet sur l’évolution de l’enseignement voulue par les différents ministres, orchestrant un moule normatif délaissant les élèves ne rentrant pas dans ces codes, pour diverses raisons.

Et puis l’école sélectionne ces futurs élites par une injonction ultra précoce et destructrice de performance, à être le meilleur, à de plus en plus « autoguidé les destinées » soit vers des écoles prestigieuses mais ou les familles doivent pouvoir suivre financièrement, ou vers des lycées professionnels n’offrant que des emplois « petits jobs » peu rémunérer. Pour ceux qui ne peuvent suivre, les scolarisés délaissés, leur restera « la démerde » ou la vente de produits illicites.

Enfin, les professeurs ne sont pas aidés, pas valorisés, ni financièrement ni sur le plan du statut, il y a encore un siècle en arrière l’instituteur était la personnalité du village coopté le plus souvent en tant que secrétaire de mairie, il disposait d’une certaine autorité, du savoir, et surtout du respect aussi bien des habitants que de leurs élèves.

Une société de plus en plus violente.

C’est vrai et d’une manière très insidieuse, ce côté très normatif enseigné en milieu scolaire, cette idée qu’il faut être parfait, qu’il ne faut pas perdre de temps, qu’on n’a pas le droit de se tromper, de trébucher, de chercher, de dire des conneries, contribue peu ou prou au communautarisme et l’ostracisme.

Chaque jour, il devient plus angoissant de s’exprimer.

Ça vous arrive, comme tout le monde, de dire des conneries, d’avoir besoin de confronter vos idées aux autres pour les faire évoluer. Mais nous avons tous l’impression que cela devient de plus en plus difficile : le moindre petit dérapage verbal, l’utilisation d’un mot pour un autre ou trop « intellectuel » ou trop « zonard » prend souvent une dimension totalement disproportionnée.

Le développement d’internet est, pour ça, assez terrifiant, ce que l’on a dit-ecrit-fait, laisse des traces, des traînées indélébiles derrière soi.

Du coup, la prise de parole, de débat, l’élan collectif est beaucoup plus complexe et  responsable de l’absence de débat intellectuel.


Inspiré d’une interview parue dans Les Inrocks N° de Delphine Le Vigan dans son roman sur la société « Les Loyautés » – JC Lattès – 17€


 

2 réflexions sur “Vivre aujourd’hui

  1. jjbey 16/01/2018 / 8h53

    La laïcité a permis d’effacer les discriminations d’origine religieuse et l’école voulue par le III ème République était déjà obligatoire au moment de la promulgation de la Loi de 1905. Elle devait permettre à tous les jeunes d’accéder à l’enseignement, d’obtenir la capacité, telle qu’elle est mesurée par la société, d’occuper les fonctions conformes au niveau d’étude acquis.

    C’était sans compter sur le système qui veut que les enfants d’ouvriers deviennent des ouvriers et que la bourgeoisie accapare tout. Le pourcentage de fils d’ouvriers ou d’employés à la sortie de l’ENA donne une petite idée de l’application du mot égalité inscrit au fronton de nos édifices publics. C’est édifiant. A cette violence faite aux délaissés est survenue celle des laissés pour compte, heureusement infime par rapport au nombre de ceux-ci.

    Quand personne ne vous valorise il faut bien le faire par soi-même et c’est ainsi que se constituent des groupements qui parfois ont des activités peu conformes à la Loi. On se sent entre copains, on se comprend, mais on ne veut pas partager sa détresse parce que la fierté, l’orgueil et plein d’autres sentiments y compris la haine et l’amour ont cloisonné l’environnement. Alors la reconnaissance de l’entre soi passe par le comportement, le langage et toutes les attitudes que la société bon chic bon genre montre du doigt pour mieux écarter encore ceux qu’elle a elle-même discriminés.

    Si vous dénoncez cette situation on va vous montrer du doigt, vous inclure dans ce rejet mais si vous ne voulez pas renoncer alors qu’importent les critiques….. La fierté d’être humain restera et l’expression durera quelques soient les obstacles.

    Envoyé par un « Zonard » qui n’hésite pas à dire ce qu’il pense, à le partager, prêtant volontiers le flanc à la critique qui fait partie de sa construction intellectuelle même si l’amplification d’internet fait profiter à plus de monde ses délires.

    • Libre jugement 16/01/2018 / 10h17

      Rien a ajouter.
      Juste bonne journée.

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