L’État et le sport.

SOPHIE DION – J’ai été conseillère pour le sport pendant cinq ans de 2007 à 2012, la durée d’un mandat, auprès de Nicolas Sarkozy. Dans le cadre de ces fonctions, j’ai bénéficié d’un triple avantage.

Nicolas Sarkozy avait une très juste vision du monde du sport. Il avait pleinement conscience de l’impact économique, politique et social que peut avoir le sport. Il souhaitait construire une politique globale et cohérente. Cette connaissance du milieu sportif et l’intérêt qu’il y portait nous ont permis d’ouvrir de nombreux chantiers.

1         La mise en place d’une politique d’accueil des événements sportifs, centralisée à l’Elysée : d’où l’obtention en France de plusieurs championnats d’Europe et du monde, de la Ryder-cup, de l’Euro 2016 pour ne citer qu’eux, sans oublier la préparation et la gestion du championnat du monde de Val d’Isère en 2009.[…]

Nous avions compris qu’il s’agissait d’une vitrine extraordinaire pour notre pays, nos régions et nos villes, permettant des retombées économiques importantes ainsi qu’une vraie richesse sociale. […]

2          La protection du statut du sportif de haut niveau et l’aménagement de sa vie après sa carrière sportive. […] Il faut aussi être là quand les lumières s’éteignent.

3          Le sport à l’école. […]

  • IRIS – En février 2017, vous publiez une tribune dans le Figaro appelant la France à demeurer une nation de pointe dans l’organisation des plus grands évènements sportifs.

SOPHIE DION – Les plus grands événements sportifs sont le reflet et le miroir des plus belles aventures humaines. Et les Jeux olympiques constituent un moment unique où les athlètes de tous les pays du monde se retrouvent après avoir tellement attendu, travaillé et rêvé de ce moment. […]

  • IRIS – La France s’est dotée depuis fin 2013 d’un ambassadeur pour le sport. Comment percevez-vous ce rôle ?

SOPHIE DION – […] Pendant longtemps laissé de côté par les politiques, les administrations, les entreprises, le sport a pu démontrer le rôle et l’impact important qu’il pouvait avoir. En conséquence, le fait que la France se dote d’un ambassadeur pour le sport est une très bonne idée. […]

Désormais, la diplomatie sportive, qui n’était pas véritablement considérée, il y a encore quelques années est devenue, pour certains États, un passage obligé, une façon d’imposer son pays sur la scène internationale. […] Mais il ne doit pas détourner le sport de sa fonction première : faire rêver.

  • IRIS – Dans un article publié par Libération en 2006, à la question « de quoi est fait le droit du sport », vous précisiez qu’il était fait « de droit social, fiscal, international, pénal, du travail, des affaires… et des règlements propres aux fédérations nationales et internationales. Ces dernières ont un pouvoir phénoménal, et il faut s’interroger sur la valeur de leurs normes par rapport à celles des États ». Dix ans après ce constat, quelles conclusions avez-vous tiré ?

SOPHIE DION – Le sportif est un citoyen du monde. Il est donc impossible qu’il soit régi, tout au long de sa vie, par un seul droit. A l’occasion de ses entraînements, de ses transferts, de ses déplacements, plusieurs législations vont s’entrechoquer. Ce qui crée ainsi des conflits de systèmes et des conflits de normes.

Chaque État souhaite conserver sa souveraineté sur son territoire. Les États y sont d’autant plus sensibles que sont souvent en cause l’ordre public et le statut du sportif.

L’activité économique liée au sport est croissante. Le nombre de litiges à trancher augmente également. La lex sportiva a pu faire son apparition et se développer comme je l’avais pressenti en 2006. Le monde sportif a donc pu sécréter ses propres règles. C’est le fait d’institutions internationales sportives, comme le Comité International Olympique, l’Agence mondiale antidopage (AMA), ou d’institutions juridiques sportives, tel que le tribunal arbitral du sport (TAS). Les sentences du TAS, par exemple, s’efforcent de donner des solutions fondées sur les principes universels du sport, et qui sont aussi la base de la plupart de nos systèmes de droit : la loyauté, l’égalité, l’éthique des compétitions et la proportionnalité. En matière de dopage par exemple, […] « le TAS a construit des principes généraux tels que le droit d’être entendu pour l’athlète ou encore la possibilité d’administrer une contre preuve libératoire ».

Il est aussi important de rappeler que les sportifs ne doivent pas être considérés comme des citoyens de seconde zone. Le droit doit les protéger. La lutte contre le dopage est une nécessité absolue et un immense problème de santé publique. […]

  • IRIS – En tant que députée, vous aviez déposé une proposition de loi visant à instaurer une journée nationale dédiée au sport. Pourquoi ?

[…] Il faut que l’on aille dans les écoles, vers la jeunesse, afin de faire passer les messages sur les vertus du sport. Ce qui a été fait dans le cadre de la candidature aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 devra impérativement se poursuivre et les initiatives vers la jeunesse et en faveur du sport pour tous doivent être consolidées et amplifiées. Ces actions, qui ont concouru à la réussite de la candidature de Paris, devront être pérennisées au-delà et plus loin que les jeux. Car le sport est […] sans doute la plus belle école de la vie.


Extrait d’un fascicule de 5 Pages édité par IRIS Source (Extrait très partiel)


 

Une réflexion sur “L’État et le sport.

  1. bernarddominik 15/11/2017 / 18h30

    Le sport s’inscrit dans l’économie libérale, avec tout ce qui va autour: lobbying, publicité, argent non taxé pour les fédérations internationales, combines, gestion de marques et de l’image du sportif, droits télé etc…vu par S Dion c’est un outil du capital et des états pour mieux assurer leur domination. Sans compter les dessous financiers plutôt sales, à voir les dépenses somptuaires du comité des J.O. Paris 2024.

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