Une certaine vision

Raphaël Enthoven ne semble pas vouloir alimenter une polémique, lorsqu’il propose une lecture en terme philosophique sur la décision de l’actrice et réalisatrice Sara Forestier de refuser le maquillage pour paraître dans une émission.

Au micro d’Europe 1 et comme Raphaël Enthoven le fait régulièrement, il a réagi sur un épisode de l’actualité et a proposé ses réflexions.

Ce 8 novembre 2017, il a choisi de s’intéresser aux propos de l’actrice Sara Forestier. En promotion pour sa réalisation, M, elle était l’invitée de Léa Salamé pour l’émission Stupéfiant ! le 6 novembre sur France 2, numéro spécial sur les femmes dans le cinéma, et a expliqué pourquoi elle ne voulait pas apparaître maquillée et coiffée devant la caméra, ayant le sentiment d’être trop superficielle et voulant modifier son image. Une prise de position que ne valide pas l’essayiste.

Vouloir se montrer au naturel ne signifie pas montrer sa vraie nature pour Raphaël Enthoven, réfutant ainsi cette idée véhiculée selon lui par Jean-Jacques Rousseau et que Sara Forestier soutient : « L’erreur de Sara Forestier n’est pas de croire que sa vraie nature se trouve cachée sous la surface du maquillage, c’est peut-être le cas… L’erreur est de croire qu’elle n’est pas maquillée quand elle n’est pas maquillée. »

Devant une telle argumentation, le chroniqueur doit préciser sa pensée : « Quand elle joue la fille qui se moque de son image, elle donne l’image de la fille qui s’en moque. Elle est celle dont l’image est embellie par l’audace de se montrer soi-disant telle qu’elle est, c’est-à-dire telle qu’elle est au réveil. Or, quand c’est ça qu’on montre, on n’est pas plus soi-même parce qu’on a la marque de l’oreiller sur le front. En vérité, avec son gros pull et ses cernes, Sara Forestier n’était pas moins maquillée, ni moins apprêtée, ni plus sincère, ni moins déguisée, que Léa Salamé qui, comme elle dit, avait ce soir-là, pour l’agrément des spectatrices et des spectateurs, « fait péter le décolleté’. » »

Dans l’absolu, ce point de vue se comprend. Sauf que dans le monde du divertissement où les femmes sont régulièrement réduites à l’état d’objet ultra-glamour voire sexuel, et leurs tenues lors d’une avant-première scrutées voire jugées, vouloir se montrer sans une avalanche d’artifices comme le souhaite Sara Forestier se distingue de la volonté de se montrer à nu, complètement vraie et strictement sans aucun masque…


Raphaël Enthoven ne voudrait-il voir cette « actualité » que par le petit bout de la lorgnette ou avait-il tout simplement une chronique a réaliser et n’ayant pas de sujet suffisamment « philosophique » à ses yeux en a profité pour discrédité une actrice-réalisatrice dont ont dit beaucoup de bien de son premier film, toute en se « faisant mousser » contre cette prise de position sommes toute courageuse de l’actrice. MC


 

2 réflexions sur “Une certaine vision

  1. fanfan la rêveuse 10/11/2017 / 7h10

    Bonjour Michel,
    La pensée de ce monsieur est, semble t-il, extrêmement réduite, si j’en crois cette publication. Personnellement j’aime la beauté naturelle chez une femme, une classe naturelle aussi.
    Les hommes ont ils besoin de tous ces artifices pour nous plaire ?
    Cela laisse a penser qu’il aime se pavaner, tel un coq de basse-cour, avec à son bras une femme très apprêter. Il faut respecter le choix de chacun, certe, ce qui me gène c’est la façon dont il en parle qui est rabaissante…
    Très bonne journée Michel !

    • Libre jugement 10/11/2017 / 11h05

      Bien d’accord avec l’analyse que vous faite Françoise …
      Reste un grand chemin a faire pour que : non seulement les femmes aient « un traitement » à légale des hommes -droits, devoir, salaires, etc.-; mais aussi que leurs représentations ne soient pas écornées par certains-certaines (Médias, photographes, publicitaires), qui considèrent que la vie est un jeu ou tout doit être apparence.

Les commentaires sont fermés.