Le vêtement : ce marqueur social !

Chacun est un être à la fois différent et identique aux autres. Le vêtement est un marqueur. Plus généralement, la façon dont se montre le corps est une composante de la culture.

Outre son rôle premier de protecteur du corps, le vêtement renvoie à la notion de pudeur et/ou de nudité et à celle d’identification.

Cet acte de dissimulation est une règle culturelle et religieuse. De son rôle initial de protecteur à celui de marqueur social, il est présent tout au long de l’histoire, adapté aux climats, aux fonctions ou aux statuts sociaux. II s’est spécialisé, est devenu uniforme, code, affichage, symbole des pouvoirs militaires, religieux, bourgeois, ouvriers, mais aussi contestataires et révoltés. Ostentatoire !

Le vêtement affichait un lieu d’origine, une région ayant un style propre. La révolution industrielle a créé une classe ouvrière au vêtement adapté à ses fonctions : le bleu de travail, qui se généralise à la fin du XIXe siècle dans les usines. Tenue standard de l’ouvrier (poches à outils, veste et pantalon, couleur indigo obtenu en 1883 par synthèse, peu fragile, résistant aux lavages quotidiens, peu salissant, au faible coût de production). Les classes sociales urbaines se sont encore plus visuellement différenciées.

La bourgeoisie industrielle et commerçante affiche, quant à elle, sa richesse par la qualité de ses vêtements et celle de leurs étoffes. La mode, dont le vêtement n’est qu’un des éléments, conforme la société, situe l’humain à la place qui est a priori la sienne, lui dicte ce à quoi il doit ressembler.

Dans un contexte de mondialisation, l’incitation à perdre une partie de sa personnalité est forte. Vouloir conformer son apparence à celles des images imposées par les marques et diffusées par les médias, ressembler aux autres en ne se ressemblant plus pour devenir une copie des mannequins de magazines. Cette uniformisation voulue, imposée, est due à la capacité des marques à scénariser leurs produits en utilisant « des célébrités » comme image corporelle figée.

Se perdre afin d’être perçu, se transformer afin d’être regardé. Essayer comme tant d’autres de se donner une apparence afin de correspondre aux idées reçues d’une société mondialisée de consommation modélisante. Cette société montre une addiction au modèle, à l’image, à la perfection figurée, que cette faiblesse de choix amène à se fier aux idées reçues, à se projeter sur des apparences qui sont loin de la réalité socioculturelle. La communication politique l’a bien compris. Elle utilise les mêmes engrenages que le commerce !

Les visions de soi vont définir notre comportement et la place que l’on s’attribue dans une société. Aimer notre image ou la détester régit l’impression que nous donnons dans un groupe. Le regard des autres participes à cette problématique. Un corps vêtu définit notre apparence, notre appartenance. Il classifie, donne parfois une indication sur l’origine géographique et ethnique, et participe aux idées reçues des autres groupes.

L’humain s’informe d’un regard, évalue, apprécie ou rejette, en fonction de la kinésique. Réaction épidermique ou rassurante déclenchée par une autre présence physique. Seul le cerveau incite à voir une différence. Si la peau n’est pas représentative de ce qu’elle enveloppe, le vêtement l’est trop souvent.

Les influences familiales, le développement intellectuel, affectif, le contexte social et la pression des média mènent à une ségrégation assimilant l’enveloppe du corps aux valeurs de celui qu’elle recouvre ! Sujet majeur de la figuration plastique, le corps, de l’art rupestre jusqu’aux figurations contemporaines, reste une vision sociétale perçue de façon individuelle. La figuration est alors un reflet des sociétés perçu en fonction de nos capacités à en accepter le concept de corporéité.

Gérard LegripLa revue du projet N° 68

 

7 réflexions sur “Le vêtement : ce marqueur social !

  1. bernarddominik 05/11/2017 / 17h34

    L’habit ne fait peut être pas le moine mais quand je vois le prix du costume de Fillon, je dois reconnaître qu’il donne en tout cas l’appartenance à un certain milieu. D’ailleurs il suffit d’aller à l’opéra pour voir que les spectateurs des loges (les baignoires) ne sont pas habillés comme ceux du parterre et eux mêmes pas comme ceux du poulailler. C’est peut être le dernier endroit où on peut voir les divers étages de notre société. Et encore faudrait il parler des colifichets: la rolex et la légion d’honneur qui ont toutes deux un prix l’une étant la première marche de l’escalier menant à l’autre. Pauvre humanité!

  2. bernarddominik 05/11/2017 / 17h35

    L’habit ne fait peut être pas le moine mais quand je vois le prix du costume de Fillon, je dois reconnaître qu’il donne en tout cas l’appartenance à un certain milieu. D’ailleurs il suffit d’aller à l’opéra pour voir que les spectateurs des loges (les baignoires bien nommées) ne sont pas habillés comme ceux du parterre et eux mêmes pas comme ceux du poulailler. C’est peut être le dernier endroit où on peut voir les divers étages de notre société. Et encore faudrait il parler des colifichets: la rolex et la légion d’honneur qui ont toutes deux un prix l’une étant la première marche de l’escalier menant à l’autre. Pauvre humanité!

    • Libre jugement 05/11/2017 / 18h55

      Bravo … un commentaire prêtant a sourire alors qu’il est emprunt de vérités.
      Merci pour la visite.
      Cordialement

  3. alstamatiouphotographies 05/11/2017 / 21h00

    Je laisse mon opinion sur le sujet.
    On nous dit d’etre unis et la société de CONNARDSSOMATION fait tout pour nous différencier, bref. Je suis d’origine grecque, j’ai donc fait mon service militaire.

    A l’armée, je n’apprend rien a personne, on a tous le même habit, donc on est soudés même si il reste des cons avec les quels on ne s’attend pas. bref néanmoins on a tous le même « sponsor » vestimentaire. Il n’y a pas d’uniforme de Luis Vuitton pour les fils de Tsipras et de Kiabi pour les autres. Fils de président fils de pdg fils d’artisan tous le même sponsor (Habillement).

    Autre exemple en 2015 et 2016 je suis aller en vacances en Irlande. Tous les écoliers portent l’uniforme de leur école et on sent qu’ils sont soudés ça leur va a merveille et ils(elles) sont radieuses :-). Je pense que l’uniforme dans nos écoles ferait du bien. Car la comme a l’armée tout le monde a le même sponsor (uniforme). Du coup même si tout le monde ne s’entend pas bien il n’y aura pas de « pute » chez les filles puisque elle seront toutes habillées pareil et les garçons pareil.

    • Libre jugement 06/11/2017 / 10h57

      Bonjour à vous, dont je suis régulièrement les productions photographiques

      je comprends le sens général de votre commentaire et ne peux qu’être d’accord avec vous sur les propositions que vous faites.

      Concernant les sessions scolaires, Oui au nivellement social au travers d’un uniforme à la condition expresse que ce « dit » uniforme soit financièrement accessible à toutes les bourses de la société.

      Concernant le service militaire (et je ne parle de lui que dans l’optique de défendre notre pays pas pour former des hommes chargés de « garder » les avantages financiers de quelques-uns (ou entreprises) ou dans le but de coloniser un pays pour des raisons géopolitiques), les hommes de ma génération ont connu soit l’Indochine (les volontaires), soit en tant qu’appelé du contingent, les protectorats Maroc/Tunisie ou, le pudique « maintien de l’ordre » (rebaptisé depuis guerre) en Algérie, un service militaire qui (la classe 61) retenait les hommes pour 36 mois.

      Toutes les conditions sociales étaient réunies vêtues des mêmes uniformes, du simplet illettré du village aux fils de « grandes et riches » familles (lorsqu’ils ne voulaient pas suivre en tant qu’engager les grandes écoles d’officiers – distinction de classe obligeant), et tout ce melting-pot s’entraidait, acceptait les corvées les plus humbles, les humiliations et punitions des supérieurs, sans rechigner tout en se montrant solidaires et collectifs dans les tâches.

      Je ne saurais dire si toutes ces conditions de vie que nous avons connue à une certaine époque bien révolues aujourd’hui, faisaient et qu’il y avait nettement moins d’insécurité, qu’il possible de laisser les enfants jouer dans les rues sans crainte, de sortir tard le soir, etc.

      En conclusion : peut-être devrions-nous revenir sur un certain nombre de valeurs qui bien que passant pour surannées, pourraient peut-être nous ramener à une société plus solidaire aux respects de l’humain et des valeurs de la famille.

      • alstamatiouphotographies 08/11/2017 / 10h10

        Bonjour a vous et merci pour ce long commentaire dont je ne peu que être d’accord avec la globalité et admiratif concernant les années(époque) du service militaire. Merci aussi de suivre mon blog j’essaye de faire de jolis photos des endroits que je visite.

        Tout est question d’éducation, j’ai regardé faut pas rêver Lundi, sur la Norvège. Sublime. Eduqués a être humbles et SURTOUT a regarder le positif chez tout le monde. Et pour cela je peu le confirmer car j’ai visité la Norvège en 2012. J’ai été abordé par trois filles dans trois bars(pubs) différents!!!!!! Je n’ai ni la guelle ni l’assurance de ni le charisme de Ryan Gosling ou Leonardo di Caprio ou Jonny Depp etc etc etc….Ni en Grèce ni en France quand je vais dans des bars des fille viennent me parler, j’y vais en mode Lucky Luke boire un petit verre de whisky….. En Norvège pourtant ces filles la sont venus me parler et on a discuter pour une deux heures a chaque fois. Je ne me rappelle que du prénom de la troisième, Lyanna, car si les deux premières m’ont surpris et je perdais mes moyens, avec Lyanna je n’ai eu aucun mal a parler avec, on s’est même baladés bras dessus bras dessous, lol , alors que son petit ami était la…..Je n’ai pas fini au fond d’un rivière lol. Mais voila je voulais surtout souligné que ceci n’est que question d’éducation. Alors que en France en Grèce soit faut avoir une assurance de malade pour séduire une fille soit etre riche soit ressembler comme deux goutes d’eau a une star….beh ma fois…….c’est pas gagné. En Norvège……les filles et les gens en général ne voient que votre bon coté

        • Libre jugement 08/11/2017 / 10h26

          Merci pour ce témoignage
          Effectivement admirant les pays nordiques, leur mentalité et des sites et paysages sublimes, j’ai regardé cette émission sur la Norvège.
          Oui les « moeurs » latins sont autres que dans ces pays.

          Merci de vos passages sur ce blog

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