Que comprendre de l’indépendance de la Catalogne ?

« L’exode » des entreprises catalanes vers le reste de l’Espagne serait la meilleure preuve du désastre annoncé et de la faiblesse économique du projet indépendantiste … [cette affirmation n’est-elle pas des plus simplistes ?]

Complexe, le cas catalan […] d’autant plus que la réalité du mouvement séparatiste a été longtemps niée par l’opinion internationale, les marchés et le gouvernement espagnol.

L’organisation du scrutin illégal du 1er octobre et la réponse violente de Madrid ont conduit à un réveil brutal, avec des reports de décisions d’investissement et un recul de la fréquentation touristique de la Catalogne. Cela Selon fédération touristique espagnole Exceltur cela « représenterait 0,5 point du PIB à prix courant catalan ». Ce n’est pas un impact négligeable.

Dans le même temps le gouvernement de Madrid a revu à la baisse sa prévision de croissance pour l’ensemble de l’Espagne de 2,6 % à 2,3 % pour 2018, […]. Ce mercredi 18 octobre, l’autorité indépendante de responsabilité budgétaire (Airef, équivalent du haut conseil des finances publiques) a estimé que le coût de la crise pourrait atteindre 1,2 point pour l’ensemble de l’Espagne.

Au minimum, l’impact sera de 0,4 point. Si ces effets négatifs reflètent une situation politique, en attribuer la paternité au seul camp indépendantiste relève d’une vision partisane. Si la détermination des indépendantistes a bien sûr sa part de responsabilité, la répression violente du vote du 1er octobre, puis l’attitude intransigeante du gouvernement espagnol, ont aussi fait craindre une dégradation de la situation aux investisseurs et aux touristes.

Ici, c’est moins l’indépendance elle-même qui est en cause que le caractère violent et dangereux de la crise politique. Or ce caractère doit beaucoup à la stratégie du gouvernement espagnol qui, précisément, compte sur une dégradation de la situation économique pour faire céder l’exécutif catalan.

L’exode serait la preuve du caractère « fou » de l’indépendance en termes économiques. […] Cette vision mérite d’être corrigée. D’abord, cet exode a été alimenté par le gouvernement espagnol qui a autorisé, par un décret, les entreprises à transférer leur siège social sans l’accord des assemblées générales, c’est-à-dire en dérogation du droit de propriété des actionnaires. […] Ces transferts ne représentent donc pas forcément la volonté des actionnaires, notamment catalans, dont on s’est efforcé de contourner la décision. Ensuite, il existe 260 000 entreprises en Catalogne, ces 1 603 entreprises sont donc une petite minorité. […]

Ces transferts – actuellement indolores économiquement et financièrement – ne sont donc dans le meilleur des cas qu’une précaution inutile et, dans le pire, un moyen de peser sur les dirigeants catalans


Romaric Godin, Médiapart – Titre original « Les dangers de la guerre économique de Mariano Rajoy »  source (EXTRAIT très partiel)


 

2 réflexions sur “Que comprendre de l’indépendance de la Catalogne ?

  1. bernarddominik 31/10/2017 / 8h51

    85% du commerce catalan se fait avec l’Espagne. Un simple embargo mettrait l’économie catalane à genoux.
    Le départ des sièges sociaux est, en revanche, un moyen de pression illusoire, les services administratifs (comptabilité informatique gestion du personnel) où sont les vrais pouvoirs, ne pouvant se faire aisément.

    Et comme vous le dites bien, rien ne dit que les actionnaires suivront, surtout la banque caixa qui est une mutuelle dont l’histoire est ancrée en Catalogne. Le vrai problème des indépendantistes catalans est d’une part leur isolement en Europe et d’autre part ils sont minoritaires chez eux.

    • Libre jugement 31/10/2017 / 10h57

      Bonjour Bernard … comme d’hab’ en matière fiscale ou financière vous avez des atouts, arguments et les communiqués volontiers dans vos commentaires, ce qui est tout a fait appréciable.
      Ainsi est confirmé que le souhait d’occulter l’indépendance est d’abord d’ordres gouvernementales et de la récupération des hautes finances basées en Catalogne (mais seulement 1600 -certes les plus puissantes financièrement- sur 26.000). Ensuite que le rôle de Rajoy et son gouvernement n’est pas des plus claire (c’est le moins que l’on puisse dire) dans cette partie de poker menteur.
      Espérons, et pour l’Espagne et pour sa région La Catalogne, qu’aucun belligérant n’en viennent a porter l’adversité jusque dans les rangs des autorités militaires et qu’advienne un nouveau conflit civil espagnol …. à l’image de celui ayant promu la dictature de Franco et l’exode de nombreux républicains (en France notamment) et l’entrée en guerre de 40

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