Après le glyphosate, le dicamba.

Le dicamba, un herbicide produit par Monsanto et BASF, a tendance à s’envoler au-delà des champs sur lesquels il est pulvérisé, tuant tout sur son passage.

 

L’utilisation de ce produit, censé lutter contre des mauvaises herbes de plus en plus résistantes aux produits chimiques, semble avoir été autorisée trop rapidement.

De Blytheville, Arkansas

Clay Mayes freine brusquement, saute de son Chevy Silverado sans éteindre le moteur et se met à vociférer contre un cornouiller. Les feuilles recroquevillées de l’arbuste pendouillent, comme de minuscules parapluies cassés. C’est le symptôme typique d’une exposition accidentelle à un herbicide controversé : le dicamba. “Ça me rend dingue ! crie le chef de culture en gesticulant. Si ça continue comme ça…“… tout crèvera”, termine son passager, Brian Smith.

Les dégâts causés par le dicamba dans le nord-est de l’Arkansas et dans tout le Midwest (affectant le soja, d’autres cultures, et même les arbres) sont emblématiques d’une crise qui ne cesse de s’aggraver dans l’agriculture américaine. Les paysans sont prisonniers d’une course aux armements entre des herbicides de plus en plus puissants et des mauvaises herbes de plus en plus résistantes.

Le dicamba, dont l’utilisation d’une nouvelle formule a été officiellement approuvée au printemps, était censé rompre ce cycle et éradiquer les adventices dans les champs de coton et de soja. Cet herbicide, associé avec des graines de soja génétiquement modifiées pour lui résister, promettait une meilleur maîtrise des plantes indésirables, comme l’amarante de Palmer, qui a développé une résistance aux herbicides communs [notamment au glyphosate].

Une homologation précipitée

[…] Selon eux, l’herbicide a été approuvé par des fonctionnaires fédéraux qui ont statué en l’absence de données suffisantes, notamment sur la possibilité qu’il dépasse sa cible.[…]

Les États les plus touchés sont également passés à l’action. En juillet, l’Arkansas a interdit les épandages jusqu’à la fin de la saison et augmenté les amendes pour application illégale. Le Missouri et le Tennessee ont renforcé leur réglementation sur l’utilisation du dicamba et une dizaine d’États se sont plaints à l’EPA. En août, celle-ci a laissé entendre à plusieurs scientifiques qu’elle pourrait envisager de retirer les nouveaux désherbants à base de dicamba du marché. […]

“Nous sommes dans un cul-de-sac”, déplore Nathan Donley, responsable scientifique au Center for Biological Diversity [ONG œuvrant pour la protection des espèces menacées].

La prochaine étape sera la résistance à un troisième produit chimique, puis à un quatrième. Nul besoin d’être un génie pour savoir comment cela va finir. Le vrai problème ici est que l’on utilise dans les cultures des combinaisons de produits toxiques toujours plus complexes, avec des conséquences toujours plus complexes.” … Rentabilité, rentabilité ….


Caitlin Dewey – Courrier international – Source ( Extrait)


 

 

2 réflexions sur “Après le glyphosate, le dicamba.

  1. fanfan la rêveuse 27/10/2017 / 7h16

    Bonjour Michel,
    Tiens donc, vous croyez vraiment que seul, le dicamba a cette propriété ?
    Pourquoi retrouve t-on 60% de pesticide dans les eaux ? Pourquoi retrouve t’on des pesticides interdit depuis plus de 30 ans dans les sols ?
    Croyez vous que ce genre de produit s’arrête à un champs, qu’il ne se propage pas ?
    Voilà plus de 40 ans que les produits chimiques ont la belle vie, les eaux, les sols, rien n’est plus sain.
    Savez vous comment les fanes de pomme de terre sont détruites ? Ce n’est qu’un exemple, par le désherbant quelques jours avant de les ramasser !
    J’ai halluciné lorsque j’ai entendu nos agriculteurs pleurer devant l’éventuelle interdiction de traiter au glyphosate. C’est un coût certe, un manque à gagné car moins de productivité, mais alors une question me vient, combien vaut des vies humaines ? !
    Au lieu de pleurer, et de tuer des êtres humains à petit feu en plus de notre belle bleue, il faudrait, il me semble, faire face dans un grand rassemblement messieurs les agriculteurs et bloquer ces industriels qui ont une part de responsabilité dans tout cela en vous spoliant ouvertement et surtout ne plus entrer dans leur jeu…

    • Libre jugement 27/10/2017 / 16h32

      Désolé Françoise vos deux commentaires se sont placés dans les indésirables et c’est tout à fait par hasard que je les ai trouvé.

      Bien evidemment étant pour une agriculture des plus saine, je condamne fermement tous emplois de pesticides (au même titre que toutes pollutions)

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