Suite à la couv. des INROCKS – B. Cantat

Je vous laisse juge de la réponse de la rédaction des Inrocks (in-extenso ci dessous) suite a la levée polémique procurée par la une de couverture consacrée a Bertrand Cantat.

Cette réponse me laisse pour le moins dubitatif et ne m’apporte que questionnement …. De plus, j’hésitais depuis quelques temps à poursuivre mon abonnement a cette revue depuis les changements d’orientations et la nouvelle présentation fin Août 2017, voilà qui ne m’y engage pas. MC

À nos lecteurs

Depuis une semaine, la couverture que nous avons consacrée à Bertrand Cantat suscite une vive polémique.

Certains de nos lecteurs, des personnalités, des citoyens, des artistes ont exprimé publiquement, parfois de façon très virulente, leur désaccord face à ce parti pris éditorial qui a été celui de notre hebdomadaire. Nous avons également reçu, à titre personnel, des messages qui signifiaient leur désaccord, leur mécontentement, voire leur profonde déception. Ces messages nous ont touchés, parfois bouleversés. Face à certaines réactions, qui allaient du désarroi à la haine, nous avons éprouvé aux Inrockuptibles le besoin de nous rassembler, de parler, de débattre. Ensemble, en réunion générale et en plus petits comités, nous avons questionné cette couverture tout au long des jours qui se sont écoulés.

Un journal est un bloc, mais c’est aussi un groupe d’individus qui, naturellement, ne sont pas tout le temps d’accord sur tout, et notamment sur cette couverture. De ces discussions nécessaires, qui furent animées et constructives, nous avons conclu plusieurs choses. D’abord que nous avions, et ce n’était pas là notre intention, ravivé une souffrance. L’ampleur et la gravité de l’affaire Harvey Weinstein, qui a explosé parallèlement à la sortie du magazine, est venue rappeler à quel point il existait, plus que jamais, un système d’oppression masculine dont la société ne veut plus. Ce constat, Les Inrockuptibles l’ont fait depuis de nombreuses années, et ce journal s’est toujours battu contre les violences envers les femmes, contre le sexisme et pour l’égalité entre les sexes. Ceci est une évidence.

Certains nous demanderont alors comment il est concevable, sans faire preuve de schizophrénie, de consacrer une couverture à Bertrand Cantat ? La réponse est complexe. Pour certains, elle est même inaudible. Aux Inrockuptibles, nous faisons du journalisme. C’est notre métier, notre passion. Et le journalisme exige, parfois, d’aller questionner les zones d’ombre, d’aller au-delà des frontières et des évidences, quelles qu’elles soient. Le journalisme, ce n’est pas simplement une posture morale qui consiste à lever ou à baisser le pouce. L’histoire de Bertrand Cantat fait partie de celle des Inrockuptibles, depuis les années 1980. Noir Désir a été l’un des groupes qui ont construit l’identité de ce journal, à tel point que nous lui avions confié, en 1997, les rênes d’un numéro dont il était rédacteur en chef invité. Et c’est pour cela que nous nous sommes sentis légitimes, en 2013 déjà, à redonner la parole à Bertrand Cantat pour la toute première fois.

A l’époque, cette interview fit déjà polémique. Des questions qui se posent naturellement aujourd’hui furent déjà soulevées. Cantat avait-t-il le droit, après avoir tué Marie Trintignant de ses poings, à une vie publique ? Comment dissocier l’homme de l’artiste, et faut-il le faire ? En tant que journalistes, nous sommes là pour poser ces questions. Et la question que soulevait notre article consacré à Bertrand Cantat est : pourquoi et comment faire de la musique quand on a tué une femme ? Une question bien trop vertigineuse pour appeler une seule et même réponse. Une question qui, pour certains, ne mérite même pas d’être posée, qui pour d’autres suscite encore des interrogations. Le débat qui suit d’ailleurs la publication de notre interview est là pour le rappeler : rien n’est si simplement simple, rien n’est si simplement compliqué. Ce débat a largement dépassé Les Inrockuptibles. Il est désormais repris par les médias, et notamment au travers de la question de la réinsertion. Des représentants de l’Etat se sont exprimés, des citoyens, des juges aussi, dont celui qui a décidé de la libération de Bertrand Cantat.

Plusieurs de nos couvertures ont déclenché des polémiques. Ces polémiques, nous en sommes conscients, sont souvent l’occasion de questionner notre travail, de nous interroger, de nous remettre en cause. Nous ne campons pas sur nos positions, nous ne faisons pas preuve d’arrogance. Lors des débats qui ont suivi ce dernier numéro, nous avons mis les choses sur la table. Car comme nous l’évoquions précédemment, la souffrance qu’a pu engendrer cette couverture nous a profondément touchés. Les réactions qui ont suivi, celles de lecteurs fidèles comme occasionnels, d’artistes dont nous avons toujours suivi le travail, nous ont bouleversés. Il était impossible de ne pas en tenir compte.

Tout cela nous engage et nous engagera à faire toujours preuve de vigilance dans notre façon de traiter et de mettre en scène les sujets que nous estimons importants. Pour un magazine comme Les Inrockuptibles, le retour de Bertrand Cantat à la musique en fut un. Le mettre en couverture était contestable. A ceux qui se sont sentis blessés, nous exprimons nos sincères regrets.

Les débats qui, la semaine passée, se sont fait jour, nous motivent aussi et surtout à poursuivre dans ces colonnes notre lutte contre les violences faites aux femmes. A continuer chaque jour le travail de déconstruction d’une domination masculine qui écrase les femmes, comme le prouve l’enquête que nous consacrons cette semaine au milieu du cinéma après la révélation de l’affaire Weinstein. A relayer les idées féministes comme cela a toujours été le cas. Il était important pour nous de vous dire cela.

3 réflexions sur “Suite à la couv. des INROCKS – B. Cantat

  1. fanfan la rêveuse 23/10/2017 / 7h56

    Lorsqu’on a payer sa dette à la société, doit-on pour autant la payer à vie ?
    Je pense, et cela n’engage que moi, qu’il doit-être déjà bien difficile de continuer à vivre avec un tel acte sur la conscience.
    Les nuits doivent être un tourment inlassable, faire face aux regards … une épreuve constante…
    Rien ni personne ne pourra changer les choses, ni ramener en vie la personne, ce monsieur pour autant reste un être humain.

    Tout se discute !

    • Libre jugement 23/10/2017 / 11h46

      Tout se discute !
      Bonjour Françoise, bien évidemment tout se discute et tout est affaire de positionnement : moral, juridique voire intellectuelle.

      Ma première réaction en voyant la couverture de cet hebdomadaire consacré à Bertrand Cantat a été une répulsion instinctive. Sans aucun doute le fait de cette photographie voulue très « noire » ainsi que l’immense pavée de texte blanc confortait l’impression -sans avoir lu l’article– que la revue « encensait » un personnage ayant défrayé la chronique judiciaire.
      Cette première réaction n’est pas compatible avec mon esprit habituel, de chercher à comprendre les raisons amenant à un premier sentiment négatif sans réellement avoir le courage de lire l’article, pourtant comme tout être humain je pense, il est difficile de distinguer l’ « affect » envers une comédienne connue, de l’idée que la justice a été dans cette affaire bien trop clémente.
      Certes cette couverture tombant au moment où nombre d’actrices connues se plaignent du harcèlement, que les médias non plus que ça à monter en épingle dans leur « une », est « très mal tombée ».

      Comme vous le questionnez si bien dans votre commentaire, Françoise, « Lorsqu’on a payé sa dette à la société, doit-on pour autant la payer à vie ? », J’aurais tendance à répondre « non », pour autant, si l’auteur du décès de la comédienne avait été un anonyme à qui il avait été demandé d’écrire ses sentiments sur l’acte délictueux comme cela est trop souvent pratiqué dans certains types de livres surfant sur enlèvement sensationnel pour des ventes commerciales, au lieu d’en faire des thèmes plus ou moins cachés dans des chansons (à des fins commerciales egalement), l’auteur et personnage central de cette tragédie, eut-il en tant qu’anonyme, bénéficié de la couverture d’une revue hebdomadaire telle que les Inrockuptibles.
      Pour terminer, l’article de la rédaction se voulant avant tout explicative (peu-on dire justificative ?) du (bon) choix de la couverture avec Bertrand Cantat, me laisse avec des questionnements tant vis-à-vis de l’opportunité commerciale contenue dans cette « UNE », que dans son exposé se voulant philosophique et intellectualisée, en utilisant des thèses à deux balles. Même … sans intention de la donner, il y a eu mort !

      • fanfan la rêveuse 23/10/2017 / 16h35

        Je vous rejoins dans votre analyse Michel mais il y a un mais, ne défendant pas ce monsieur pour autant car son acte n’est pas défendable.
        La vie m’a apprise une chose, dans un couple les tords ne sont jamais entièrement de la responsabilité d’une personne.
        Je ne me permettrais donc pas de rejuger ce monsieur.

        Une réalité ce journal n’a pas été judicieux, il aurai été préférable de ne pas mettre ce monsieur sous les projecteurs.
        Ce qui risque d’arriver à cette personne n’est pas positif pour lui.
        Que cette éditorial en paie quelque peu les conséquences me parait juste 😉

        Bonne fin de journée Michel !

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