Les députés sont transformés en spectateurs- Dixit O. Faure (PS)

N’exprime-t-il pas un peu (beaucoup !), le sentiment de la population ou au moins des électeurs ? MC

Le député réélu en Seine-et-Marne s’insurge contre l’affaiblissement des droits de l’opposition.

Que pensez-vous des premiers pas de cette nouvelle Assemblée ?

Olivier Faure. On nous a promis un « nouveau monde ». Pour le moment, il est pire que l’ancien. Pour faire respecter les droits de l’opposition, c’est le socialiste que je suis qui a dû défendre, en séance, les droits du groupe LR. La démocratie, c’est respecter le fait majoritaire, mais c’est aussi respecter le pluralisme et les contre-pouvoirs nécessaires.

A travers cet épisode, c’est donc tout l’équilibre des pouvoirs qui serait menacé ?

N’exagérons rien. Mais se mettent en place les pièces d’un puzzle qui conduit à un affaiblissement du pouvoir législatif. Symboliquement, le choix d’un Congrès la veille de la déclaration de politique générale n’est pas innocent. Le président discourt mais personne n’a le droit de l’interroger ou de débattre avec lui. Les députés sont transformés en spectateurs. Le président parle mais ne répond plus. Ni aux élus ni à la presse, puisque même la traditionnelle causerie du 14 Juillet est supprimée.

Certaines des réformes institutionnelles que projette de mener Emmanuel Macron vous paraissent dangereuses ?

En apparence, toutes paraissent frappées du sceau du bon sens. La réduction du nombre de mandats à trois mandats successifs favorisera le renouvellement. Mais, dans les faits, elle interdira l’expression de grandes voix politiques qui peuvent faire contrepoids.

La suppression de la réserve parlementaire, c’est populaire mais les députés seront les seuls élus qui ne pourront plus financer de projets sur leurs territoires. Il faut mieux l’encadrer, maintenir la transparence, pas la supprimer.

Et la réduction du nombre de parlementaires ?

Le gouvernement veut à la fois réduire le nombre de députés et faire élire une part d’entre eux à la proportionnelle. L’addition des deux mesures aura pour conséquence des circonscriptions qui pourront faire la taille de deux départements.

Soit les élus resteront proches de leurs habitants et ils ne siégeront plus à l’Assemblée, soit ils feront leur travail législatif mais perdront tout ancrage local.

Le résultat, ce sera des effets de balancier à chaque élection plus violents encore au détriment du pluralisme. J’ai conscience du fait que, disant cela, je suis à rebours du discours dominant. Mais le « nouveau monde » ne peut être celui de la démagogie au péril d’une démocratie hyper concentrée dans les mains d’un seul. Je ne désespère pas d’en convaincre mes nouveaux collègues


Source  Le Parisien


 

2 réflexions sur “Les députés sont transformés en spectateurs- Dixit O. Faure (PS)

  1. fanfan la rêveuse 30/06/2017 / 19h26

    Mais quel bazar dans ce monde politique ! Descendrons plus bas encore ? Espérons que cela va se mettre en place rapidement pour le bien de notre cher pays…

    • Libre jugement 01/07/2017 / 9h39

      Le bazar c’est d’avoir changé peu à peu les charges et rôle de chacun des élus.
      Ainsi, contrairement aux règles constitutionnelles, c’est le Président qui fixe la politique de la Nation !
      Il agit comme si les parlementaires devaient rendre des comptes au Président et non au peuple qui les a élus.
      Après l’annonce de la casse du droit du travail par ordonnances, l’abstention phénoménale des élections législatives, ceci s’apparente à un coup de force institutionnel contre la représentation nationale et donc contre le peuple souverain.
      Il y urgence à stopper cette dérive s’apparentant à du « totalitarisme » ne présageant rien de bon pour notre avenir immédiat et ceux de nos enfants, petits-enfants.

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