Une abstention record qui fragilise la légitimité du scrutin

Avec un taux de 51,29 % au premier tour, l’abstention atteint un nouveau record aux élections législatives.

Depuis la réforme de 2001 qui a voulu que les deux tours de ce scrutin interviennent dans la foulée de la présidentielle, dès lors que la durée du mandat à la tête de l’Etat avait été ramenée à cinq ans, l’abstention aux législatives n’a cessé de croître, ce qui n’est pas le cas à la présidentielle.

Ainsi, de 32,1 % en 1997 (au premier tour), elle est passée à 35,6 % en 2002, 39,6 % en 2007, 42,8 % en 2012 avant de bondir à 51,29 % cette année.

Cette évolution continue doit interroger sur les conséquences de ce choix de calendrier électoral qui, certes, assure pratiquement une majorité au président élu mais, en même temps, porte atteinte au crédit de l’Assemblée nationale élue dans ces conditions. Les législatives sont reléguées au rang d’élections secondaires.

Sur le plan de la démocratie républicaine, il est légitime de s’interroger sur les conséquences d’une telle situation. Différents facteurs auront contribué à accroître encore cette désaffection. Les deux ex-grands partis de gouvernement ayant tous deux décidé de passer par des primaires pour désigner le candidat de leur famille politique, la séquence électorale a de fait commencé dès septembre 2016, mobilisant l’essentiel de la chronique politique.

L’élection d’Emmanuel Macron, survenant après une série -d’invraisemblables rebondissements, a sonné comme la fin de cet interminable feuilleton. Beaucoup d’électeurs ont voulu dire  » stop, ça suffit « , tandis que même les partisans des anciens candidats battus prenaient acte du verdict présidentiel.

Ainsi les maigres espoirs des vaincus à la présidentielle de consolider leurs positions aux législatives se sont vite volatilisés. Cette fin de campagne législative, où les jeux apparaissaient comme pliés – avec la victoire écrasante annoncée des candidats de La République en marche – a achevé de démobiliser une partie de l’électorat.

Une élection quasi jouée, donc, mais attention à ce que cela ne -devienne pas une élection au rabais. Et à ce que ce scrutin censé cristalliser la volonté de renouvellement ne devienne pas celui de la résignation. Les candidats LRM-MoDem totalisent 32,3 % des suffrages exprimés au premier tour, près d’un tiers des voix. Mais cela ne représente en définitive que 15,4 % de l’électorat. Il faudra voir après le second tour combien d’entre eux sont élus en recueillant plus de 30 % des inscrits. En dessous de ce seuil théorique, la fragilité de l’élection est réelle. Et les risques de retour de boomerang accrus.


Roger Patrick, Le Monde – Source (Extrait)


 

8 réflexions sur “Une abstention record qui fragilise la légitimité du scrutin

  1. bernarddominik 13/06/2017 / 15h56

    Les trois quarts des sièges avec un cinquième des inscrits. Cela remet en cause la légitimité de cette assemblée. Une république qui est une caricature de la démocratie. Une république croupion. Et qui prends déjà des mesures refusées par la majorité des citoyens. On est mal partis. Ouille ça va faire mal, aux retraités pour commencer.

    • Libre jugement 13/06/2017 / 17h51

      Certes mais les medias incitent et insistent a accorder la majorité absolue au mouvement En Marche !
      Beaux désordres et gueules de bois en perspectives ….

  2. fanfan la rêveuse 14/06/2017 / 7h32

    En lisant cet extrait, je me disais que l’auteur de celui-ci prend quelque peu les Français pour des « idiots ». Une partie des Français en a assez de ces politiciens véreux et voit en Mr Macron un réel espoir de changement.
    Certe ce qui se dessine à l’horizon semble chaotique et peu glorieux pour autant cela est démocratique.

    • Libre jugement 14/06/2017 / 10h08

      Pour cette fois nous ne serons pas d’accord du tout.
      Hier sur France 24 un commentateur expliquait des graphiques représentant l’Hémicycle selon la procédure de vote actuel (avec un Nbre d’élus assurant la majorité pour En Marche/Modem et la marginalisation d’autres partis comme le FN ou les gauches Melenchonistes.
      Puis en incorporant (selon les données prescrites dans le programme de Macron) une dose de proportionnelle ; changement de représentation dans l’assemblée avec certes toujours une majorité pour En marche/Modem, une belle représentation des Républicains et plus de représentants des autres formations – une avancée certes sur la représentation des électeurs ….
      Pour finir il a présenté un graphique tenant compte du nombre de votant c’est a dire a la proportionnelle intégrale et la surprise, si l’on peut dire puisque sur la base du 1er tour En Marche/Modem n’auraient plus la majorité mais se retrouveraient avec 33% des électeurs des 50% ayant votés, exactement et strictement à sa place et bien malin celui qui prétendrait que cela n’est pas démocratique.
      Quant a donner sa chance a Macron , pour moi retraité c’est non …
      Pour les salariés, j’ai beaucoup de mal a comprendre la récession sur les lois du travail en tous cas je ne les aurais pas acceptées en 68 et lorsque je vois ces cupides patrons du CAC 40 ou internationaux, ma colère est encore plus grande.

      Bonne journée et certainement bon vote dimanche prochain, Françoise – ceci dit sans aucune ironie de ma part je respect trop l’avis de chacun.
      Pour moi, pas question ce sera la première fois ou je ne me rendrais pas devant les urnes, il m’est arrivé de voter nul ou blanc mais jamais je n’avais loupé un vote, il me faut arrivée a 76 ans pour le faire!

      • fanfan la rêveuse 15/06/2017 / 7h27

        Ces élections sont extrêmement complexe, c’est bien la première fois que je vois autant de tensions, de malhonnêteté. Cela me conforte dans mon analyse d’il y a quelques mois, nous sommes une copie de la Grèce…
        Personnellement je vais aller voter car notre député est proche de nous, à l’écoute, c’est un homme de terrain à l’image de son grand-père. Il n’a qu’un mandat contrairement à beaucoup d’autres et pour le moment il n’est pas ressorti qu’il est véreux.
        Je comprends votre positionnement Michel et le respecte, je ne le vis pas ainsi car je suis plus désintéressée en la matière. Je suis d’accord avec vous nous allons souffrir, mais que faire pour arrêter le processus à part se positionner dans son vote ?
        Comme mon fils aîné vous semblez être toujours le poing levé, cela m’attriste. Dimanche je lui ai demandé s’il était heureux…

        • Libre jugement 15/06/2017 / 10h01

          Poing levé, je ne sais pas ce que cela veut dire, ou dois-je traduire par râleur systématique et professionnel, ou encore voilà encore les « soviets » en campagne ?

          Issue d’un milieu plus que modeste, la fratrie (Ma grand-mère, notre père et mère et mon frère) n’avons manqué de rien malgré les difficultés quotidiennes, le « surplus » n’avait pas droit d’entrée dans la maison et les quelques fois ou nous sommes allé en vacances, c’est grâce a notre père qui en dehors de sa profession (prof de dessin dans les écoles puis lycées) « tenait » des colonies de vacances ou des centres de jeunes pendant juillet et août avant de reprendre la session scolaire.
          Nous résidions alors dans des logements exiguës dans une de ses « banlieue Rouge » (94 Villejuif) et mon éducation au patronage laïc surtout au sortir de la guerre était basé sur l’amitié, l’entraide solidaire, le combat groupé, la lutte ensemble, les syndicats groupés … toutes choses issues de la résistance et des avancées de l’après guerre que les ministres communistes de l’époque mirent en place et que le monde entier nous a envié.
          Alors oui, si vouloir que chacun des travailleurs salariés résidents français, tout comme les plus âgés (retraités maintenant) peuvent se nourrir et vivre décemment de leur activité professionnelle, je ne lèverais pas le poing et applaudirait celui-ceux qui participeront a développer un tel projet.
          Tant que je verrais autant d’iniquité, d’inégalité, de nombres de personnes s’adressant a des organismes sociaux composés de bénévoles redistribuant des dons provenant en générale de « généreux donateurs » pas spécialement riches, et qu’en parallèle des « soient disant » incapables de gérer correctement un établissement est « viré » avec des sommes qu’aucun salarié travaillant toute sa vie ne touchera jamais ou qu’un des leaders du CAC 40 se barre en Belgique planquer sa fortune pour payer moins d’Impôts, oui je lèverais le poing, oui je râlerais, et croyez moi Françoise dans les 50% d’abstentionnistes du 1er tour des législatives 2017, combien sans pouvoir le dire, sont de mon avis.

          Certains se contente de tendre la joue gauche lorsque la droite a reçu une gifle, moi je refuse la première gifle

          En toute cordialité.

          • fanfan la rêveuse 15/06/2017 / 14h47

            En vous lisant j’ai le sentiment que vous avez mal vécu mon expression « poing levé », j’en suis désolée. Voici donc l’interprétation que j’en ai, le faite que cela vous met hors de vous, vous met en colère. Lorsque je vous lis, je ressent combien cela vous touche profondément. Je comprends d’autant mieux de par votre don de ce jour.

            Je suis issue de l’agriculture, d’une toute petite ferme, qui nous faisait vivoté. A la maison nous étions 3 enfants, nous n’avons jamais eu de superflue non plus à peine le nécessaire. De toute mon enfance, j’ai eu une poupée, un baigneur, un landau et un tableau et parce que mes grands-parents venaient en aide. J’ai payé mon permis moi-même avec mon salaire d’apprentie. A 18 ans je quittais mon foyer familiale. Je ne me suis jamais senti malheureuse pour autant et je suis respectueuse de ce que mes parents nous ont donné.
            J’ai eu moi-même 4 enfants, en ayant deux petits salaires avec celui de mon époux. Nous sortons de temps à autre, souvent lorsque c’est gratuit ou dans des destinations ou rien n’est payant ( nuit au musée, journée du patrimoine, visite de village à thème etc). Nous ne partons jamais en vacances. Nous avons fait le choix de fonder une famille et d’avoir une maison avec un peu de terrain, c’est déjà beaucoup.
            Mes enfants ont eu un peu plus que moi-même mais ils sont loin d’être comme la majorité des enfants qui les entourent… Ils font des études et auront certainement un meilleur train de vie que nous même. Ils devront travailler pour se payer leurs permis, puis leur voiture. Ce qu’a fait l’ainé et ce que le second fait actuellement, rien n’arrive par magie pour eux. Ils savent la valeur de l’argent, qu’il faut travailler et combien il est difficile de vivre pour des petits salaires. pour autant ils ne se plaignent pas non plus et ont toujours compris notre position.
            Notre aîné réagit comme vous mais il sait nous dire que de voir des gens dans l’extrême précarité le met en colère face à nos politiques qui vivent dans un autre monde.
            Je ne suis pas d’accord avec ce qui se passe depuis maintenant de trop nombreuses années, j’essaie de modifier comme je le peux ce cheminement mais j’ai très souvent le sentiment que c’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer.
            Alors dois-je vivre malheureuse à cause de nos dirigeants chaque jour ? Non je m’y refuse ! Je veux garder un petit bonheur pour eux et moi.

            • Libre jugement 15/06/2017 / 15h10

              Merci pour cette réponse, permettez que j’y revienne dans quelques jours et si possible « en direct » pas sur un réseau social comme celui-ci.
              Bon WE vous verrez demain pourquoi.
              Fraternellement

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