Mais quel élu sera sans taches ?

La classe politique française aurait-elle pris de (très) mauvaises habitudes ? L’affaire Fillon, ironiquement appelée Penelopegate, a semé le trouble sur le travail réel des attachés parlementaires à l’Assemblée et au Sénat dès lors que ces emplois sont réservés à des proches.

Aujourd’hui, un autre front judiciaire se dessine, visant cette fois des pratiques au préjudice du Parlement européen destinées à alléger les frais des partis et à assurer le train de vie de certains élus.

Courrier de dénonciation

La déflagration pourrait se révéler de grande ampleur. D’abord par le nombre : la situation d’un quart des eurodéputés français va être disséquée par la justice. Par les protagonistes ensuite. Marielle de Sarnez, actuelle ministre des Affaires européennes – qui dément tout délit –, est notamment visée. Cette fois, c’est le FN qui a allumé la mèche.

Le parti d’extrême droite est le premier à avoir été soupçonné par les instances européennes d’avoir fait prendre illégalement en charge les salaires de certaines petites mains du parti et du garde du corps de Marine Le Pen par le Parlement. D’où une économie substantielle estimée à plus de 1 M€ pour le parti. Marine Le Pen a pour l’heure refusé de se rendre à la convocation des juges, arguant l’irruption des magistrats dans la campagne.

En tout cas, le parti d’extrême droite ne veut pas tomber seul. Il entend démontrer qu’une telle pratique est très répandue parmi le personnel politique français. Le 14 mars, une eurodéputée frontiste, Sophie Montel, adressait un courrier de dénonciation (un « article 40 » dans le jargon judiciaire) à François Molins, procureur de la République de Paris, et au patron de l’Office européen de lutte antifraude (Olaf). « Je suis contrainte de porter à votre connaissance des éléments attestant que plu- sieurs élus français au Parlement européen ont à leur service des assistants ayant par ailleurs des fonctions au sein de leur formation politique respective », écrit Sophie Montel.

« Au nom du principe d’égalité », elle demande à la justice de faire la lumière sur 19 eurodéputés (de droite, de gauche ou écologistes) et d’une trentaine d’assistants. Autant de cas consignés dans un tableau Excel transmis au procureur Molins. Pour y voir plus clair, le parquet de Paris a ouvert, le 22 mars, une enquête préliminaire pour « abus de confiance ».

Les investigations ont été confiées à l’Office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff), et l’Olaf pourrait être sollicité en appui. Il s’agit donc d’un quasi « copier-coller » de la procédure visant le FN qui, elle, se trouve au stade plus avancé de l’instruction. Le cas le plus emblématique reste celui de Marielle de Sarnez, proche du garde des Sceaux François Bayrou.

Jointe hier soir, la ministre des Affaires européennes s’emportait : « J’ai toujours respecté le règlement du Parlement européen. J’ai eu comme attachée parlementaire, basée dans ma circonscription à Paris, Philippine Laniesse six ou huit mois à temps partiel, après vérifications d’usage avec le Parlement. Elle a fait son travail avant de démissionner il y a un mois. »

L’enquête devra s’attacher à déterminer le rôle exact de son ex-collaboratrice parlementaire Philippine Laniesse, conseillère régionale et élue municipale du XIXe à Paris. Cette dernière est aujourd’hui chargée de communication de la ministre. Jointe hier soir, Philippine Laniesse, 26 ans, n’a pas donné suite à nos sollicitations. Sur quoi déboucheront les investigations ? Une source proche de l’enquête appelait à la prudence, rappelant que celles- ci ne faisaient que commencer. Pour une autre, « ce genre de pratiques relève du sport national. Il faut décortiquer chaque cas, chacun étant différent. »


Jean-Michel Degugis et Eric Pelletier, Le Parisien – Titre original « Marielle de Sarnez visée par une enquête »Source


 

5 réflexions sur “Mais quel élu sera sans taches ?

    • Libre jugement 31/05/2017 / 10h29

      Cette réflexion me fait souvenir d’une injonction débitée par un sergent-chef instructeur (au demeurant raz de la casquette) : « la loi, c’est une putain, chacun la baise à sa façon » auquel il ajoutait « le tout est de ne pas se faire pincer ».
      Reste que plusieurs élus passent au travers à l’exemple des : Chirac, Balkany, Sarkozy, Tibéri, Fabius, etc. Quant à ceux qui se sont « fait pincer », Juppé, Cahuzac, etc. ils ne se sont jamais retrouvés en prison pour autant. Par contre, le où la trop affamé-e qui dérobera un paquet de jambons dans un supermarché, risque fort de se retrouver en prison. Jean Valjean nous voilà

  1. Le Jardin Secrêt De Marguerite 31/05/2017 / 22h04

    jean Valjean a pu acquérir au cours de sa vie une bonté réelle tel que nous nous le montre Hugo ..hélas à notre époque celui qui est tordu (excuse l’expression un peu triviale) le reste ..Ah! les misérables! Bonne nuit 🙂

    • Libre jugement 01/06/2017 / 10h19

      Au travers l’oeuvre « Les miserables » est evoquée plusieurs thème de société dont la disproportion entre la peine juridique infligée pour un miséreux et un nanti, la quasi impossibilité a un gueux de gravir l’échelle sociale, etc.
      C’est ce coté que j’entendais évoqué en citant Jean Valjean et le vol d’un pain pour l’emprisonnement

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