La France va-t-elle « entrée » dans une recomposition majeure ?

Comme en 1958, trois dynamiques se conjuguent :

  • l’absence de consensus pour régler les problèmes pressants du pays,
  • le discrédit de la classe politique,
  • la volonté de renouvellement des élites.

A la différence de la simple alternance, la recomposition entraîne une fracture ou un effondrement des partis dominants. Alors que certains partis politiques ont disparu ou ne sont pratiquement plus représentatifs où représentés dans les hémisphères, la recomposition en cours ne parviendra à son terme que lorsque, le Parti Communiste Français (PCF), Les Républicains (LR) et le Parti socialiste (PS) auront éclaté.

Tel est au demeurant la raison de sa candidature (facilitée par Hollande), l’objectif d’Emmanuel Macron mais, a-t-il la manière et les forces alors que son « mouvement » est basé sur l’absence volontaire d’organisation, d’organigramme, ce qui ne plaide pas en faveur des nécessaires structures referencières d’un état disposant d’une parfaite gestion.

La recomposition qui s’annonce, même si elle présente un caractère tellurique, est cependant une tendance de fond, une attente des français.

  • la première résulte de la montée du Front national (FN)
  • la seconde de la fracturation idéologique sans précédent de plusieurs partis.

Le problème pour la gauche ne découle pas seulement de l’opposition entre gauche réaliste et gauche plus radicale, mais de l’exacerbation de ce clivage au cœur même du PS. En poussant Manuel Valls à avancer sur la voie des réformes sans jamais sérieusement menacer les frondeurs, François Hollande a rendu l’éclatement politique du PS irrémédiable. de même les luttes fratricides, les coups bas et les affaires au sein de la droite a décrédibilisé leurs représentations présidentielles.

Deux facteurs renforcent le phénomène d’un tournant vers la gauche (que certains s’échinent a affubler de) « radicale » de l’électorat retrouvant des repères sociaux .

  • Le premier est bien évidemment lié au naufrage provoqué, fomenté, de Benoît Hamon, qui, s’il venait à se trouver relégué à la cinquième place, connaîtrait le destin initialement prédit à François Hollande dans l’hypothèse où il se serait présenté. Une preuve que, par-delà la ligne choisie, c’est l’utilité du PS qui est désormais posée.
  • Le second élément, qui découle du premier, tient à la montée en puissance de Jean-Luc Mélenchon, confirmant qu’il ne suffit pas d’avoir un candidat  » bien à gauche  » pour enrayer la spirale du déclin.

Au-delà, il y a un élément inédit : face aux appels désespérés de Benoît Hamon à réunir la gauche, Jean-Luc Mélenchon a opposé un refus narquois sur le mode : unir la gauche ? A quoi bon ? C’est une rupture dont on ne mesure pas encore a ce jour,  l’importance. Car pour la première fois depuis 1920, le combat pour l’appropriation de l’idée même de gauche cesse de devenir un enjeu.

Pourtant, si la décomposition des partis « dits » de gouvernement paraît engagée, le succès de la recomposition passe par la mise en place d’une future majorité présidentielle autour de législatives.

Trois éléments plaident en sa faveur.

  1. La majorité des Français voudra donner au nouveau chef de l’État une majorité politique,
  2. plus de 200 sortants ne se représentent pas
  3. un puissant mouvement de  » dégagisme  » s’est emparé du pays.

L’hypothèse d’une cohabitation avec la droite paraît bien improbable. Même si celle-ci se trouve animée d’une volonté de revanche en cas de défaite de François Fillon, elle souffrira de l’absence de véritable chef et elle aurait besoin de conquérir près de 100 sièges supplémentaires pour pouvoir avoir la majorité. Une gageure.

Quant à l’hypothèse inverse, qui voudrait que la nouvelle majorité présidentielle ait besoin de l’appoint du PS, elle paraît absurde, parce que ce parti se trouve dans une phase de décomposition qui anéantit son pouvoir de négociation. Il est donc probable que la trentaine de députés socialistes les plus compatibles avec Emmanuel Macron rejoindra la -majorité présidentielle avant les élections, engageant par là même le pronostic vital du PS.

Reste que, (…) se pose la question de la philosophie même qui sous-tend la recomposition.

  • Soit celle-ci est pensée comme un processus de redéfinition des règles du jeu, notamment par la recherche du compromis et l’émergence d’une nouvelle culture politique rompant avec les stratégies de dévitalisation et de caporalisation de l’action parlementaire (…).
  • Soit elle ne serait qu’un nouvel avatar de l’exercice vertical du pouvoir induit par l’esprit perverti des institutions de la Ve République.

D’après « la trame » d’un article-interview de Zaki Laïdi – Dans « Le Monde », titrè « Comme en 1958, la France entre dans une recomposition majeure », Lien


 

6 réflexions sur “La France va-t-elle « entrée » dans une recomposition majeure ?

  1. bernarddominik 15/04/2017 / 8h06

    Excellente analyse. Mais où est l’homme providentiel? Hollande nous a refilé un pur produit de recyclage du système: l’énarque Macron. Les français tomberont ils dans le panneau?

    • Libre jugement 15/04/2017 / 9h48

      Existe-t-il un homme (une femme) providentiel ?
      S’il existe il serait souhaitable d’éliminer celui-celle-ceux qui céderait-ent aux sirènes chantant les mêmes refrains que Flamby guidés sous capes par le Medef et les banquiers.

      Quant à l’homme ou plutôt celle-celui qui pourrait a la fois redonner un pouvoir aux électeurs et une aisance dans le pouvoir d’achat, il faut chercher par défaut celle-celui qui dans son programme, aura le plus de possibilité d’être réalisé.
      Pour ma part, mais bien évidemment mon analyse ne regarde que moi, le plus positif serait le programme de « la France insoumise » tout en me posant des questions qui me semblent cruciales si Mélenchon est élu :
      – 1) trouvera-t-il une majorité dans l’hémicycle après les législatives et aura-t-il son soutien pour mettre en place son programme ?
      – 2) la finance internationale, le MEDEF et le grand patronat français, les dirigeant de l’Union Européenne, laisseront-ils les coudées franches a cette nouvelle gouvernance permettant de mettre en place cette orientation ?

      Quoi qu’il en soit, c’est pour lui que je militerais et voterais pour un résultat qui lui soit favorable au 1er tour, après …. y

  2. fanfan la rêveuse 15/04/2017 / 11h55

    Drôle de campagne électorale…
    Je ne comprends les Français, pendant 5 ans ils ont râlé, ont été déçu par le gouvernement de Mr Hollande et là ils ont l’air de vouloir Mr Macron… Mr Macron était du gouvernement de Mr Hollande, nous lui devons des textes de lois qui n’ont pas été appréciées. Sa démission n’était-elle pas faite pour justement accéder au pouvoir ? ! A mots cachés Mr Hollande parle du futur président en tant que Mr Macron, chercher l’erreur…

    • Libre jugement 15/04/2017 / 16h28

      Ben oui, mais Françoise vous avez mis le doigt sur l’erreur « Macron ».

      Comme les autres -Fillon, Hamon a divers titres- sont aussi fautifs de l’actuel marasme de la France, reste le programme de « LA FRANCE INSOUMISE » pour un changement radical des pratique sur tous les plans.

      Personnellement c’est mon choix après bien des réflexions … car au départ je n’étais pas chaud-chaud pour voter cette fois ci …. mais pas questions de croiser le FHaine et puis autant tenter une autre société qui est sur le papier du moins pour le moment, plus équitable, égalitaire et …. prometteuse!

  3. bernarddominik 15/04/2017 / 15h54

    Tout à fait d’accord avec MC. Moi aussi je voterai JLM, mais je pense que la négociation avec l’EU sera trés difficile tant les choix de certains pays ( Hongrie Pologne) sont à l’opposé. De même il sera difficile d’éviter une montée des taux de la dette, à moins de la revonvertir rapidement et d’abroger la loi du 3 juillet 1973 voulue par les banquiers Pompidou et Giscard

    • Libre jugement 15/04/2017 / 16h35

      Merci pour avoir exprimé clairement un avis … Avis qui semble rejoindre des milliers de choix de votes.

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