Et si c’était « LA » surprise du premier tour ?

C’est l’homme qui monte, qui monte, qui monte…

Sondage après sondage, Jean-Luc Mélenchon engrange les nouvelles intentions de vote (entre 16 et 19 % selon les dernières études).

Au point de talonner François Fillon (LR) et de s’offrir le luxe de laisser le socialiste Benoît Hamon loin derrière lui, sous la barre des 10 %. Le secrétaire général de la Commission des sondages envisage même de demander aux instituts de tester sa présence au second tour.

« Il y a une dynamique Jean-Luc Mélenchon extrêmement forte, alors que Marine Le Pen et Emmanuel Macron s’érodent et que François Fillon peine à retrouver un nouveau souffle », confirme Frédéric Dabi, directeur adjoint de l’Ifop.

Le mouvement a commencé avec le premier débat sur TF1, le 20 mars dernier. « Les téléspectateurs ont redécouvert Jean-Luc Mélenchon sous un autre visage. Fini « le bruit et de la fureur » de 2012. Il est apparu comme un homme sage, rassurant, maîtrisant ses dossiers, avec de l’autorité, mais aussi de l’humour », analyse Frédéric Dabi.

Tout a basculé avec le débat

Depuis, le candidat de la France insoumise ne cesse de siphonner les voix de son concurrent à gauche, Benoît Hamon, jugé trop socialiste par les électeurs de gauche, et trop frondeur par les électeurs de François Hollande. La sociologie de son électorat s’élargit à présent au-delà du camp traditionnel de la « gauche de la gauche » et puise dans les bastions socialistes : jeunes, cadres, salariés, professions intermédiaires…

Pour Jean-Luc Mélenchon, tout l’enjeu, à deux semaines du premier tour, est de confirmer cet engouement. Il y a cinq ans, les sondages lui avaient également promis des sommets (15 %), sans se traduire par un score équivalent dans les urnes (11 %).

« En 2012, nous avons souffert du vote utile Hollande face à Sarkozy. Cette fois, le contexte est différent », estime Eric Coquerel, un de ses soutiens, qui présente son candidat comme « l’homme de la rupture tranquille ». « La dynamique récente s’appuie sur un mouvement de fond. Nous sommes entrés en campagne très tôt, dès février 2016. Nous avons construit un programme sérieux, cohérent, permettant de gouverner le pays, contrairement aux projets parfois improvisés de nos concurrents ».

Depuis des semaines, l’orateur Jean-Luc Mélenchon attire les foules dans ses meetings. Et innove sur internet avec sa chaîne Youtube, et sa plateforme en ligne qui fédère 350.000 like.

Hier, il a encore lancé un jeu vidéo « Fiscal Kombat » et demain, il sera en meeting à Marseille.

Pour la dernière ligne droite, Mélenchon va continuer sur sa lancée, tirant les enseignements de 2012 où il avait été en retrait dans la fin de la campagne. Avec le second tour comme objectif, confirme Eric Coquerel : « Quatre candidats sont, aujourd’hui en mesure d’être au second tour. Le taux d’indécis est inédit. Les deux semaines qui viennent peuvent tout modifier dans les rapports de force… »


Élodie Bécu – Le Dauphiné Libéré  08 avril 2017