En dehors de l’abus du « JE » dans les réponses dénotant une ambition « impériale », c’est aussi un certains nombres d’annonces très avantageuses … pour le capital. MC
Quelle analyse faites-vous de la situation économique de la France et de l’Europe aujourd’hui ?
Nous sommes face à de multiples défis.
- D’abord, la France et l’Europe n’ont pas été au rendez-vous de la reprise mondiale. Face à la crise, l’Europe s’est enfermée dans une politique économique inadaptée s’engageant dans une politique d’austérité à contretemps alors que les Etats-Unis ont opté bien plus efficacement pour une relance temporaire. (…)
- Le deuxième défi auquel nous devons répondre est l’invention d’un nouveau modèle de croissance. Pour être juste et soutenable, elle doit être écologique et servir la mobilité sociale.
Et les défis spécifiquement français ?
La France est un des seuls grand pays de l’Union européenne qui n’a pas réglé le problème du chômage de masse : cela doit être notre priorité.
Par ailleurs, nos marchés de biens et services fonctionnent souvent mal. Le meilleur exemple en est le logement : les prix trop élevés pèsent sur le pouvoir d’achat des Français comme sur la compétitivité de nos entreprises.
Enfin, la sphère publique est marquée par un déficit d’efficacité, avec trop de dépenses de fonctionnement et une insuffisance d’investissements publics ciblés et utiles.
Comment relancer l’Union européenne ?
La réponse est dans la relance d’une dynamique européenne. La France doit faire des réformes structurelles : c’est ce qui est bon pour nous, et cela permettra aussi de rassurer nos partenaires, et d’abord l’Allemagne. Cela nous permettra d’aller en zone euro vers une approche consolidée de nos équilibres budgétaires. (…) [Autrement dit se mettre sous le diktat de l’Allemagne MC]
Faut-il en passer par un bras de fer avec l’Allemagne ?
La geste habituelle dans une campagne présidentielle française est de dire : « Je renverserai la table et réorienterai le couple franco-allemand ». Ca ne rime à rien et n’a strictement jamais fonctionné. Il faut recréer de la confiance dans le couple franco-allemand. (…)
Quelle trajectoire budgétaire proposez-vous ?
Je veux rendre nos dépenses publiques plus efficaces tout en finançant la transformation de notre modèle de croissance. Cela passe par trois grandes idées.
- Premier point, 3% de déficit avec des prévisions de croissance prudente : 1,4% cette année, 1,8% en 2022. Pour 2017, la prévision est à 2,9% de déficit. (…)
- Deuxième point, le poids de la dépense publique (…) ramené vers la moyenne de la zone euro. (…) baisse de 3 points des dépenses, c’est 60 milliards d’économies (…)
- Troisième point, un plan d’investissement public de 50 milliards d’euros sur 5 ans (…)
Comment réalisez-vous vos 60 milliards d’économies ?
Je vise d’abord 25 milliards d’économies sur la sphère sociale. Cela passe par 15 milliards sur l’assurance-maladie, avec une progression des dépenses contenue à 2,3% par an. C’est tout à fait tenable. Je ne supprimerai aucun poste dans la fonction publique hospitalière. La réorganisation du système de soins est de nature à faire ces économies et à conduire un vrai plan de modernisation de l’hôpital. Ensuite je réaliserai 10 milliards d’euros d’économies sur l’assurance-chômage grâce aux réformes structurelles. Le taux de chômage peut raisonnablement atteindre 7% en 2022.
Vous ne prévoyez aucune économie sur le système de retraites…
Je ne modifierai pas les prestations familiales et les retraites. Je détaillerai une proposition de réforme structurelle des retraites le 2 mars prochain : elle ne sera pas guidée par une logique budgétaire mais par une logique d’équité. [traduction, tous les salariés: retraites au régime moins disant, surtout « rabotage » des retraites de la fonction publique – MC] (…)
Quelles seront les autres économies sur l’État ?
Au total, l’effort atteindra 25 milliards d’euros. Il reposera sur un mode de gouvernance totalement nouveau. D’abord, je veux redonner des souplesses à la fonction publique. C’est-à-dire recruter hors du statut pour les fonctions d’encadrement, donner la possibilité d’avoir plus de souplesse dans la gestion des carrières, des rémunérations plus individualisées, et des mobilités. Le statut des fonctionnaires ne sera pas remis en cause, mais il sera modernisé. Il s’agit de mieux reconnaître les plus engagés. Je crois par ailleurs nécessaire de restaurer un jour de carence pour les fonctionnaires.
Prévoyez-vous des suppressions de postes sur le quinquennat ?
Il est possible de ne pas renouveler 120.000 postes de fonctionnaires, 70.000 venant des collectivités et 50.000 de l’Etat. Ce n’est pas un objectif, mais un référentiel, ce sera aux ministres de faire des choix. Je veux des ministres pleinement responsables sur les dépenses publiques. (…)
Cela suppose un gouvernement resserré ?
Oui. Autour d’une petite quinzaine de ministres. Et extrêmement solidaire. Auprès des ministres, il pourra y avoir des secrétaires d’Etat, mais il n’y aura pas de divisions des périmètres ministériels, ce qui est fondamental si on veut des ministres responsables. (…)
Quelles sont les mesures pour le pouvoir d’achat ?
Je rappelle d’abord la suppression des cotisations salariales maladie et d’assurance-chômage, mesure qui sera entièrement financée par une hausse de la CSG sauf pour les petites retraites, et qui rapportera 250 euros de plus par an à une personne au SMIC. Une hausse de 50% de la prime d’activité est aussi prévue. Et toute hausse de TVA est exclue. En matière de fiscalité, les couples pourront choisir d’individualiser leur impôt sur le revenu. Et je présenterai prochainement une autre mesure de réduction d’impôt, pour environ 10 milliards, qui sera mise en oeuvre au début du quinquennat et qui visera les classes populaires et les classes moyennes. [En augmentant le taux de la CSG, les retraités verront leur pouvoir d’achat de nouveau baisser alors que le montant des retraites n’a pas évolué depuis 10 ans. MC] (…)
Quid de l’assurance-vie, qui offre un prélèvement libératoire de 23% (prélèvement sociaux de 15,5% compris) au bout de huit ans de détention ?
Ces conditions ne changeront pas pour les contrats et dépôts existants, mais seulement pour les flux à venir, les nouveaux versements. L’objectif est de réorienter massivement l’épargne vers l’économie productive. C’est la même logique qui prévaut pour la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière.
Que prévoyez-vous pour la compétitivité des entreprises ?
La transformation du crédit d’impôt compétitivité emploi en allègement pérenne de cotisation s’opérera dès 2018, et représentera 6 points de charges en moins au niveau du SMIC jusqu’à 2,5 SMIC. Elle ne coûtera rien aux finances publiques, puisque la dette fiscale existe déjà. Pour supprimer les dernières charges patronales au niveau du SMIC, nous ajoutons un allègement de 4 points, avec un point de sortie à 1,6 SMIC. Par ailleurs, le taux de l’impôt sur les sociétés sera ramené de 33,3% à la moyenne européenne, c’est-à-dire 25%, sur le quinquennat. Il s’agit de donner un cadre clair, stable et prévisible aux entreprises pour soutenir l’investissement et l’attractivité. (…)
Les droits de succession seront-ils relevés ?
Non. (…)
Etienne Lefebvre, Nicolas Barré, Dominique Seux, Gregoire Poussielgue, Renaud Honoré, Les Echos du 24 février Source – Extrait très limité.