Les 72 jours qui marquèrent le monde

L’héroïque insurrection du printemps 1871 constitue toujours le grand mythe révolutionnaire revendiqué de toutes parts.

Et si  … et si … c’etait tout à l’heure où demain,

qu’en penseriez-vous ?

Inenvisageable, impossible, possible !

(…) Des graffitis de Mai 68 évoquaient 1871. Et Nuit debout rebaptisa place de la Commune celle de la République où elle s’installa des mois durant.

(…) On peut s’étonner de l’extraordinaire postérité de la Commune, de sa présence dans des cultures révolutionnaires différentes, même conflictuelles, surtout au regard de sa limitation dans le temps et l’espace et de son échec. (…)

La Commune fut plurivoque : elle était antimilitariste et patriotique à la fois ; les héritiers des traditions révolutionnaires françaises, mais aussi les anarchistes proudhoniens et les Inter­nationalistes s’y retrouvèrent, parfois s’y affrontèrent. Cette complexité favorise une plasticité mémorielle et explique que la Commune puisse être mobilisée par de nombreuses familles de la gauche, l’extrême droite tentant régulièrement une captation. Il n’y a pas une mémoire, mais bien des mémoires de la Commune.

Bien que profondément républicaine, la Commune peine à s’intégrer au récit national que fabriquent les républicains au pouvoir à partir des années 1880. Même s’ils ont pu imputer à l’assemblée monarchiste versaillaise la responsabilité du massacre de la Semaine sanglante, c’est bien sous une République proclamée le 4 septembre 1870 qu’il a été perpétré.

Longtemps, le monde et le mouvement ouvrier ont nourri leur rejet du régime de la mémoire du sang versé. Les républicains libéraux des années 1870-1880 n’avaient d’ailleurs pas soutenu la Commune : pour les Grévy, Ferry, Gambetta, une insurrection contre une assemblée élue au suffrage universel (masculin) ne saurait être légitime. Dans son manuel scolaire d’histoire, Lavisse flétrit le souvenir de 1871. Et, quand les opportunistes reprirent quelques mesures de la Commune (politique scolaire, service militaire universel), ils se gardèrent bien d’en évoquer l’origine.

Un excellent article a acheter et lire – HS N°65 -Décembre 2016/Janvier 2017 de Politis ….« La (mémoire de la) commune n’est pas morte ! »


Mathilde Larrère Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée


 

2 réflexions sur “Les 72 jours qui marquèrent le monde

  1. Jean-Jacques Badeigts 14/02/2017 / 8h39

    C’est le programme de la Commune qui lui a valu la haine de la bourgeoisie. Redonner au peuple la maîtrise des richesses produites, balayer les pouvoirs nés de l’argent, se préoccuper de la santé, de l’éducation des masses populaire, faire de la Justice un outil de promotion de la devise républicaine complétée par Laïcité ……était insupportable à cette même bourgeoisie qui affame aujourd’hui en s’emparant des richesses produites.
    Alors si nous voulons nous en sortir il faudra plus qu’une Commune. L’arme sera l’union des victimes de ce système. A nous de la construire

    • Libre jugement 14/02/2017 / 11h26

      J’aime a rappeler (sans aucune gloriole au demeurant) qu’en observant des événements historiques passés, l’histoire des peuples pourraient être changée.
      J-J. une agréable journée dans ce pays que tu aime

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