Problème Logement ??

Créer des logements très sociaux, passerelles ou tremplins, prévenir les expulsions, définir une politique locale du logement et de l’habitat, lutter contre la spéculation foncière, contre la précarité énergétique, contre la ghettoïsation… Comme l’illustrent ces initiatives d’associations, de bailleurs sociaux engagés, de collectivités territoriales ou de l’État, le mal logement n’est pas une fatalité.

Petit tour d’horizon.

L’insertion par le logement : telle est la mission que s’est fixée Solidarités Nouvelles pour le Logement (SNL). En Ile-de-France, cette fédération met à disposition des logements temporaires pour des gens en grande précarité ainsi que des travailleurs sociaux et des bénévoles pour les accompagner « Généralement, il s’agit de personnes n’ayant jamais eu de logement à elles, présente Clothilde Hamon, responsable de sa communication. Elles se posent et « apprennent » à habiter : à payer leurs factures, à vivre en copropriété, à entretenir leurs appartements mais aussi les locaux collectifs. »

Lorsque SNL les estime prêtes, elle travaille à leur re-logement et à des solutions de « droit commun » (logement ordinaire). L’association affiche un taux de réussite de 91 % de personnes relogées dans un lieu pérenne.

Recréer du lien social

Même objectif pour Aréli, un bailleur social pas comme les autres. De statut associatif, il intervient dans le champ du logement accompagné, en métropole lilloise et dans le dunkerquois, en proposant des formules intermédiaires entre l’hébergement et le logement classique :

  • une résidence sociale accueille des personnes seules, en couple et/ou en famille dans des logements indépendants meublés, pour un temps défini (en moyenne deux ans). Un travailleur social y fait l’interface avec les services existants sur les questions de budget, santé, emploi, formation…
  • Les pensions de familles s’adressent aux personnes de plus de quarante ans sans enfants, isolées, qui ont connu la rue et/ou des structures d’hébergement. Elles sont logées en studios individuels dans un ensemble collectif où un animateur propose des activités de loisirs et de culture, de la prévention santé. « L’idée est d’avoir son chez soi mais aussi de bénéficier d’étayage collectif pour recréer du lien social, réapprendre des actes de la vie quotidienne… », explique Lydie Renard, directrice de l’action sociale.
  • Enfin, des résidences séniors pour des personnes seules ou en couple, avec un travailleur social qui coordonne et oriente les démarches sanitaires, sociales et administratives.

Casser la ghettoïsation

Du côté des collectivités territoriales, Rennes Métropole (1) est souvent citée pour ses dispositifs innovants. Sa filière du relogement social prioritaire a mis en place une agence immobilière à vocation sociale (AIVS) qui gère des logements du parc privé et les sous-louent à un public prioritaire (2).

Cette intercommunalité s’apprête, d’autre part, à expérimenter l’ambitieux « loyer unique » des logements sociaux, afin que le niveau de revenu ne conditionne pas le lieu d’habitation. Le financement des logements et le mode de fixation des loyers étant déterminés par l’année de financement du prêt qui a servi à la construction, « les loyers les plus bas se trouvent donc dans les quartiers historiquement construits en premier, commente Honoré Puil, vice-président de Rennes Métropole, délégué à l’habitat, au logement et aux gens du voyage. Ils appellent les publics les plus fragiles. Notre objectif est donc d’aller vers un loyer unique pour favoriser la mixité sociale et casser la ghettoïsation ». Pour cela, la collectivité va maximiser l’APL pour les ménages les plus modestes et lancer un plan de rénovation urbaine pour rendre attractifs tous les quartiers, en investissant 400 M€ sur dix ans.

Inciter à louer solidaire

Autre piste pour lutter contre le mal logement : inciter à louer solidaire. L’Anah (Agence nationale de l’habitat) octroie une prime de 1 000€ aux propriétaires qui confient leur logement à une association ou une AIVS, pour une durée d’au moins trois ans et en respectant un certain niveau de loyer. Ce, via le dispositif Solibail. L’AIVS ou l’association deviennent locataires des dits logements et les sous-louent à des familles à revenus modestes. Elles versent le loyer au propriétaire et lui garantissent le bon entretien de son logement. Le loyer est versé même en cas de vacance du bien et le propriétaire bénéficie de 70% de réductions fiscales sur les revenus locatifs. Pour sa part, Soliha (Solidaires pour l’habitat), réseau associatif et professionnel agréé pour faire de « l’intermédiation locative » entre propriétaires/locataires, travaille sur le maintien et l’accès au logement. Cette fédération met en œuvre plusieurs actions : réhabilitation accompagnée au service des particuliers (3), gestion locative sociale, production d’habitat d’insertion et conduite de projets de territoire.

Relancer la construction

Et l’État ? Il fait figurer la relance de la construction et particulièrement la production de logements sociaux (et très sociaux) parmi ses priorités. L’agenda HLM 2015-2018, signé avec l’Union sociale pour l’habitat (qui fédère les HLM), va dans ce sens. Dans ce cadre, un milliard d’euros est consacré à la construction et à la rénovation de logements sociaux. Un autre projet vise à financer 10.000 logements HLM accompagnés, donc avec coordination sociale, pour des ménages en grande difficulté ou des publics spécifiques (jeunes en insertion, personnes atteintes de troubles mentaux, femmes victimes de violence conjugale, gens du voyage sédentarisés, personnes sortant de prison…).

  1. Intercommunalité de 43 communes et 416.000 habitants.
  2. Bénéficiaires des lois Dalo (Droit au logement opposable) et Daho (Droit à l’hébergement opposable).
  3. Assistance à maîtrise d’ouvrage concernant les travaux liés à l’adaptation des logements au handicap ou au vieillissement, lutte contre la précarité énergétique, etc.

Isabelle Guardiola – Valeurs Mutualistes N° 305 Pages 7 à 10.