Voulons-nous cela pour nos enfants ?

Mourir au travail.

Dans plusieurs grandes démocraties, les seniors continuent de travailler. Une hérésie sociale et surtout humaine.

Quel âge peut-il avoir ce vieux monsieur qui n’arrête pas de monter et descendre les escaliers de ce fast-food de la 6e avenue, au cœur de Manhattan?

Le dos courbé, il se tient d’une main à la rampe, tenant dans l’autre un grand sac qu’il traîne derrière lui. Les cheveux blancs, le regard fatigué, il ramasse les plateaux abandonnés et vide plusieurs fois par heure les poubelles. À quelques blocs de la Trump tower, sur la très chic 5e avenue, il incarne cette Amérique pauvre et anonyme, perdue dans la foule new-yorkaise.

7o, 75 ans… il a peut-être même plus, comme cette employée de bar qui avait fait l’objet d’un reportage d’Envoyé spécial en 2013 et qui, à 83 ans, continuait de travailler plus de 10 heures par jour.

D’est en ouest, les exemples sont nombreux, dans les restaurants, les pompes à essence ou sur les parkings des supermarchés… ils choquent les touristes européens, quand les Américains ne semblent pas, quant à eux, prêter attention à la situation.

Aux États-Unis, on estime à 25% la part des plus de 65 ans qui ont encore une activité salariale. Car, si 90% des personnes touchent une pension de retraite, gérée par le gouvernement national, celle-ci est insuffisante, si aucun dispositif privé (retraite d’entreprise ou fond de pension) ne vient la compléter. Résultat: 9% des plus de 65 ans vivraient, Outre-Atlantique, sous le seuil de pauvreté.

Est-ce beaucoup mieux en Europe?

Selon l’enquête européenne SHARE, 5o% des retraités auraient du mal à finir le mois en Pologne, Italie, Grèce et République Tchèque; une part qui, si elle est moins importante au Danemark, en Suède et aux Pays-Bas, s’établit tout de même autour de 20%. Cette réalité explique la permanence ou le retour sur le marché du travail de personnes qui auraient pourtant mérité de couler des jours heureux à la retraite.

Amérique, Europe… mais aussi Asie: au Japon, par exemple, les aînés ont du mal à raccrocher leur tablier. Soi-disant par peur de s’ennuyer ou par envie de rester dans le coup. En fait, comme aux États-Unis, en Allemagne, en Italie ou en France, ils ont besoin de revenus complémentaires à leur retraite. Au pays du Soleil levant, 2o% des plus de 65 ans se lèveraient tôt le matin pour aller gagner leur croûte.

Indispensable à leur survie individuelle, leur activité professionnelle joue aussi un rôle important dans l’économie d’un pays vieillissant, dont la natalité n’assure plus ni le renouvellement des générations, ni le renouvellement des salariés.


Lu dans la revue N° 28 « Ensemble & solidaires ».


 

12 réflexions sur “Voulons-nous cela pour nos enfants ?

  1. suzanne35blog 18/12/2016 / 11h37

    Arriver en retraite complètement grabataire, non merci!

    • Libre jugement 18/12/2016 / 11h45

      Vrai, mais soyons très vigilant sur le point du départ a la retraite et il est faux de dire que l’allongement est dû au manque de cotisants actifs, ce sont les rentrées financières qui manquent notamment parce qu’il y a délocalisation ….

      • suzanne35blog 18/12/2016 / 14h53

        C’est moche oui!

  2. Honorat 18/12/2016 / 11h41

    J’ai vu des vieux travailler à Chicago: ils avaient souscrit des retraites par capitalisation et l’assureur a fait faillite.
    Les tenants des retraites par capitalisation ne parlent jamais de ça.
    Ni les journalistes d’ailleurs: il vaut mieux cacher le côtè sombre.

    • Libre jugement 18/12/2016 / 11h46

      C’est aussi une verité a claironner

  3. Le Jardin Secrêt De Marguerite 18/12/2016 / 17h06

    Que faire contre ça?
    Hélas finir sa vie ainsi n’est pas drôle du tout…la solution?

    • Libre jugement 18/12/2016 / 19h23

      Il y a de nombreuses pistes pour eviter cela … Elles sont dans de nombreux articles ou commentaires ne serait-ce sur ce blog. Amicalement

  4. Honorat 18/12/2016 / 19h41

    Que faire: ne pas voter pour les politiques qui prônent la retraite par capitalisation et continuer à affirmer que seule la solidarité inter générationnelle, c’est à dire les retraites par répartition, permet de se garantir contre une faillite. De toute façon si l’économie va mal, les assurances qui placent l’argent de la capitalisation auront du mal à récupérer leurs créances, donc en aucun cas la capitalisation est une garantie, elle permet seulement aux banques et assurances privées de controler un peu plus l’économie et de ses faire un max de bénéfices, mais le risque n’est pas pour elles, car elles ne garantissent pas le capital et encore moins les intérêts, le risque est pour le souscripteur.

    • Libre jugement 19/12/2016 / 10h45

      Belle analyse décrivant les risques des retraites par capitalisation … voir ce qui s’est passé en Grêce

  5. Je parcours souvent, je cherche.
    Il est vrai que les choses sont dites avec impartialité.
    je vais continuer comme le petit poucet à suivre les pistes:) bonne journée.

    • Libre jugement 19/12/2016 / 10h51

      Personne ne saurait dire s’il détient la stricte vérité, il y a « des » vérités suivant les conditions présentées … reste a savoir si ces conditions sont vrais ou fausses … En un mot : il faut exclure la forme au profit de la recherche du fond.

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