L’ombre, envahie le tableau de Fillon

Il veut réduire de 100 milliards les dépenses publiques et supprimer 500.000 emplois publics. Il a gagné avec 66,5 % des voix à la primaire de la droite. Et pourtant…

Le plus dur commence pour François Fillon. [Hors de son parti et de la primaire, c’est une tout autre chose que de convaincre sur un programme recueillant assez de vote pour être élu à la présidence. Fillon en fait l’amère expérience et ajoute de l’eau dans son vin. Mais quelle sera la réalité s’il est élu ? Son programme cassant de la primaire ou l’enrobé de sucre actuel … qui au final rejoindra ses propositions première et gare aux dégâts et cassures dans la société française – MC]

(…) si les Français ont « pris conscience du poids des dépenses publiques », selon Yves-Marie Cann, le directeur des études politiques d’Elabe, ils sont massivement opposés à leur baisse, dès lors qu’elles touchent à leur quotidien.

Pour plus de huit Français sur dix, la baisse des dépenses publiques en matière de santé (90 %), de retraites (89 %), de sécurité (89 %), d’éducation (86 %) et de justice (82 %) ne serait « pas acceptable », selon un sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio classique et l’institut Montaigne.

Ils sont même une majorité à déclarer cette baisse « pas du tout acceptable » pour les retraites (53 %), la sécurité (51 %) et plus encore pour la santé (57 %).

« Cette forte intensité du rejet est un point de faiblesse pour François Fillon », souligne Yves-Marie Cann. Elle traduit un « profond consensus : il n’y a aucun clivage politique, sociologique ou sociodémographique. Il y a là un vrai attachement, constitutif du modèle social français. Les Français le souhaitent plus efficace mais ne veulent pas renverser la table. »

 (…)… certes, François Fillon martèle qu’il garde son « cap » mais [d’après Bruno Retailleau, François Fillon mais aussi qu’il reviendrait-aménagerait ses annonces concernant l’assurance-maladie. Certains comprenaient pourtant que c’était le cœur de sa réforme – MC] (…).

(…) Quant à la proposition de François Fillon de supprimer 500.000 emplois publics sur le quinquennat, est loin de remporter l’adhésion des Français puisque 58 % estiment que « cet objectif n’est pas souhaitable ».


Isabelle Ficek, Les Echos – Titre original « Les Français majoritairement opposés à la baisse des dépenses voulue par Fillon » Source (Extrait)


Autre média, analyse presque comparable

Depuis sa victoire électorale à la primaire de la droite, François Fillon et son équipe cherchent à rassurer l’opinion en minimisant leurs propositions sur le financement des soins. À les entendre, ils veulent seulement sauver la Sécurité sociale menacée par son « trou ». Pourtant le programme de François Fillon est clair. D’abord, il veut « redéfinir les rôles respectifs de l’assurance publique et de l’assurance privée, en focalisant l’assurance maladie notamment sur les affections graves ou de longue durée et l’assurance complémentaire sur le reste ».

Les « soins courants » seraient donc pris en charge par les assurances privées complémentaires (AC) regroupant mutuelles, instituts de prévoyance et compagnies d’assurances. Les soins courants représentent au minimum 20 milliards, sur les 190 du budget de la Sécu. Le montant des cotisations aux AC sera en conséquence au minimum doublé.

Il souhaite ensuite « introduire une franchise médicale universelle en fonction des revenus dans les limites d’un seuil et d’un plafond, le reste à payer étant pris en charge par les assurances complémentaires ». Cette franchise universelle s’appliquerait donc y compris aux patients bénéficiant aujourd’hui d’une prise en charge à 100 % au titre des affections de longue durée (ALD).

Et comme ces mesures, préconisées par son ami Henri de Castries, ancien PDG d’Axa, vont inévitablement accroître les inégalités, l’ancien gaulliste social ajoute : « Les moins favorisés ne pouvant accéder à l’assurance privée bénéficieront d’un régime spécial de couverture accrue. » Enfin, pour couronner le tout, François Fillon entend « basculer progressivement les cotisations maladie dites patronales vers un mix CSG-TVA ».

Ainsi, les personnes qui gagnent plus de 1 500 euros par mois et qui n’ont pas de maladies graves ou chroniques paieront désormais deux fois pour la santé : une première fois la Sécurité sociale au titre de la solidarité avec les pauvres et avec les personnes atteintes de maladies graves ou chroniques, alors qu’elles-mêmes ne toucheront plus rien de la Sécu, et une deuxième fois leur « mutuelle » de plus en plus chère, pour elles et leur famille.

La solidarité ne résistera pas à cette remise en cause du principe de la Sécurité sociale où chacun paie en fonction de ses revenus et reçoit en fonction de ses besoins médicalement reconnus. Une frange de plus en plus importante de la population estimera qu’elle « en a assez de payer pour les autres » et demandera la fin du monopole de la Sécu.

La proposition de François Fillon est d’autant moins défendable que les Assurances Complémentaires (AC) sont moins justes (vous payez plus si vous êtes vieux ou si vous avez une famille à charge, vous ne payez pas en fonction de vos revenus ), moins égalitaires (le niveau de votre couverture médicale dépend du montant de votre cotisation) et moins efficientes avec en moyenne des frais de gestion de 20 % pour les mutuelles et de 25 à 30 % pour les compagnies d’assurances qui versent des dividendes à leurs actionnaires (contre 6 % pour la Sécu).

Source (Extrait)

5 réflexions sur “L’ombre, envahie le tableau de Fillon

  1. Honorat 12/12/2016 / 9h29

    Un informaticien qui va à l’hopital, à la préfecture, au cadastre… est impressionné par le personnel administratif et des méthodes obsolètes, les multiples redondances et des outils informatiques visiblement insuffisants. A l’hopital il y a autant d’administratifs, et parfois plus, que de soignants alors que sa comptabilité et ses finances ne sont pas gérées par lui, les dèlais pour constituer une simple facture se comptent en semaines, idem pour comptabiliser un réglement. Il y a des progrés à faire, mais les politiques ne savent pas où agir, ils donnent donc des chiffres à la louche et le résultat est aberrant. Mais ce constat est aussi vrai pour l’armée et peut être aussi l’éducation nationale. Dans notre pays la révolution numérique n’a modifié le fonctionnement de l’état que dans ce qui se voit, car c’est uniquement la façade qui intéresse le politique.

    • Libre jugement 12/12/2016 / 10h26

      Un commentaire avisé. Bonne jounée

  2. salah ben 12/12/2016 / 10h37

    j’ai pu constater tous ces derniers mois une surmultiplication des actes médicaux dans les structures médicales françaises et naturellement c’est la SS qui paie — le corps médical semble vouloir puiser à l’infini dans ce filon !….(je suis un médecin algerien ayant exercé en France )…

    • Libre jugement 12/12/2016 / 10h50

      En écrivant « surmultiplication » des actes médicaux; peut-être eut été utile de préciser si ces actes étaient « nécessaires » (dans le sens vitaux pour la santé) ou « de confort ».
      Votre commentaire suggérait-il qu’il faut moins d’actes médicaux ou qu’en accord avec le discours de Fillon, il faut détruire la SS Française actuelle (qui paierait n’importe quoi à n’importe qui faisant appellent a sa structure) aux profits des assurances santé privés ou l’adhérent devra payer la totalité de son intervention avant d’être partiellement remboursé … procédé qui limiterait ainsi aux seules personnes aisées de se soigner et diminuerait de facto les emplois et donc le coût des services hospitalier … eux mêmes privatisés.
      Cordialement

      Le serment d’Hippocrate (extrait)

      Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.

      Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.

      Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.

      J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
      Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.

      Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.

      • salah ben 12/12/2016 / 11h30

        je suis tout à fait d’accord avec vous et il vaudrait mieux ne pas avoir affaire à des assurances privées mais je pense que pour limiter la pléthore d’actes inutiles ou insuffisamment motivés il serait bon que la SS instaure le système de la demande d’entente préalable pour éviter les dérives — Le malheur veut que les professionnels de santé vont faire un boucan du diable soi-disant dans l’interet des malades alors que c’est pour leur propre interet …..Le dossier qui attend Fillon au sujet des problèmes de santé et de Sécurité Sociale est un dossier très lourd : je crois qu’il serait bon qu’il s’inspire de modèles etrangers performants pour sauver un système où les interets des uns et des autres sont immenses . -NB :lorsque j’ai évoqué précédemment une surmultiplication des actes , oui je visais des actes non-necessaires , inutiles voire même nocifs et surtout médicalement insuffisamment motivés .

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