L’aveu d’échec

La voix blanche, François Hollande a d’abord plaidé sans conviction pour son bilan.

L’arrêté des comptes est à ce point catastrophique, les promesses si peu tenues, la déception – voire la colère –  si grande dans l’électorat de gauche, qu’il a dû en tirer la conclusion: il ne peut plus être candidat à la présidence de la République.

On ne lui contestera pas à cet instant sa revendication de « lucidité ». Il a à ce point malmené les valeurs de la gauche qu’il ne peut plus les incarner. (…)

Les Français paient une lourde addition de la politique conduite par le tandem François Hollande- Manuel Valls. Ce dernier qui trépignait d’impatience depuis plusieurs semaines devient donc « l’homme du bilan », puisqu’il ne fait aucun doute qu’il se portera candidat à la primaire socialiste. (…)


Patrick Apel-Muller – Source (Extrait)


Pas candidat à sa propre succession, une première dans la Ve République depuis Georges Pompidou et son décès durant son mandat, François Hollande effectue dans le même temps un droit d’inventaire et un éclair de lucidité. Droit d’inventaire, en défendant longuement un bilan de son quinquennat quelque peu enjolivé. « J’ai agi pour redresser la France et la rendre plus juste » défend-il, jugeant « la Sécu à l’équilibre », « la dette préservée » et même la finance « régulée » -euphémisme signant en creux l’échec.

Au titre des libertés, il cite le mariage pour tous bien sûr, mais aussi se targue d’avoir fait avancer l’égalité hommes-femmes, et avoir « amplifié la lutte contre les discriminations », en se gardant bien d’en citer des exemples. C’est pourtant  « la lucidité » que le chef de l’Etat revendique pour renoncer.

Il concède des « erreurs »,  et un seul « regret », le débat sur la déchéance de nationalité, qui « nous a divisé ».  Avis à Manuel Valls, en pointe sur ce projet…

Sur le chômage, le critère qu’il se donnait depuis 2012 pour pouvoir se représenter, il assure que « les résultats sont là », qu’il « a pris tous les risques ». Alors pourquoi renoncer, au terme des ces longues minutes de défense et illustration  de son bilan ? « Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle.

Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle », a-t-il conclut en fin d’allocution, la voix blanche et hésitante.

Avec des intentions de vote actuelles qui le reléguaient en cinquième ou sixième position, derrière François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, des sondages montrant que quel que soit le candidat soutenu par le PS, il ne dépasse à ce stade de la campagne jamais les 10% au premier tour de l’élection présidentielle d’avril 2017 (9% pour Harris Interactive, 8% pour Odoxa), François Hollande n’avait guère de choix. Sinon prendre acte du rejet qu’il porte dans l’opinion, à rebours du bilan qu’il a défendu lors de son allocution.

[Que valent les sondages à 6 mois de l’échéance, d’autant qu’encore récemment, ils ont montré des signes d’incompétences. MC]


Lionel Venturini – Source (Extrait)