Condensés des potins de la pré-présidentielle de 2017
MELENCHON DANS PARIS-MATCH !
Pour Jeudy Bruno, dans Paris Match titré « Mélenchon au plus haut » – Source (extrait)
C’est à la fois une première et un sérieux avertissement pour François Hollande. En entrant dans le Top 5 des personnalités politiques préférées des Français, selon notre baromètre Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio, Jean-Luc Mélenchon crée la surprise, passant de la 11e à la 5e place, juste derrière Martine Aubry.
(…) En gagnant 2 points, l’ancien patron du Parti de gauche échappe à l’impopularité quasi générale qui touche, ce mois-ci, 43 des 50 hommes et femmes politiques du baromètre soumis par l’Ifop aux Français.
Mélenchon bénéficie d’une certaine bienveillance de la droite (37% de bonnes opinions), séduite par une sorte d’effet Georges Marchais, truculent leader communiste des années 1980. Il recueille surtout 90% de suffrages auprès des sympathisants du Front de gauche, qui se contrefichent des réticences du patron du PCF.
Enfin, il est majoritaire au PS (52%) et fait presque jeu égal avec François Hollande qui obtient seulement 58% d’opinions positives. Il devance enfin Arnaud Montebourg (48%, – 3), et plus largement Emmanuel Macron (45%, – 4).
(…) A droite, la confrontation entre les deux favoris de la primaire de la droite et du centre tourne à l’avantage d’Alain Juppé. Si la cote du maire de Bordeaux s’effrite (– 2) – culminant toujours à 61% –, celle de Nicolas Sarkozy chute de 6 points. Plus embarrassant, l’ex-président perd aussi chez les sympathisants LR – son coeur de cible – 10 points en deux mois.
Avec 29%, il atteint son plus mauvais score depuis son départ de l’Elysée. Dans le duel de popularité entre les deux hommes testé par l’Ifop, le match est plié puisque 51 points les séparent (72/21). Cerise sur le gâteau, l’ancien Premier ministre domine aussi son rival chez les sympathisants de droite.
Le gouvernement n’est pas en forme. A l’image du gouvernement, Manuel Valls continue de baisser (– 3) tandis que François Hollande est stable malgré une intense activité sur le terrain depuis deux semaine.
LES ÉLECTEURS PERPLEXES SUR LA PRIMAIRE DE DROITE
Une interview de Marcel Gauchet Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, au Centre de recherches politiques Raymond-Aron, et rédacteur en chef de la revue « Le Débat », sur le théme « Pourquoi la primaire de la droite laisse les Français perplexes » paru dans Le Figaro – Source (Extrait)
- Question : Quelle est votre appréciation générale sur la primaire de la droite jusqu’ici ?
Marcel Gauchet Pour l’heure, cette primaire sème le trouble dans les esprits plus qu’elle ne clarifie les choix politiques qui s’offrent au pays. Le recours à cette procédure s’est imposé en fonction d’une crise de leadership. Elle était censée remédier à l’absence d’un chef de file à l’autorité incontestée. Or elle ne fait que la mettre davantage en lumière. En outre, les quatre principaux candidats ont exercé des fonctions de premier plan dans la même équipe gouvernementale de 2007 à 2012. Ils ont été solidaires de décisions majeures, même si la responsabilité principale en revient à Nicolas Sarkozy. (…)
Nous sommes entre compères. Du coup, la compétition donne le sentiment d’un jeu de rôles, d’une concurrence des ambitions plus que d’une confrontation de programmes.
- Tirer les leçons de ses échecs passés, est-ce un mal ?
Mais voilà justement ce qui n’est pas fait ! (…) La vérité est que la droite n’a pas su offrir un horizon positif et des perspectives collectives au pays.
- La primaire de la droite était censée permettre le renouvellement. Or les favoris sont deux vieux briscards. Comment expliquer ce paradoxe ?
Le renouvellement passe par le fond et par le style. Or ni François Fillon, ni Bruno Le Maire, ni Nathalie Kosciusko-Morizet, ni Jean-François Copé ne paraissent cristalliser le sentiment d’une vraie nouveauté. Ils ne portent pas un discours sur la situation du pays tranchant avec ce qu’on entend partout dans leur camp. Ils s’inscrivent en fait, chacun à leur façon, dans le cercle d’une orthodoxie dont les deux têtes d’affiche restent, après tout, les meilleurs représentants. (…)
- N’est-il pas étrange qu’on en soit à s’interroger sur la participation d’électeurs de gauche ou du Front national à la primaire de la droite ?
Non, dès qu’on y réfléchit un peu. Dans la configuration qui se profile, la primaire à droite est la clé de l’élection de 2017, tous les électeurs l’ont compris. Celui qui la remportera a toutes les chances de devenir président de la République.
La gauche n’a pas de candidat qui paraisse en mesure d’accéder au second tour. C’est la tragédie du vide qui double la farce du trop-plein à droite. Le candidat de la droite modérée investi au terme de la primaire affrontera vraisemblablement Marine Le Pen au second tour, avec de très fortes chances de l’emporter. (…)
- L’Europe semble absente, pour le moment, des sujets qui « accrochent » dans les médias. Trop ardu ? Les candidats évitent-ils d’en parler ?
Tout orateur le sait : l’Europe est le sujet qui vide la salle. La matière fatigue et décourage. On peut être convaincu que l’Union européenne est nécessaire, que c’est le sujet essentiel, mais de là à s’y intéresser… Surtout, traiter sérieusement le sujet reviendrait à aborder ce point douloureux qu’est le déclassement de la France en Europe. (…)
CONFIDENCES DE FRANÇOIS HOLLANDE !
Selon les confidences recueillies par G. Davet et F. Lhomme auprès de Christophe Bouillaud, dans Atlantico, sur le thème « François Hollande voulait liquider le PS au profit d’un parti du Progrès… » – Source (extrait)
- Atlantico : François Hollande souhaiterait supprimer le PS et le remplacer par un « parti du Progrès ». Comment le situer sur l’échiquier politique français ?
Christophe Bouillaud : Il faudrait tout d’abord se demander quelles sont les convictions réelles de François Hollande. L’histoire malheureuse de la déchéance de nationalité semble montrer une très forte variabilité de ses convictions en fonction de l’intérêt électoral du moment. (…)
On peut donc supposer que le parti que fonderait François Hollande s’il en avait la possibilité serait sans doute un parti du centre, très fortement marqué par une vision libérale et européiste des choses. (…)
Sylvain Boulouque : (…) La gauche de François Hollande n’affiche plus du tout la volonté de redistribuer, de repenser le monde ou l’économie. C’est une gauche très gestionnaire, (…) [qui] n’a pas le moindre projet. (…) Au final, François Hollande n’est plus vraiment de gauche. (…)
Eric Verhaeghe : En fait, cette nouvelle gauche ou ce nouveau parti existent déjà: il s’agit des radicaux de gauche, cette vieille famille politique à laquelle François Hollande se rattache assez naturellement, et donc il constitue même une forme de résurgence assez impressionnante. (…) A de nombreux égards, le PS est d’ailleurs devenu, sous Hollande, un parti radical-socialiste, avec une minorité interne de contestation formée dans les rangs du marxisme. (…)
Christophe Bouillaud : Ce flou idéologique correspond plutôt à des considérations électoralistes qui, effectivement, l’amènent à sauver Alstom car nous sommes à un an de l’élection présidentielle. Mais je ne crois pas que l’on puisse fonder un parti sur ce flou. Un parti qui se regrouperait autour de François Hollande serait nécessairement un parti qui assumerait complètement la loi El Khomri, et donc ne pourrait que repousser l’ensemble des sympathisants et militants de la gauche traditionnelle. (…)
- Une dissolution du PS et son remplacement par un nouveau parti serait-il cohérent avec l’état de la gauche aujourd’hui ? Doit-on s’attendre, si ce projet aboutissait réellement, à voir certaines figures socialistes ne pas rejoindre François Hollande et ses soutiens ? Avec quelles conséquences à prévoir ?
Christophe Bouillaud : Effectivement, je doute beaucoup que les partisans de Martine Aubry par exemple, qui sont finalement très modérés, soient prêts à rejoindre François Hollande dans une telle aventure. Je pense au contraire que l’après-2017 verra un recentrage vers la gauche du parti, avec justement une condamnation sans doute très ferme de ce qu’a été la présidence Hollande. (…)
Eric Verhaeghe : (…) L’intérêt du PS est de fabriquer des élus. Son fondement n’est pas idéologique mais politique, au sens électoral du terme. C’est à la fois le terreau et le tombeau du PS. Son terreau parce que le PS est une immense machine à affronter les scrutins, à donner un cadre à des candidats pour être élus dans de bonnes conditions logistiques et juridiques, avec des militants pour faire campagne. Son tombeau parce que la seule chose qui cimente le PS aujourd’hui, c’est l’élection. (…)