À l’assaut de l’Islande

Le tourisme, une nouvelle bulle ? Un phénomène que personne n’avait vraiment vu venir a beaucoup contribué au redressement économique de l’Islande : l’irruption des touristes.

En 2010, le pays accueillait 486 000 visiteurs et l’office du tourisme en espérait 745 000 dans ses projections les plus optimistes pour 2020 (1). On devrait en dénombrer au moins 1,7 million en 2016, sans compter les 4,8 millions de passagers qui n’ont fait que transiter par l’aéroport international de Keflavík (2).

En 2015, cette activité a représenté près du tiers des recettes d’exportation, soit davantage que les produits de la pêche (23 %) ou l’aluminium (20 %).

Les acteurs du secteur multiplient les anecdotes relatives à la sur-fréquentation de certains sites, en particulier dans le Sud-Est. Beaucoup commencent à redouter le nouvel essor de 26 % annoncé pour l’an prochain. « Nous avons vraiment besoin de freiner, de maîtriser cette croissance pour éviter d’être débordés par elle », explique Edward H. Huijbens, directeur du Centre de recherche sur le tourisme islandais de l’université d’Akureyri. « Qui doit construire les routes, les toilettes, et les entretenir ? Les petites municipalités n’en ont pas les moyens. Il est urgent d’introduire une taxe qui ralentirait cette expansion tout en permettant de financer les infrastructures nécessaires. »

Outre les problèmes d’hébergement et d’accès aux sites se pose la question de la main-d’œuvre : « Si nous continuons à ce rythme, estime cet universitaire, il faudra faire venir de dix mille à quinze mille travailleurs étrangers d’ici à 2020. Déjà, à Keflavík, la compagnie Icelandair a racheté des locaux de l’ancienne base américaine pour loger des Polonais employés à l’aéroport. Cet essor ne résulte pas d’une véritable politique ni d’une vision stratégique. Il serait temps d’en avoir une. »

Cas unique de terres émergées sur la dorsale qui sépare les plaques de l’Eurasie et de l’Amérique, l’île présente des formations géologiques étonnantes (failles, geysers, volcans, glaciers) et de vastes étendues sauvages. Mais l’attirance croissante pour la nature, voire « l’aventure », risque d’entrer en contradiction avec le tourisme de masse, qui finit par dégrader et même détruire ce qui a motivé son développement.


Philippe Descamps – Le Monde Diplomatique – Source


  1. « Tourism in Iceland in figures », office du tourisme d’Islande, février 2010, www.ferdamalastofa.is
  2. « Tourism in Iceland in figures », mai 2016.

Une réflexion sur “À l’assaut de l’Islande

  1. alstamatiouphotographies 11/10/2016 / 17h06

    Trop de touristes tuent le tourisme. Mais bon les Islandais sont un peuple intelligent qui savent dirent stop même a leur gignols de politiques, alors ils prendront les justes mesures pour freiner le tourisme que ça plaise au touristes ou pas.

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