L’implosion du PS !

Subjugué par les dogmes du « marché libre » et rivé aux consignes de Bruxelles, le président François Hollande s’obstine à imposer le démantèlement du code du travail, faute de lutter efficacement contre le chômage. Comme une majorité de syndicats, de Français et de parlementaires rechignent, il passe en force, au mépris de toute logique électorale.

Pour le Parti socialiste (PS) français, l’heure du bilan approche.

Rarement un parti aura été aussi rapidement abîmé par son passage aux affaires. En 2012, il tenait l’ensemble des pouvoirs entre ses mains. Quatre ans plus tard, il a perdu un nombre considérable d’élus et, à moins d’un an de l’élection présidentielle, la cause paraît entendue : M. François Hollande, qui se prépare à l’évidence à solliciter le renouvellement de son mandat, n’est même pas assuré de figurer au second tour. L’impopularité du président comme celle de son premier ministre battent des records historiques.

Les défaites à toutes les élections intermédiaires n’ont en rien arrêté la fuite en avant libérale dont la « loi travail » marque l’apogée. Malgré la timide embellie de l’emploi, qui servira sans doute de justification à la candidature de M. Hollande, la politique de l’offre (1) engagée dès l’automne 2012 ne produit toujours pas de résultats.

Pour valoriser l’action du gouvernement, que le peuple de gauche désavoue massivement, le PS reprend mot pour mot les éléments de langage de la droite en 2012 : la nécessité de la « réforme » s’est imposée pour « préserver le modèle social français ». « La politique de l’offre n’est ni de droite ni de gauche : elle est nécessaire », a pu déclarer M. Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement (2).

Désormais, l’aversion suscitée dépasse de très loin les franges de la gauche radicale et la déception que provoque immanquablement l’exercice « réformiste » du pouvoir. Comment comprendre ce qui s’apparente à une autodestruction ? Se dirige-t-on vers la fin du PS ? Quelle rationalité électorale poursuivent les élites socialistes, par ailleurs si « raisonnables » ?

Si leur stratégie apparaît incertaine, elle dérive d’un postulat qui fonde la cohérence et la constance du gouvernement : la politique menée, aussi suicidaire qu’elle puisse paraître, n’est pas négociable. Elle découle dans une large mesure de contraintes européennes que M. Hollande, contrairement à ce qu’il avait annoncé durant la campagne de 2012, n’a pas renégociées. Les choix idéologiques sont si marqués qu’ils prennent le pas sur les intérêts électoraux du parti. Dès lors qu’aucune inflexion n’est envisageable et que le PS n’a plus la base électorale de sa politique, il est condamné à fabriquer un improbable électorat de substitution, au centre gauche, et compte s’appuyer sur la prochaine élection présidentielle pour le faire émerger.

(…) En 2012, quand il accède au pouvoir national, il dirige la quasi-totalité des régions, 60 % des départements, les deux tiers des villes et même, pour la première fois de son histoire, le Sénat. Quatre ans plus tard, la machine électorale est dévastée. Au cours des vingt-deux législatives partielles qui ont eu lieu dans cet intervalle, le PS a été éliminé dès le premier tour dans la moitié des circonscriptions où il présentait un candidat (5).

Après avoir fait prospérer le socialisme municipal dans des proportions jamais atteintes, M. Hollande, lui-même ancien président du conseil général de la Corrèze, en est devenu le fossoyeur.

En 2014, son parti a perdu 162 villes de plus de 9 000 habitants — un record pour des élections municipales. Il ne dirige plus que cinq régions et vingt-six départements. Le « parti des élus » a été sacrifié sur l’autel d’une politique de compétitivité aussi inefficace qu’impopulaire. Repliés sur leurs fiefs locaux depuis 2002, les notables socialistes se sont peu à peu désintéressés des débats idéologiques nationaux. Tétanisés par les défaites, ils semblent attendre que le cycle du pouvoir se referme pour retrouver une opposition qui fut jadis confortable.

(…)


Rémi Lefebvre,Professeur de science politique à l’université Lille II. Le Monde Diplomatique – Source (Extrait) , Titre original « L’autodestruction du Parti socialiste »


  1. Politique libérale consistant à tenter de relancer l’activité économique en multipliant les avantages offerts aux entreprises.
  2. Les Échos, Paris, 17 janvier 2014.
  3. (…) § supprimé
  4. (…) § supprimé
  5. Le Monde, 13 juin 2016.

2 réflexions sur “L’implosion du PS !

  1. fanfan la rêveuse 30/08/2016 / 9h35

    Constat bien réaliste que cet article. Je pense vraiment que la monde de la politique a perdu ses valeurs.
    Il n’est pas qu’au PS que rien ne va plus. Pensez vous vraiment que la droite est liée en son sein ? !
    C’est une réelle catastrophe. Ces messieurs dames ne travaillent plus pour le bien de la France et des Français mais pour l’acquisition du pouvoir et de ces avantages…En ces temps d’avant choix, j’ai le sentiment non pas d’être en France mais aux Etats-Unis avec ses shows politiques »…
    J’ai coutume de dire que « pouvoir et argent détruisent tout », c’est hélas une réalité qui se démontre de plus en plus souvent, s’en est écoeurant…
    Qui aura les compétences et le courage pour remettre à flot notre belle France et quand ?

    • Libre jugement - Libres propos 30/08/2016 / 10h03

      Vaste et complexe constat que tu fais Françoise et ce en lien avec l’article posté. Bien évidemment le nom du parti politique et tous les noms cités, sont interchangeables avec bons nombres d’autres partis politiques et élus a divers titres.
      Ce n’est pas une nouveauté simplement les politique utilisent actes et paroles désinhibés actuellement, c’est la dernière mode de faire de la politique (et encore je pense hélas, que nous n’avons rien vu et que les « concepts a la Trump » et ses discours pour « gogo » envahira les et la politique).

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