LR. – Sarkozy – Conseil national et primaire !

Nicolas Sarkozy voulait taper du poing sur la table. Montrer que c’était lui le patron. Qu’il n’avait pas repris la présidence du parti pour rien. Que la machine LR (ex-UMP) était encore capable de créer du débat, de dégager une ligne politique et d’imposer un chef. C’était là tout l’enjeu du conseil national qui s’est tenu, samedi 13 et dimanche 14 février, porte de Versailles, à Paris.

Le dernier, sans doute, avant que les élus de droite ne se dispersent dans leurs écuries respectives, pour la campagne de la primaire qui se tiendra fin novembre. Il s’agissait de reprendre un peu de galon après une séquence compliquée autour de la réforme constitutionnelle, durant laquelle une partie des députés n’ont pas suivi ses consignes en faveur d’un vote pour ; et de couper l’herbe sous le pied de tous les ambitieux de 2017 qui osent le concurrencer, à commencer par Alain Juppé qui n’en finit pas de creuser l’écart dans les enquêtes d’opinion.

Telle était la volonté du patron de l’opposition. La nécessité, même. Mais la démonstration a viré court. Et l’opération de la dernière chance s’est transformée en combat de boxe. À un contre tous. Jusqu’à son passage au « 20 heures de TF1 », dimanche soir, Nicolas Sarkozy a joué les punching-balls vivants.

Même ce rendez-vous a été éclipsé par l’annonce de la candidature de Jean-François Copé à la primaire et par l’officialisation du ralliement de Jean-Pierre Raffarin à Alain Juppé. Pendant deux jours, l’ex-chef de l’État avait pourtant pris soin de travailler son teasing, jurant à qui voulait l’entendre qu’il réservait des surprises et que personne ne serait déçu. Mais ni son discours de clôture ni son interview télévisée n’ont été à la hauteur de ses promesses.

Comme toujours, il y fut question d’identité, d’« assimilation », de « racines chrétiennes », de « choc de civilisations » et de « France éternelle ». Comme toujours, le patron de l’opposition a assuré que, cette fois-ci, « tout serait dit avant, pour que tout soit fait après ». Comme toujours, il a insisté, le front plissé, sur la nécessité de rassembler sa famille politique autour d’un projet qui serait in fine celui des militants LR, démocratie oblige. Comme toujours, il a fait mine de ne pas vouloir tomber dans les querelles politiciennes et a promis que jamais, au grand jamais, il ne jouerait contre son propre camp. Comprendre : qu’il ne ferait pas comme les autres. Et surtout pas comme Alain Juppé qui voulait le contraindre à clarifier la ligne du parti au lendemain du premier tour des régionales où le FN caracolait en tête.

Réunir les quelque 2 000 personnes qui composent le conseil national (parlementaires, présidents de fédérations fraîchement élus…) était une façon d’exaucer ce vœu, tout en prouvant à son adversaire qu’il se trompait en plaçant son curseur au centre. Samedi, ils étaient finalement moins de 1 000 à s’être déplacés dans le hall 6 du parc des expositions, décidément bien trop vaste pour accueillir si peu de monde. Sans parler de la désertification de dimanche matin, que l’ouverture de la salle aux adhérents parisiens n’a pas réussi à maquiller.

Au départ, tout était pourtant organisé pour asseoir l’autorité de celui qui restera le patron officiel de la droite française jusqu’à l’officialisation de sa candidature – probablement en septembre. Sur scène, étaient installés (…)… La tête de l’organigramme LR, (…). Des sarkozystes, rien que des sarkozystes. Du moins, ce qu’il en reste.

Car s’il est bien une chose que ce week-end a démontré, c’est le niveau de solitude extrême qu’atteint désormais l’ex-chef de l’État. (…)

  • Sa voix porte-t-elle au-delà du noyau dur de militants LR qui lui font des déclarations d’amour pour la Saint-Valentin ?
  • Saura-t-il convaincre les millions de participants que les organisateurs de la primaire espèrent réunir ?

La réponse à ces questions est plus délicate pour le patron de l’opposition. (…)


Salvi Ellen, Médiapart (Extrait) – Titre original « Sarkozy est devenu le punching-ball des candidats à la primaire »  Source