Lorsque la politique « vitrine » contribue à la défiance des électeurs.

Emmanuel Macron et Jean-Jacques Bourdin ont toujours à l’esprit de faire le buzz pour servir leurs egos. MC

L’affirmation du ministre de l’économie proférée mercredi 20 janvier 2016, est bien loin de la réalité et du tableau que dressent les principaux indicateurs de l’Insee.

« La vie d’un entrepreneur, elle est bien souvent plus dure que celle d’un salarié. Il ne faut jamais l’oublier », croit savoir Emmanuel Macron. Et d’ajouter, à l’antenne de BFM TV et RMC, mercredi matin : « Il peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties. » Il y a donc, dans la tête du ministre de l’Économie, d’un côté, « lui », le chef d’entreprise qui prend des risques et n’a pas un quotidien facile, et, de l’autre côté, le salarié, qui, par opposition, aurait donc une existence plus clémente.

[Une] affirmation [qui] s’avère surtout totalement bancale, à y regarder de plus près. Espérance de vie, revenu, endettement : les entrepreneurs ne sont pas les plus à plaindre. Tour d’horizon des différents indicateurs. Une espérance de vie (…), selon l’Insee, les chefs d’entreprise ont une espérance de vie à 60 ans (…) supérieure à celle des employés et ouvriers. Ainsi, à 60 ans, là où les hommes artisans, commerçants et chefs d’entreprise ont en moyenne encore 22,2 ans à vivre, les ouvriers ne peuvent en espérer que 19,6 de plus. Un niveau de vie médian supérieur à celui des employés (…).

En 2013, selon l’Insee, celui des artisans, commerçants et chefs d’entreprise est des 19 680 euros. C’est moins que les cadres (32 200 euros) et les professions intermédiaires (24 060 euros). Mais plus que les employés (19 220 euros), les ouvriers qualifiés (18 970 euros) et non qualifiés (16 630 euros). Un risque de surendettement le plus faible de la population En 2014, selon la Banque de France, les employés sont (…) 34,4% surendettés, susceptibles de «tout perdre».


Cailhol Amandine, Libération (Extrait) – Titre original de l’article « Non, monsieur Macron, la vie d’un entrepreneur n’est pas «plus dure» que celle d’un salarié » – Source


Indignation après les propos de Macron, ….

Yann Galut a dénoncé des propos « provocateurs et hors sol » qui « oppose(nt) les Français entre eux ». (…)

« Qu’il aille dire ça aux six millions de chômeurs! »

« Emmanuel Macron (…) n’a été salarié qu’une fois dans sa vie, comme cadre surpayé de la banque Rothschild. Une nouvelle fois, il se fait le porte-parole des idées de la droite », a indiqué sa formation dans un communiqué.

« Chaque année, des salariés, comme ceux de Continental ou de Goodyear, perdent tout. Et parfois même leur propre vie. Quand il retournera dans le privé, (Emmanuel Macron) aura gagné une nouvelle ligne à son CV : Hollandisme : au nom de la modernité, en charge du mépris de classe, des outrages et des adieux aux valeurs de gauche », a pour sa part fustigé dans un communiqué le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles. « Pas l’impression que les ouvriers que je croise sur les chantiers se tournent les pouces », a abondé l’adjoint au maire de Paris, le communiste Ian Brossat. Le FN a également critiqué le ministre de l’Économie, Florian Philippot affirmant sur Twitter qu’Emmanuel Macron avait « tout faux ».

Cette sortie polémique n’est pas inédite pour l’homme de Bercy, qui avait aussi enflammé les esprits, à la veille de l’université du PS en 2015, en semblant remettre en cause les 35 heures, ce qui lui avait valu un recadrage en règle de Manuel Valls. Le ministre a-t-il cherché à se remettre au centre des débats, après une période de relative abstinence médiatique commandée par les attentats de novembre.

Selon Le Monde lundi, Emmanuel Macron a adressé le 16 décembre à l’Élysée et à Matignon une lettre dans laquelle il prônait « une loi d’urgence contre le chômage », associant des « mesures de soutien à l’investissement privé pour stimuler la croissance et une libéralisation du marché du travail ». Les annonces du plan emploi de François Hollande, lundi, sont restées en deçà de ces préconisations. Mercredi, le ministre a annoncé lui-même qu’il n’y aurait pas de loi « Macron II », les mesures de ce projet de loi étant finalement fondues dans les projets d’autres ministres.


Auteur : A.F. – Le JDD (extrait) – Source


Apostrophe

Si, après trente ans au Smic, vous attendez toujours une augmentation ; si, à enchaîner intérims et CDD, vous avez renoncé à avoir un jour une vie stable ; si une vie à manipuler des produits dangereux vous a rendu malade ; si vous venez de prendre neuf mois de prison ferme pour avoir voulu défendre votre emploi…

Ravalez vite vos plaintes indécentes !

Vous ne vous rendez pas compte à quel point vous êtes privilégié. Car près de vous quelqu’un souffre mille fois plus : votre patron.

C’est le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, qui le dit : « La vie d’un entrepreneur est bien souvent plus dure que celle d’un salarié. Il ne faut jamais l’oublier. » Il sait de quoi il parle : lui-même, entre deux postes dans la haute fonction publique, a connu la vie de planqué de n’importe quel salarié, à la banque d’affaires Rothschild en 2008, d’où il sortit encombré d’au moins 2 millions d’euros supplémentaires.

 

 
Adrien Rouchaleou – Source