Le dépistage des cancers sauve-t-il vraiment des vies ?

Les programmes de dépistage médicaux sont généralement perçus comme les meilleurs moyens de traiter certaines maladies et plus particulièrement plusieurs types de cancer.

Néanmoins, des experts d’Allemagne et des États-Unis ont avancé dans une nouvelle étude publiée dans la revue British Medical Journal (BMJ) que les bénéfices du dépistage sont surévalués et que la pratique en elle-même ne contribuerait pas à sauver des vies.

Cette analyse troublante explique que si l’on constate moins de décès pour un type spécifique de cancer, une fois que le dépistage a été effectué, cela a très peu d’impact sur le taux de mortalité global. (…)

En prenant l’exemple du cancer de la prostate, les chercheurs ont avancé que les résultats positifs du dépistage sont souvent erronés, entraînant les patients à subir des traitements inutiles qui peuvent avoir des conséquences psychologiques et médicales dangereuses. Par exemple, ils avancent que le million d’hommes chez qui le cancer de la prostate a été diagnostiqué et qui subit une biopsie chaque année, un certain nombre pourra souffrir d’une attaque cardiaque, se suicider un an après le diagnostic ou décéder suite à des complications thérapeutiques.

Résumant les résultats de l’étude, le Dr Prasad avançait: « Il est évident que certains décès qui n’ont aucun rapport avec le cancer découlent du dépistage. »  Dans ce cas, le dépistage serait un facteur de risque plus important que le risque de mortalité par cancer.

En juillet 2013, l’INSERM indiquait que le sur-traitement du cancer de la prostate était réel : « L’utilisation généralisée du test PSA [1] dans la prise en charge des cancers de la prostate a conduit à une plus grande précocité des diagnostics. Cette évolution constitue en soi une avancée, les stades précoces étant moins graves donc plus facilement curables. Mais tous les cancers de la prostate n’ont pas la même agressivité et comme beaucoup de tests de dépistage, le dosage du PSA détecte plus facilement les tumeurs qui évoluent le moins vite. Par conséquent, une part non négligeable des tumeurs diagnostiquées suites à un test PSA sont faiblement évolutives ce qui expose des patients aux risques de sur-diagnostic ou de sur-traitement. »

Même son de cloche pour le cancer du sein comme le précise Philippe Nicot, un médecin généraliste français qui a commenté l’étude du Dr Prasad : « Quelques personnes bénéficient certainement du dépistage du cancer. Mais beaucoup d’autres en souffrent. Les risques sont liés à un surdiagnostic et un sur-traitement. Beaucoup de gens doivent faire face à l’idée qu’ils souffrent d’une maladie très sévère, ce qui est souvent irréel. Beaucoup ont à endurer des traitements agressifs pour une maladie inexistante. Et bien souvent, ils sont reconnaissants envers le dépistage parce qu’ils pensent que cela leur a permis de ‘survivre au cancer’. En un mot, le dépistage du cancer est un jeu de hasard, avec très peu de gagnants et beaucoup de perdants. Mais si les avantages sont mis en évidence, les préjudices sont cachés. »

Si les appels au dépistage du cancer du sein sont massivement diffusés en France, les bénéfices ne sont pas prouvés mais les conséquences négatives pour la santé des femmes sont réelles, indiquent 5 médecins dans leur site web « anti-campagne rose, pour connaître la controverse » sur le dépistage du cancer du sein.

Le Dr Prasad et son équipe recommandent que des études démographiques plus vastes, impliquant des millions de personnes, soient effectuées pour déterminer si le dépistage du cancer sauve effectivement des vies. Cette étude serait mieux adaptée pour mesurer tous les décès, plutôt que de se limiter aux décès reliés au cancer.

(…) Dans tous les cas, cette mise en perspective des bénéfices / risques soulève une question plus générale sur l’impact des analyses médicales de plus en plus détaillées et de leurs valeurs considérées comme « saines » pour un individu. (…) Entre les normes qui évoluent, diffèrent suivant les pays et les jugements des praticiens, vous pouvez très bien être considéré comme « malade » ou en pleine forme.


[1] Le dépistage du cancer de la prostate repose sur le dosage dans le sang d’un marqueur spécifique d’un dysfonctionnement de la prostate (antigène spécifique appelé PSA)


Christophe Magdelaine – Source : notre-planete.info


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