- Cela fait quoi, d’être parmi les professions les plus détestées des Français ?
Pierre Bocquet (*) : Si l’image du secteur financier a été touchée par la crise, je suis certain que les Français ont compris que les banques françaises n’en sont pas à l’origine.
La FBF conduit depuis trente ans un Observatoire de l’image des banques et, après un creux en 2010, nous constatons que cette image a désormais renoué avec ses niveaux d’avant crise : 78 % des personnes interrogées ont une bonne image de leur banque.
Mieux encore, 71 % des Français conseilleraient à un de leurs proches de travailler dans une banque. Je n’appelle pas cela de la détestation.
- En 2014, alors que l’Observatoire des tarifs bancaires conclut à une stabilité, l’Insee, lui, montre une hausse de 2,4 %. Cette perception négative des banques n’est-elle pas aussi liée à la politique de facturation ?
Pierre Bocquet: Depuis plus de quinze ans, l’évolution des prix des services bancaires, qui représentent de façon stable 0,7 % du budget des ménages, est largement inférieure à l’inflation en cumulé. Le contexte aujourd’hui est le suivant pour les entreprises bancaires françaises : une récente étude du FMI montre que leur rentabilité est inférieure à celle de leurs concurrentes internationales.
La Banque de France chiffre la rentabilité des banques à 4,5 %, contre 6,5 % pour les autres grandes entreprises. Les banques doivent supporter le coût élevé des nouvelles réglementations et sont confrontées à une hausse sans précédent des charges fiscales et sociales. Comme toute entreprise, une banque doit prendre en compte cette réalité, par la maîtrise de ses charges et par l’adaptation de ses prix. Donc, cette observation de 2014 apparaît, avec un peu de recul, comme une évolution modeste.
- Vous assurez que les problèmes viennent de l’extérieur. Pourtant, ici aussi, il a fallu soutenir les banques : l’État a mis 360 milliards sur la table.
Pierre Bocquet : La France est dans une situation unique, comme l’a démontré une étude récente de la Banque centrale européenne : le soutien aux banques n’a eu aucun impact significatif sur les finances publiques.
Les banques françaises ont mieux que d’autres traversé cette crise et leur situation n’a rien à voir avec ce qui a pu se passer dans des pays comme Chypre, l’Irlande ou encore la Grèce. En France, les pouvoirs publics ont uniquement agi de façon transitoire.
Propos recueillis par Emmanuel Lévy. – Marianne N° 968
(*) Pierre Bocquet est Directeur du département banque de détail et à distance de la FBF.