Je vous invite à visionner cette courte vidéo de Maurice Ulrich qui pointe une pensée d’un « économiste » français très libéral puisqu’il est un des relais en France de Friedman, l’économiste américain qui a « pensé » beaucoup de coups d’Etat en Amérique latine et dont Sarkozy et Macron s’inspirent (voir ci-dessous ce que j’écrivais là-dessus il y a quelques années). Donc si on suit notre économiste français, plus on aurait d’argent plus on pourrait voter. Il réinvente la féodalité…
Jean-Michel Bochaton [merci pour nous avoir signalé ces articles. MC]
« La stratégie du choc »
Il y a un film documentaire qui est diffusé en ce moment par « Canal + » qui est édifiant pour bien comprendre la genèse pure du cœur du capitalisme sauvage sur les 30 dernières années. Il s’appelle la « Stratégie du Choc » relatant la doctrine ultra-libérale d’un groupe d’économistes universitaires appelés les « Chicago boys » dont le maître à penser fut le prix Nobel américain Milton Friedman. [1]
Le fruit de leur recherche fut un condensé issu des « techniques d’interrogatoire » des services secrets américains et de la transposition de ces pratiques en économie. L’influence et/ou l’implication , de ce groupe d’économistes, articulées autour de la stratégie du choc fut appliquée lors du coup d’état au Chili sous Pinochet, lors des grèves des mineurs sous Margaret Teacher en Angleterre, lors du gigantesque programme de privatisation en Russie et dans les ex pays de l’est, lors du tsunami au Sry-Lanka, puis récemment à Guantánamo, en Irak et en Afghanistan, lors du krach boursier ou lors de l’ouragan Katerina à la Nouvelle Orléans ou du tremblement de terre d’Haïti…….
En matière militaire et policière, la stratégie du choc, consiste à, dès l’arrestation, faire perdre tous les repères sensoriels au prisonnier, à lui casser très vite toute volonté de résistance, par l’angoisse, la peur, en l’isolant et en le désorientant pour le rendre docile.
En économie « la stratégie du choc » vise à sidérer population et salariés, à rendre incompréhensible les décisions prises, à les mettre en place nombreuses et rapidement pour court-circuiter la capacité d’analyse des couches populaires, les grèves, les propositions alternatives. L’idée étant d’isoler chaque individu face à des mesures brutales, de grandes ampleur, à réduire à néant toute résistance sociale et politique.
Pour amener la privatisation, l’exploitation maximum, le pillage des richesse, la casse des services publics cette pensée unique des « Chicago boys » aura profité des opportunités par les diverses dictatures militaires dans le monde, par la guerre ou les catastrophe naturelle telle Katerina (bien qu’il soit à la fin de sa vie, Milton Friedman préconisa de profiter de l’anéantissement de l’État de la Nouvelle Orléans pour privatiser totalement la ville et le système scolaire). On notera que les récentes interventions du FMI entrent dans cette logique en Grèce, en Irlande, au Portugal ou en Espagne…..
Qu’a à voir la « stratégie du choc » avec la réforme territoriale des collectivités dite « loi Balladur » me direz-vous ? Tout ! Si Milton Friedman n’est plus, il a fait des adeptes influents surtout en Europe.
Pour le Medef-l’UMP et l’oligarchie financière qui nous gouvernent, il faut frapper fort, vite en stoppant toute idée de résistance.
La nouvelle loi de réforme des collectivités locales se veut un carcan global qui dépasse les seules collectivités ! Dans la foulée il nous est présenté le transfert du déficit public de l’État sur les collectivités, la suppression de la taxe professionnelle, l’accélération de l’exonération des cotisations sociales des entreprises, d’introduire la notion de fusion entre communes, d’imposer des regroupements intercommunaux tellement grands que les citoyens auront beaucoup plus de mal à pouvoir peser sur les décisions, la mise en concurrence exacerbée des hommes et des territoires avec la logique des pôles de compétitivité ou les pôles métropolitains qui ont pour ambition de casser l’État et de nous absorber toujours plus dans une Europe dont la bible est le traité de Lisbonne.
La volonté est de remettre définitivement les clefs de nos collectivités à Véolia, Suez, Bouygues et consorts…..
Partout, les préfets de chaque département sont à la manœuvre. Certes, ils ne sont sans doute pas tous des économistes adeptes de Friedman. Il n’empêche, les Préfets ont ordre, partout en France, d’imposer pour fin juin une carte des intercommunalités décidée sans concertation. Ils tentent de fixer un calendrier sur lequel, nous n’aurions pas de prise. Leur objectif, c’est de casser l’avancée de la révolution de 1789 : la création des 36000 communes françaises.
Sont-elles parfaites ces communes ?
Non ! Il ne s’agit pas de les idéaliser mais relevons que c’est bien à l’échelle de chacune de nos communes que s’exercent l’essentiel de nos pratiques citoyennes ou associative et que c’est bien à partir de ces entités que se mettent en place de multiples pratiques de démocratie participative.
Dans la Drome, certains élus de grandes villes ou parlementaires font mine d’avoir un projet « visionnaire » du territoire alors qu’ils ne font finalement que suivre les désidératas de choix décidés beaucoup plus haut. Il n’y a pas de solutions d’avenir à accompagner le mouvement !
Citoyens, élus locaux, syndicalistes, mobilisons contre ce diktat que le Préfet veut nous imposer d’ici fin juin au sein de la Commission Départementale de la Coopération Intercommunale (CDCI), mettons en débat les mesures législatives pour casser la réforme Balladur dès l’échéance des présidentielles et des législatives.
Mettons au cœur de notre démarche et de nos mobilisations la transparence, la démocratie et les nécessaires constructions alternatives collectives.
Ensemble faisons échec aux « Chicago boys » à la française.
Jean-Michel BOCHATON – (à l’époque de la rédaction de l’article 03 juin 2011 …) Adjoint à l’économie et à l’emploi à Portes les Valence (26)
[1] Cliquez ici pour vous rendre directement sur le documentaire pour le visionner (1h10)