L’existence d’une presse indépendante est gage de démocratie.

La presse imprimée a besoin de financements pour opérer une mutation qui répond à de nouvelles habitudes de lecture, et compenser une baisse des recettes publicitaires. Un impératif de changement qui a fait des journaux des proies faciles. C’est à vil prix que ces nouveaux prédateurs s’en sont emparés.

Mais, loin de leur permettre de se moderniser et de se renforcer, ils multiplient au contraire les plans de licenciements rendant toujours plus difficile le travail des journalistes. Ils ne font là que mettre en pratique leur vision de la société. Et s’ils sauvent des titres, c’est pour mieux les étouffer ou les soumettre.

La qualité de l’information est évidemment le cadet de leur souci.

Qu’ils aient fait fortune dans la téléphonie mobile, dans l’armement ou dans le luxe, ils sont étrangers au monde de la presse. Ils ont en commun d’être de purs produits du capitalisme financier. Leur mimétisme n’épargne aucun champ de l’actualité. Comment s’étonner ensuite qu’un seul discours envahisse l’espace public ? Notre échec serait leur victoire.

Si j’avais à donner une définition de notre journal « Politis », je dirais précisément que nous faisons partie de ceux, (trop rares encore une fois), qui défendent l’idée qu’il y a toujours une alternative. Nous sommes les ennemis résolus de « Tina », le trop fameux « there is no alternative » de feu Margaret Thatcher. Il n’y a pas de débats possibles sans alternatives, et pas de démocratie sans débats. On peut donc affirmer que l’existence d’une presse indépendante est un enjeu démocratique.

Si, depuis près de trente ans, Politis parvient à faire entendre une autre voix, sur le temps de travail, sur les retraites, sur les salaires, sur la répartition des richesses, sur la croissance, sur la dette grecque, sur l’immigration, sur l’environnement, sur l’Europe, et même sur le Proche-Orient, c’est que nous n’avons jamais eu à composer avec des intérêts commerciaux, ni à plaire à des annonceurs. Notre indépendance a toujours été jalousement gardée, que ce soit à l’époque de Bernard Langlois ou avec l’équipe actuelle. Aujourd’hui, c’est une association réunissant les salariés de Politis et des lecteurs élus en assemblée générale qui est notre actionnaire majoritaire. Dois-je ajouter que tous nos actionnaires partagent notre exigence d’indépendance ?

Nous sommes libres, totalement libres.

Mais le système se venge. Politis est économiquement fragile. Pour faire face aux défis de la modernité, pour répondre à la demande de ses lecteurs et leur offrir la possibilité de nous lire à tout moment sur des supports mobiles, d’échanger entre eux et avec nous, pour être en mesure de produire une information de qualité sur le Net comme dans l’hebdomadaire, pour organiser les débats qui correspondent aux interrogations de notre époque, Politis a besoin de vous. Il nous faut les outils nécessaires pour endiguer une érosion rendue inéluctable par l’évolution des techniques et des habitudes de lecture. Voilà pourquoi, nous nous tournons vers vous, lecteurs et amis.

D’après l’Edito de Politis -N° 1376 – Denis Sieffert. Intitulé « Pourquoi nous avons besoin de vous »   Source

Note ce n’est pas hélas la seule edition dans le besoin. Les finances sont aussi difficiles à l’Humanité (quotidien et hebdomadaire) mais aussi a nombres de revues mensuelles. MC