Après « l’unité » de Versailles. Sauf Mélenchon, critiques modérés de la gauche radicale.

La trêve n’aura duré qu’un week-end.

Lundi 16 novembre, après l’intervention de François Hollande devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, Jean-Luc Mélenchon n’a pas mâché ses mots.  » Son discours est une défaite morale et il n’y aura pas de consensus là-dessus avec nous » déclare au Monde le député européen. « On dit qu’il y a un deuil national et qu’on interrompt les polémiques, mais si on veut que ce soit le cas, il ne faut pas mettre sur la table un objet qui soit matière à polémique. Une révision constitutionnelle, ce n’est pas rien. « 

Et M. Mélenchon de lister ses désaccords :

  •  » En gros, on nous propose d’échanger des libertés contre la sécurité « , résume-t-il.
  • la prolongation de l’état d’urgence souhaitée par M. Hollande revient à  » fabriquer un état d’exception permanent « ,  » un genre de Patriot Act «  à la française.
  • la volonté du chef de l’État de déchoir de leur nationalité des binationaux nés en France,  » une idée de Mme Le Pen « , commente M. Mélenchon.
  • cette idée n’est qu’ » une contribution au fantasme sécuritaire «  qui ne ferait que créer une  » loi des suspects « .

L’ancien coprésident du Parti de gauche salue en revanche la :

  •  » remise en cause de la politique budgétaire «  avec l’augmentation des moyens humains dévolus à la police et à la justice.
  •  le  » changement de pied «  sur la Syrie,  » la main tendue «  à Moscou et la convocation du Conseil de sécurité de l’ONU pour constituer une coalition internationale contre le groupe Etat islamique comprenant la Russie.

Une annonce saluée également par les communistes.  » Ça fait longtemps qu’on souhaitait que le Conseil de sécurité de l’ONU soit saisi et que l’ensemble des acteurs internationaux, y compris la Russie, se mettent autour d’une table « , indique Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF.

Union nationale oblige, les communistes, comme les écologistes, sont restés plus mesurés dans leur expression, malgré le ton martial du chef de l’État.

  •  » Ce discours répond à la préoccupation première qui est celle de la sécurité de nos concitoyens mais nous amène à être extrêmement vigilants sur la manière dont tout cela va évoluer « , explique M. Dartigolles.
  • Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts a aussi semblé embarrassée pour commenter les propos de M. Hollande. Elle a salué un discours  » très engagé « , avec des propositions  » essentielles «  sur l’augmentation des moyens de la police et de la justice, tout en souhaitant rester  » vigilante «  sur ce que sera  » le pacte de sécurité « .
  • Seul bémol : la déchéance de nationalité,  » mesure gadget «  qui  » semble répondre à une exigence très forte de la droite et de l’extrême droite « . On est loin de l’indignation des écologistes lors de l’examen de la loi sur le renseignement.

    Besse Desmoulières Raphaëlle, Le Monde du 18 nov. 2015 – Titre original « Jean-Luc Mélenchon dénonce  » une défaite morale  » du chef de l’Etat » – Source