11 novembre 1918. 20 millions de victimes en France.

Commémorons la fin d’une des plus sale guerre qui soit et une des plus meurtrière.

Réhabilitons ceux qui ont été « fusillé pour l’exemple », ceux-là qui refusèrent de suivre des ordres inadaptés. (…) 953 soldats français avaient été fusillés entre 1914 et 1918, dont 639 pour « désobéissance militaire », (…) 47 pour motifs « inconnus ».

La question des soldats français condamnés à mort et exécutés pendant la première guerre mondiale continue de faire l’objet de débats publics. La proposition de loi sur la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la guerre de 1914-1918 défendue par les sénateurs communistes avait été rejetée lors d’un vote, le 19 juin.

« Fusillés pour l’exemple »

Début 2014, les archivistes du service historique de la défense (SHD), renforcés pour l’occasion, ont ainsi commencé à dépouiller intégralement les quelque 6 500 boîtes d’archives produites par les conseils de guerre pour la période des hostilités en vérifiant tous les dossiers de procédures et tous les registres de jugement.

Le nouveau décompte du SHD confirme le nombre de 639 fusillés pour « désobéissance militaire », mieux connus par l’opinion sous le nom de « fusillés pour l’exemple », soit ceux qui furent exécutés pour abandon de poste en présence de l’ennemi, refus d’obéissance, désertion à l’ennemi, voies de fait envers un supérieur, capitulation en rase campagne et instigation à la révolte.

Les cas jusqu’alors inconnus repérés par le SHD concernent les fusillés pour crime de droit commun et espionnage. « Les archives des conseils de guerre des régions militaires, de Paris et d’outre-mer avaient en effet moins intéressé les chercheurs que ceux de la zone des armées, de même que les droits communs et les espions avaient légitimement moins attiré l’attention des historiens que les mutineries par exemple », explique Bertrand Fonck, conservateur au SHD de Vincennes (Val-de-Marne).

Le SHD a également trouvé 113 individus fusillés par les conseils de guerre d’« outre-mer », documentés par les archives de la justice militaire. Le terme outre-mer englobe d’anciens départements français comme l’Algérie, mais également d’anciennes colonies (Indochine) et le front d’Orient. « Nous ne disposons pas de statistiques plus fines à ce stade. Dans ce domaine et de manière générale, il reviendra aux chercheurs de mettre à profit la matière brute que le ministère de la défense met à disposition de tous pour approfondir leur connaissance du sujet », indique M. Fonck.

Le recomptage des fusillés est-il clos ?

Pour Bertrand Fonck, les chiffres annoncés sont proches de la réalité des faits. « Mais il faut garder à l’esprit que de 10 % à 20 % des archives produites à l’origine par les conseils de guerre n’ont pas été conservées du fait des aléas de l’histoire, concède-t-il. On peut penser que le fichier des morts pour la France ne permet pas de compenser totalement ces pertes. Les milliers de cartons des archives des unités et des états-majors conservés au SHD recèlent encore sans doute des éléments très éclatés, de même que les registres matricules, conservés en archives départementales, la presse ou les témoignages individuels bien sûr. »

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La numérisation des archives des conseils de guerre relatives aux fusillés, soit 120.000 images qui seront désormais consultables à travers une base nominative sur le site Mémoire des hommes, devrait toutefois contenter les chercheurs. Cette base de données sera également consultable sur les bornes interactives installées dans les salles du Musée de l’armée consacrée aux fusillés. (…)

Antoine Flandrin, Journaliste au Monde – Source