Confiance ! Mot galvaudé ayant perdu ses couleurs.

Le Président nous y invite. « Il faut faire le pari de la confiance », a-t-il lancé lundi en ouverture de la conférence sociale.

« Confiance », voilà bien le mot qu’il faudrait ne plus prononcer. Depuis trois ans, François Hollande a méthodiquement ruiné ce capital si précieux en démocratie, qui unit un peuple à ses élus. Tant et si bien qu’à chaque annonce on se demande où est l’arnaque ? Où est l’arnaque lorsque François Hollande propose de « clarifier » le code du travail ?

Où est-elle lorsque le Président et son Premier ministre font un usage surabondant de ce mot, lourd désormais de toutes les ambiguïtés : « réforme » ? Depuis trois ans, on n’a pas souvenir que la « réforme » ait servi à autre chose qu’à une régression sociale. Résultat : la France des salariés est incrédule. Le fameux « dialogue social » sonne à ses oreilles comme une nouvelle tartufferie.

Fallait-il en plus, agiter ce chiffon rouge de la « réforme » du code du travail qui n’était pas prévue au programme ? Et cela dans le contexte tendu de l’affaire d’Air France. Où est le souci d’apaisement, pourtant appelé de ses vœux par François Hollande dans le même discours ?

L’alibi d’un code du travail qui serait devenu « illisible » ne trompe personne.

Ce n’est pas un genre littéraire. Pas besoin d’être parano pour supputer qu’un gouvernement placé sous l’hégémonie idéologique d’un Emmanuel Macron ne va pas s’en tenir à des considérations stylistiques.

Le problème, c’est qu’on est saisi du même doute en face d’une mesure qui pourrait, a priori, avoir bien des avantages. C’est le cas du compte personnel d’activité qui consisterait à préserver les droits des salariés tout au long de leur vie professionnelle, périodes de chômage comprises. Une belle idée aux contours encore trop flous.

Le soupçon vient du fait que ce dispositif, annoncé pour 2016, prend place dans un discours construit autour du concept général de flexibilité. Confiance, où es-tu ?

Mais un péril plus grand encore guette le pays.

Que se passera-t-il lorsque le ressort se brisera définitivement, et lorsque les électeurs de gauche bouderont massivement les urnes ? Lorsque nos concitoyens, las de ce chantage, finiront par dire « même pas peur » ? C’est déjà ce qui s’est produit aux européennes, l’an dernier.

C’est ce qui va se produire pour les régionales du mois de décembre. En attendant peut-être la présidentielle de 2017. Bien sûr, il existe une alternative [Front de gauche a condition de s’unir sur un projet]. Et de ce côté-là, il n’est vraiment pas trop tôt pour agir. Mais si, comme c’est probable aujourd’hui, c’est la droite qui l’emporte, ou le FN, qu’adviendra-t-il de la gauche ? (…)


D’après des extraits de l’Editorial de Denis Sieffert – Politis N° 1374 – Source