Le visible et l’invisible.
Deux violences dos à dos. La violence physique visible, télégénique, médiatisée, exercée sur deux dirigeants d’Air France, contre la violence sociale invisible de 2900 suppressions de postes envisagées dans la compagnie.
- Par quelle violence suis-je, devrais-je être le plus indigné ?
- Pourquoi celle-ci me laisse-t-elle plus indifférent que celle-là ?
- Puis-je m’indigner des deux ?
- Ne pas perdre de vue l’invisible S’indigner sur le visible, oui.
- Rien ne justifie de s’en prendre physiquement à des dirigeants d’entreprise dans une négociation sociale. Mais sans perdre de vue l’invisible.
- Le même jour où les deux cadres d’Air France devaient sauter un grillage, chemise déchirée, pour fuir la colère des syndicalistes, le Conseil d’État jugeait illégales les modalités de calcul du différé d’indemnisation définies dans la convention chômage de 2014 – sans toutefois remettre en cause le principe lui-même du différé.
S’indigner sur le visible, oui. Rien ne justifie de s’en prendre physiquement à des dirigeants d’entreprise dans une négociation sociale. Mais sans perdre de vue l’invisible. Le même jour où les deux cadres d’Air France devaient sauter un grillage, chemise déchirée ou arrachée, pour fuir la colère des syndicalistes, le Conseil d’État jugeait illégales les modalités de calcul du différé d’indemnisation définies dans la convention chômage de 2014 -sans toutefois remettre en cause le principe lui-même du différé.
Si toute la presse de droite a fait sa une sur les dirigeants d’Air France à la chemise déchirée, seule L’Huma a choisi l’arrêt du Conseil d’État (Libé, pour sa part, optant pour la mort de l’auteur suédois) C’est technique ? Oui.
Mediapart souligne un autre point de cette même décision du Conseil d’état. Pôle emploi ne pourra plus retenir leurs indemnités aux chômeurs, en cas de « trop perçu ».
Mediapart rappelle le cas de Djamel Chaar.
Chaar enchaînait les petits boulots, comme on dit. Ne sachant pas que ses heures de trop perçu, qu’il avait remboursées, n’ouvraient pas de nouveaux droits, et à la suite de longs échanges infructueux avec son agence Pôle emploi, il avait fini par s’immoler en 2013 devant l’agence de Nantes.
Le Conseil d’État donne raison à Chaar
Si Manuel Valls s’est déclaré « scandalisé » par les chemises déchirées d’Air France, les gouvernants s’étaient alors montrés nettement plus mesurés dans leurs déclarations sur le cas de Djamel Chaar. Après avoir exprimé « une émotion toute particulière », François Hollande avait déclaré exactement : « Le service public de l’emploi a été, je crois, exemplaire, il n’est nul besoin d’aller chercher une responsabilité. Quand se produit un drame, qui est un drame personnel, c’est aussi un questionnement à l’égard de toute la société. »
Avec retard, le Conseil d’État donne raison à Djamel Chaar, dont Pôle emploi avait reconnu après sa mort « qu’il n’avait jamais voulu frauder ».
Djamel Chaar n’a jamais fait la une du Wall Street Journal ou du Financial Times, lui.
D’après Scheidermann Daniel, Rue 89 – source original « Arrêt sur images »
Le déferlement de réactions sur les réseaux sociaux, en défaveur des mesures prisent contre les employés d’Air France et la façon dont cet événement est relaté dans les médias radios, écrits et télévisuels manipulé a dessein … n’oublions pas qu’une de prochaine election aura lieu en décembre … est la preuve (s’il y avait encore des doutes ) de la force du Medef sur l’info.
MC