S’indigner de la mort d’Aylan ne sert qu’à soulager nos consciences

En regardant comme tout le monde cette image qui a abondamment circulé sur Internet et dans la presse, “je me suis senti partagé entre deux sentiments contradictoires”, explique Max Fischer sur le site Vox. La tristesse et l’indignation d’une part. Mais aussi “une sensation de malaise, en voyant comment ces images étaient transformées en un énième objet viral”, tweeté, partagé et commenté à l’infini.

kianoush - Courrier IntlDessin de Kianoush

Le journaliste appuie son analyse sur un ouvrage de Teju Cole, qui s’est penché sur “le cycle de l’indignation et de la compassion sur Internet, lequel ne sert bien souvent, au final, qu’à divertir et à rassurer le public occidental. Ainsi, au lieu de se sentir obligé de se demander s’il est complice de la tragédie lointaine qu’il est en train de partager sur Facebook, ce public peut se rassurer en se disant qu’il participe à la solution.”

L’indignation ne suffit pas

On s’est beaucoup indigné sur la Toile en voyant les tabloïds britanniques pleurer la mort du petit Aylan alors que, “n’importe quel autre jour, ils afficheraient à la une des titres angoissants sur la supposée menace posée par les réfugiés”. Une preuve supplémentaire, estime Vox, “d’un sentiment majoritaire dans les pays occidentaux : un enfant qui meurt est une tragédie, un million  de réfugiés qui souffrent sont une menace”.

Si l’on entend réellement venir en aide aux réfugiés, “il va falloir faire des choses que l’on a refusées, fortement, et depuis des générations”.

C’est-à-dire accueillir nombre d’entre eux, vivre au quotidien avec “des gens qui ne vous ressemblent pas forcément, parlent une autre langue, […]  et qui pourraient porter le voile ou vouloir construire une mosquée dans votre quartier”.

L’indignation ne suffit pas, conclut le site américain. “Si nous ne voulons plus que des enfants syriens meurent en Méditerranée, nous devons commencer par nous interroger sur nous-mêmes, sur notre façon d’envisager nos identités culturelles, et pourquoi nous tenons tellement à exclure des réfugiés afin de protéger ces identités. Et ça, c’est très difficile à faire.”

Auteur Kianoush – Courrier internationnal – SOURCE –