L’époque où l’actionnaire n’avait pas son mot à dire sur la marche de Canal + est définitivement révolue. Vincent Bolloré a officiellement annexé l’« État dans l’État ».
Le principal actionnaire de Vivendi a pris la tête du conseil de surveillance de sa filiale Canal + et placé ses fidèles lieutenants aux postes stratégiques. Parmi eux, Jean-Christophe Thiery, actuel président de Bolloré Media, remplace Bertrand Meheut, le président du directoire de 64 ans, après 13 ans de bons et loyaux services. Ce dernier, toutefois, conseillera Vincent Bolloré « sur les importants développements que Vivendi souhaite voir réaliser par Groupe Canal + », a indiqué Vivendi dans un communiqué.
Vincent Bolloré et Bertrand Meheut, Bretons tous les deux, se connaissent depuis longtemps. En 2011, le président de Canal + avait négocié en tête-à-tête avec l’industriel le rachat de ses chaînes Direct Star et Direct 8. Ce qui avait permis à Vincent Bolloré de rentrer au capital de Vivendi. Surtout, Bertrand Meheut est l’homme qui a sauvé Canal + en juin 2002.
Au bord de la faillite, l’entreprise était à vendre pour un euro symbolique et cumulait cinq milliards de dettes. Aujourd’hui, le groupe est rentable. Mais il doit affronter de nouveaux défis. Multiplier les synergies Pour cela, il a besoin de sang neuf. Outre l’arrivée de Jean-Christophe Thiery, Maxime Saada remplace Rodolphe Belmer au poste de directeur général. Julien Verley, le PDG de la filiale polonaise de Canal +, pilotera la relance marketing du groupe.
D’autres arrivées ont été annoncées, notamment celles de Guillaume Zeller pour l’information, Thierry Cheleman pour le sport, et Didier Lupfer pour le cinéma. Ils travailleront en binôme avec les équipes en place. Dans un premier temps, du moins. L’idée étant à la fois d’aider à casser la logique de silo qui prévaut en interne et de faire prendre la greffe entre Canal + et Vivendi.
Bref, Vincent Bolloré veut abattre les cloisons pour multiplier les synergies. « Parlez-vous, échangez ! », insiste Vincent Bolloré dans un courrier aux salariés dévoilé par le site Puremédia. « Il souhaite que les talents et les produits des deux entreprises se mélangent », indique un proche du dossier. À vrai dire, cette volonté d’intégration forte correspond à une logique capitalistique : aujourd’hui, Canal + est une société détenue par un seul actionnaire, Vivendi.
Parmi les priorités, il faut « replacer notre abonné et sa satisfaction au cœur de nos préoccupations », poursuit l’homme d’affaires. Ce qui se traduira par une politique très offensive d’acquisition de droits dans les domaines de la fiction, du cinéma et du sport, les trois grands piliers de la chaîne. « Canal + est certainement l’actif sur lequel va se construire le futur Vivendi », confie un proche du dossier.
Sallé Caroline, Le Figaro – Source