Dans un royaume sous l’emprise des religieux, les interdictions sont multiples, explique cette journaliste du site libanais Raseef22.
Quel que soit son niveau d’instruction, une femme saoudienne ne pourra pas se déplacer sans être accompagnée de son tuteur mâle. Ce rôle de tuteur est parfois tenu par son propre fils. Cela a parfois eu des conséquences mortelles.
En 2002, quand un incendie s’était déclaré dans une école de filles de La Mecque, la police religieuse avait interdit aux pompiers de pénétrer dans le bâtiment afin qu’ils ne se retrouvent pas dans le même espace que ces filles en l’absence du tuteur mâle. Privées de secours, quinze filles sont mortes dans les flammes.
Les Saoudiennes ne peuvent pas non plus voyager sans l’accord de leur tuteur. Elles ont besoin de son accord pour travailler, étudier, aller voir un médecin ou se marier. Si une femme se fait arrêter par la police, elle ne sera libérée à la fin de la procédure qu’à condition que son tuteur vienne la chercher.
Il arrive que le tuteur refuse de venir, ce qui revient de facto à une condamnation à la prison à vie. Elle n’a toujours pas le droit de conduire. Des Saoudiennes qui ont eu le courage de s’afficher au volant de leur voiture ont été emprisonnées.
Pas de foot, pas de gym
Un autre sujet fait polémique, à savoir les cours de gymnastique dans les écoles pour filles. Des fatwas sont publiées pour dire que cela encourage les filles à renoncer au voile et à participer aux championnats internationaux, où elles seraient dans des tenues “inappropriées”.
Les femmes n’ont pas non plus accès aux stades de foot. En 2014, les autorités ont décidé qu’elles pouvaient y aller à condition qu’elles ne s’y rendent pas seules mais dans un cadre familial, qu’un espace réservé y ait été aménagé et qu’il y ait des entrées et sorties séparées des hommes.
Pour ce qui est des droits politiques, les femmes ont obtenu le droit de vote et de candidature aux élections municipales [ces conseils municipaux n’ont aucun pouvoir réel]. De même, un quota de 20 % des sièges leur a été accordé au Majlis al-Choura [conseil consultatif].
Or les membres de celui-ci, souligne la journaliste saoudienne Bouthaina Nasr, ne sont pas élus mais désignés par le roi. “En réalité, les femmes comme les hommes sont privés de droits politiques, souligne-t-elle. Il n’y a ni syndicats, ni partis politiques. Et cela est vrai aussi bien pour les hommes que pour les femmes.”
Peu d’emplois envisageables
Pour ce qui est des droits économiques, l’Arabie Saoudite est en tête des pays qui limitent les opportunités économiques des femmes. Il n’y a ni égalité de salaires, ni égalité pour les heures de travail hebdomadaires.
De même, les femmes ne peuvent travailler que dans un nombre restreint de domaines, alors qu’il n’y a aucune loi écrite leur interdisant l’exercice d’un quelconque métier. A cela s’ajoutent les difficultés dues au transport, car elles n’ont pas le droit de conduire et les autres moyens de transport sont rares.
Enfin, la stricte séparation entre les sexes leur interdit de se mêler à leurs collègues masculins sur les lieux de travail. Si le tuteur mâle d’une femme ne veut plus que celle-ci travaille, elle sera congédiée par le chef d’entreprise.
La plupart des femmes actives occupent des postes dans l’enseignement et la santé, ainsi que dans un certain nombre de secteurs qui leur ont été́ ouverts depuis 2010 [tels que, notamment, la vente de lingerie féminine, secteur qui auparavant était réservé́ aux hommes].
Mouna Hamdan – Raseef22 – Beyrouth Courrier Internationnal – SOURCE