Avec sa démission et l’annonce d’une nouvelle élection, il pose aujourd’hui un double problème politique et moral.
Édito de Politis N°1366 (Extrait) – Auteur Denis Sieffert
À propos d’Alexis Tsipras, j’ai soigneusement évité jusqu’ici les mots qui fâchent. Celui de « trahison » par exemple. Et pour cause ! Pendant six mois, le principal leader de la gauche radicale grecque a livré un combat courageux pour obtenir de la troïka un accord qui ne condamne pas son peuple à une nouvelle cure d’austérité. Et sur cette période, qui va de la victoire de Syriza au calamiteux accord du 13 juillet, on ne peut lui reprocher aucune faute. Tout juste des erreurs.
Sans doute s’est-il mépris sur sa capacité à créer un rapport de force européen. Sans doute a-t-il cru que la France, dont le gouvernement est réputé de gauche (à l’étranger encore…), serait une alliée dans la négociation. Et peut-être même a-t-il espéré – comble de naïveté ! – qu’un sursaut de vertu démocratique saisirait ses interlocuteurs au lendemain du référendum du 5 juillet. Mais malgré toutes ces illusions (et nous en avons partagé quelques-unes), il a mené une rude bataille.
La suite, hélas, est moins glorieuse.
Avec sa démission et l’annonce d’une nouvelle élection, il pose aujourd’hui un double problème politique et moral. Entendons-nous bien : le problème n’est même pas qu’il ait lâché prise le 13 juillet. On ne peut lui faire reproche de n’avoir pas cru à une solution alternative, bien improbable dans l’état actuel de la gauche européenne. Même Yanis Varoufakis, apôtre du « plan B », a reconnu qu’il n’existait guère que des subterfuges destinés à gagner un peu de temps. Mais il n’y avait aucune raison de penser que les tueurs d’en face auraient lâché du lest quelques semaines ou quelques mois plus tard.
Les guichets des banques seraient donc restés fermés jusqu’à asphyxie totale de la population. Tsipras n’a pas voulu pratiquer la politique du pire ni tenter « le diable » Schäuble ! Le problème est qu’il se soit ensuite offert pour mettre en œuvre lui-même une politique désastreuse. Celle de ses adversaires. Celle dont son peuple ne voulait plus, et que lui-même avait combattue de toutes ses forces.
Et voilà qu’aujourd’hui il pousse le bouchon un peu plus loin encore, sacrifiant son parti, en cours d’implosion, à la mise en œuvre du fameux mémorandum. La première défaite de Tsipras, celle du 13 juillet, était celle de toute la gauche européenne. Un froid constat de l’état où nous sommes. Celle d’un isolement. (…)
Tsipras a pourtant eu un mot très juste à la télévision, et très démocratique, lorsqu’il a dit avoir atteint « les limites de son mandat ».
(…) la « bataille de Grèce » n’est évidemment pas finie. Elle va se poursuivre. Yanis Varoufakis a raison de dire que, derrière la Grèce, c’est la France qui est visée, et ce qui reste de son État-providence . C’est une étape de la lutte de classes européenne qui se joue. La bataille va se déplacer, en passant par l’Espagne, avec les élections de décembre. La gauche radicale française aussi est attendue au tournant. (…)
Denis Sieffert – EXTRAIT – Article paru dans Politis n° 1366
Monsieur Tsipras, voire le Camarade Tsipras, coincé entre le marteau allemand et l’enclume européenne, a manqué d’appuis. L’économie libérale est le seule qui vaille. Mort à ceux qui n’acceptent pas la dictature du fric. Faute d’alliés il a dû accepter une politique qu’il refusait ainsi que son peuple. Il tire les justes conséquences de cette incapacité en remettant en jeu le mandat que lui ont confié les Grecs. Au pays qui a inventé la démocratie cela ne devrait choque personne, encore moins ceux qui habitent celui des Lumières. Hollande n’a pas le courage de Tsipras, lui qui commet une politique contraire à ses engagements de campagne.
Pas trop d’accord avec le commentaire ci-dessus, par contre le texte signé par D. Sieffert me convient plus.
Alexis Tsipras ne sort nullement grandi d’avoir accepté et fait voter par le parlement Grec, les dernières « exigences » ultra-libérales, matinées d’ingérences dans les affaires internes, dictées par l’Eurogroupe et la « pressions », de l’Allemagne.
Syriza, le parti qui l’a élu et permit au peuple grec, mais aussi à tous ceux présents et à venir dans l’Eurogroupe, d’espérer une renégociation des traités européens, (Maastricht et Lisbonne) ont perdu cette possibilité qui s’offrait à eu.
Faire voter ce qu’il ne voulait pas d’une part, prétendre qu’il en était obligé, présenter sa démission… tout en espérant être réélu si ce n’est avec Syriza avec une coalition allant jusqu’à la droite, voilà bien un homme a la veste retournable selon son intérêt.
Bien sur nous sommes tous déçus, mais Alexis TSIPRAS ne disposait plus de majorité, avait-il d’autre choix que de remettre son mandat et sans doute de repartir plus fort et mieux soutenu pour renégocier ?
Chacun le sait surtout lorsqu’on commence avoir un peu d’âge qu’il est extrêmement difficile de renégocier surtout lorsqu’un Etat est autant sous l’emprise des banques et du diktat de l’Eurogroupe.
C’est pourquoi je ne me fais aucune illusion, ce qui est acté le restera, d’autant plus que Tsipras, la fait voter par son parlement.
Aussi la duperie de celui-ci, à mon sens, est bien à la fois d’avoir accepté et fait voter et enfin d’essayer de se dédouaner en démissionnant de son poste de Premier ministre.
À la place du peuple je ne revoterais pas pour cette personne.
Par contre je me rangerais du côté de ceux qui ont quitté Syriza et forme un nouveau parti dont la ligne de conduite correspond aux vœux de la majorité de la population.
Nous avons en France le parfait exemple : nous somme contre ce que nous impose Bruxelles mais on ne peut pas faire autrement.
Autrement dit revendiqué tant que vous voudrez nous continuerons à vous expliquer que vous avez tort.