Faut-il accepter de parler avec ceux dont on combat les idées ?
Telle est, au fond, la question que pose aux catholiques l’invitation de Marion Maréchal-Le Pen à une université d’été du diocèse de Fréjus Toulon. On peut répondre à cette question par la négative : une telle invitation offre une caution d’Église à un parti dont le discours est, sur des points importants, incompatible avec les convictions chrétiennes.
C’est la raison pour laquelle jusqu’à aujourd’hui, les institutions de l’Église catholique ont évité tout contact public avec les responsables du Front national. Le diocèse de Fréjus-Toulon a décidé de rompre avec cet usage, en invoquant le fait que Marion Maréchal-Le Pen est une élue de la République, que son parti est légal et qu’il a un poids important dans l’électorat, spécialement dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Goubert Guillaume, La Croix, Titre original : « Une conviction non négociable » – SOURCE
L’événement vu par « Le Parisien »
« Un nouveau tabou est tombé. Jamais quelqu’un du Front national n’avait été invité à s’exprimer à l’intérieur de l’église. C’est fait. »
Habitant de Toulon (Var), Pierre se dit « chrétien progressiste » et ne décolère pas d’avoir appris que Marion Maréchal-Le Pen, candidate FN aux régionales en Paca, participait aux universités d’été du diocèse de Fréjus-Toulon à Plan-d’Aups-Sainte-Baume (Var).
C’est l’Observatoire sociopolitique du diocèse qui a eu l’idée de cette rencontre en plein cœur du massif de la Sainte-Baume. D’ailleurs, l’évêque en personne, M gr Rey, animera les débats. « Le sujet porte sur la politique, les médias et la vérité avec un grand V. Marion Maréchal-Le Pen a été sollicitée bien avant qu’elle ne lance sa campagne politique. Nous l’accueillons comme nous accueillons d’autres élus de droite et de gauche qui affichent leurs engagements chrétiens », se défend Dorothée Paliard, organisatrice de cette table ronde qui fait jaser… Mais aux côtés de Valérie Boyer (les Républicains) et Simon Renucci (PS), élus du Sud, la présence de Marion Maréchal-Le Pen, personnalité d’envergure nationale, fait grincer les dents de nombreux catholiques. « Le message de l’Eglise était jusqu’ici clair vis-à-vis des idées de l’extrême droite. On constate qu’un pas a été franchi », regrette une pratiquante du diocèse qui entend boycotter les universités d’été cette année. « J’admets qu’il s’agit d’une position novatrice par rapport à une forme d’oukase qui consistait à mettre à distance le parti lepéniste », a expliqué Mgr Dominique Rey.
« Un certain nombre de catholiques votent FN, c’est une réalité. Ces gens peuvent se sentir marginalisés. Notre objectif est de créer un dialogue de raison et une réflexion avec eux. »
(…) Pour le FN, cet événement est une aubaine : « C’est la première fois que Marion Maréchal-Le Pen participe à un événement d’une organisation catholique en tant que femme politique », a confié Rémy Rayé, son attaché parlementaire.
Dans le Sud, les associations anti-FN n’excluent pas de manifester contre la venue de la députée. (…)
Andrésy Diane, Le Parisien – Titre original : « Marion Maréchal-Le Pen trouble l’Eglise » – SOURCE