Retour sur la commémoration du 06 aout 1945

A jamais gravé dans la conscience et la mémoire de l’humanité, le 6 août 1945 ouvrait l’ère de l’équilibre de la terreur avec l’utilisation pour la première fois de la bombe atomique sur des populations civiles.

Elle fut accompagnée d’une justification idéologique, aujourd’hui largement contestée, selon laquelle cette déflagration aurait assurée la victoire. Celle-ci était en fait déjà acquise. Des centaines de milliers de vies humaines auraient donc pu être préservées !

Soixante-dix ans après, les cicatrices sont encore présentes dans les rues et brûlantes pour nombre d’entre elles dans les hôpitaux et les souvenirs. Hiroshima et Nagasaki ont été le siège d’un désastre humanitaire et environnemental à nul autre pareil ; de crimes contre l’humanité pour lesquels les dirigeants nord-américains n’ont toujours pas été traduits.

Si tous les chefs d’État disposant de l’arme nucléaire se rendaient sur les lieux, auraient-ils le goût de poursuivre cette chevauchée vers l’abîme en poursuivant la fabrication et le développement de ces armes de destruction massives ?

Depuis 70 ans aucun progrès important n’a été réalisé vers leur interdiction et leur démantèlement. Plus inquiétant, un nombre croissant d’états en possèdent, conduisant d’autres à les imiter et, pire encore, des groupes criminels et fanatisés peuvent acquérir de telles bombes ou les substances qui les composent augmentant les risques d’explosions délibérées ou accidentelles.

Si le traité de non-prolifération nucléaire a constitué un pas positif avec l’inscription d’une négociation pour un désarmement général, force est de constater que les actes ne suivent pas. A cet égard, la conférence d’examen de ce traité, au début du mois de mai dernier, a été plus que décevante. Or, le monde ne peut pas rester assis sur ces tonnes d’ogives menaçantes. Personne ne peut croire que leur utilisation par un pays protégerait quiconque à l’autre bout de la terre. La planète exploserait !

C’est dire l’urgence de libérer le monde des armes nucléaires. On ne peut continuer à disserter à perte de vue sur la paix tout en fabricant dans les laboratoires et les ateliers les conditions de l’apocalypse. Les pays membres du Conseil de sécurité des Nations-Unies devraient saisir ce triste jour anniversaire pour proclamer la fin de l’ère des armes nucléaires.

On ne peut légitimement se féliciter de l’accord avec l’Iran et continuer à se taire sur la menace que constitue dans cette région la bombe israélienne.

Dans un monde où renaissent des tensions militaires, où la guerre économique peut dégénérer, où l’OTAN intervient partout, souvent au mépris du droit international, où on observe la montée de fanatismes criminels, l’heure est à remettre sur le métier le grand chantier humaniste du désarmement et de la paix. Le quarantième anniversaire de la conférence d’Helsinki, aussi cette année, ne doit pas être l’occasion de son enterrement.

Rien, ne servirait de réussir la conférence climat si la planète reste menacée de pulvérisation atomique. Les deux combats doivent être menés de pair. Les énormes sommes ainsi économisées grâce à la fin des armes nucléaires pourraient être utilement affectées au fonds de préservation de l’environnement. A la pointe du combat sur le climat, la France devrait donner l’exemple -notamment en revisitant le concept de dissuasion- et faire preuve d’initiative, d’audace pour que le monde soit à jamais libéré de la menace de l’hiver nucléaire. Que cette journée anniversaire puisse être utile à toutes les forces qui à travers le monde agissent en ce sens.

Patrick Le Hyaric – SOURCE