Aux salariés : la ceinture ; au patronat : les profits

Pendant la crise grecque, les (autres) travaux européens continuent.

Lundi, c’est la Finlande qui a annoncé son intention de réduire le coût du travail de 5 % dans le pays afin « d’améliorer la compétitivité », selon le premier ministre, Juha Sipilä.

Le gouvernement de centre droit veut relancer l’économie, qui a stagné l’an dernier après deux années de récession.

Il y a dix jours, c’est la Belgique qui a décidé une baisse des cotisations patronales – de 33 % aujourd’hui à 25 % en 2016 – pour, là encore, redresser la compétitivité.

« Une course à la réduction, ou au ralentissement, des coûts salariaux, est clairement engagée en Europe, confirme Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas. [Gattaz et le patronat jubilent et ferons beaucoup pour la réélection de François. C’est ce qui s’appelle mettre deux fers au feu MC]

En Espagne, les salaires réels ont fondu de 12 % depuis 2008, d’après Eurostat. « Une première vague d’ajustements a concerné, dès 2010, les pays du sud de l’Europe et l’Irlande.

Une deuxième vague démarre , dans des économies du cœur de la zone euro cette fois », poursuit Hélène Baudchon. Les États qui partagent la monnaie unique ne peuvent plus, en effet, dévaluer leur monnaie pour prendre un avantage sur le voisin. Le coût du travail est donc devenu la variable d’ajustement pour qui cherche à vendre moins cher à l’étranger.

Outre la Belgique, la France s’est engagée sur la même trajectoire, à travers le CICE et le pacte de responsabilité.

  • Le premier a réduit les coûts salariaux de 2,6 % en France, rien que cette année. Résultat, l’écart de compétitivité-coût avec le concurrent principal, l’Allemagne, s’affiche à 0,5 % cette année, contre 3,3 % il y a trois ans.
  • Les entreprises outre-Rhin ont en effet commencé à redistribuer à leurs salariés une partie des profits, après des années de rémunérations gelées.
  • « Un certain nombre de déséquilibres doivent être corrigés en zone euro et sont en train de l’être », décrypte Hélène Baudchon.
  • Une récente étude de l’Institut de l’entreprise (1) rappelle que le coût unitaire du travail (indicateur qui tient compte de la productivité) avait progressé de 3,3 % chaque année en moyenne entre 2000 et 2007 en Espagne, de 4 % en Irlande, de 1,8 % en France… et de -0,4 % en Allemagne. Entre 2007 et 2013 en revanche, l’étude montre une inversion des courbes : +2,2 % en Allemagne contre -0,4 % en Irlande, +0,2 % en Espagne… et une France stable à +1,8 %.
  • Ces nouvelles tendances permettent aux salaires de mieux correspondre à l’état de santé réel du pays et à ses capacités de production. À rebours des bulles qui se sont formées, avant d’exploser, en Espagne, en Irlande, en Grèce…
  • Dans ces pays, les hausses de salaires ont été fulgurantes dans les années 2000. D’où la brutalité des ajustements observés. Les gouvernements concernés espèrent que les effets positifs se feront sentir dans un deuxième temps.
  • En Espagne, le chômage a baissé en juillet, pour le sixième mois consécutif

Dancer Marie, La Croix –Titre original de l’article : « La course à la réduction du coût du travail se poursuit en Europe » – SOURCE


 

  1. « Sortir de la crise, les enseignements de nos voisins européens », juin 2015.