Grèce. Elle provoque un malaise à Gauche en France

Au fur et à mesure qu’elle se transforme en tragédie, la crise grecque suscite un profond malaise au sein de la gauche en France. La prise de position la plus surprenante est sans doute venue de Dominique Strauss-Kahn. Dans un court texte publié sur Twitter intitulé « Apprendre de ses erreurs », l’ancien directeur général du FMI a tenu un discours sévère sur son ancienne maison qu’il voit « répéter les mêmes erreurs » qu’en 2011.

Il appelle le FMI mais aussi l’Union européenne à « prendre une direction radicalement différente dans les négociations avec la Grèce ». Si elle émane d’un homme qui n’était pas connu pour être à la gauche de la gauche, cette position est partagée par nombre de parlementaires socialistes.

« Cette crise est très révélatrice d’un dysfonctionnement majeur. Sur les fondamentaux du fonctionnement de l’Union économique et monétaire, il y a beaucoup à dire. Il faut s’atteler à sa réforme », estime Pervenche Berès, députée européenne et présidente de la délégation socialiste au Parlement européen.

Le fonctionnement de l’Europe dans des situations de crise est pointé du doigt. « Je suis scandalisée par ce qui se passe. Par la pression de l’Union européenne sur la Grèce, on a une dureté et une rigueur qui ne parlent qu’aux marchés financiers », ajoute Aurélie Filippetti, députée « frondeuse ».

A la direction du Parti socialiste, on souligne le rôle joué par la France, qui tente toujours d’être le « trait d’union » entre la Grèce et l’Allemagne. Hier, lors des questions au gouvernement, le ministres des Finances, Michel Sapin, et le Premier ministre, Manuel Valls, l’ont répété : la place de la Grèce est « dans la zone euro ».

Tout va se jouer dimanche, lors du référendum. « La France a joué les « good cop » en préservant la partie la plus sociale du texte. Maintenant, nous sommes suspendus à la décision du peuple grec. Aléxis Tsípras a mis en jeu son avenir et celui de son peuple », estime Juliette Meadel, porte-parole du PS.

Mais des voix s’élèvent pour dire que la France aurait pu faire plus et mieux pour défendre la Grèce. « Les pays européens refusent que Tsípras puisse remettre en cause un cadre absurde et Hollande, en particulier, ne veut pas donner au Premier ministre grec ce qu’il n’a pas réussi à faire en 2012 avec le traité de stabilité budgétaire qu’il s’était engagé à renégocier », regrette le député européen écologiste Yannick Jadot dans les colonnes de « Libération ».

Certains à gauche appellent à la mise en place d’un nouveau traité européen tant la crise grecque illustre, selon eux, celle de l’Europe et surtout celle de sa représentativité, dix ans après le « non » au traité constitutionnel. « La situation de la Grèce montre qu’on ne peut pas répondre à la crise par le traité actuel. Il faut un nouveau traité car l’Europe a du mal avec l’expression des peuples », plaide l’eurodéputé Guillaume Balas, proche de Benoît Hamon.

« Maintenant la gauche », courant de la gauche du PS, appelle même les Grecs à voter « non » au référendum. « Dimanche prochain, le peuple grec a la possibilité de refuser l’austérité et de choisir la voie de la dignité, dans l’espoir d’une autre Europe. En ce moment historique, chacun de nous doit prendre position », souligne un texte mis en ligne mardi soir par ce courant.

Poussielgue Grégoire, Les Echos – Titre original « Le malaise devient de plus en plus perceptible à gauche en France » Source