Et si c’était lui ?

Si Alain Juppé s’imposait comme le meilleur candidat pour défendre les couleurs de la droite à la présidentielle de 2017 ? Quelle revanche ce serait, vingt ans après, pour l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, chassé sous les sifflets en 1997 par des Français en colère contre ses rudes réformes.

A un an et demi de la primaire de la droite et du centre (20 et 27 novembre 2016), notre sondage exclusif Odoxa donne pour la première fois l’avantage à Alain Juppé face à Nicolas Sarkozy, jusqu’ici grand favori du peuple de droite. Certes, il reste encore du chemin et la dernière présidentielle a été riche en surprises. Certes, un sondage est une photographie de l’opinion à un instant t, pas une prédiction politique. Il n’empêche, ce résultat marque un tournant dans la compétition à droite. Juppé gagne le match de la primaire…

L’institut Odoxa a ciblé les personnes se déclarant prêtes à aller voter à la primaire UMP. Au 1 er tour, Juppé et Sarkozy feraient jeu égal (39 % chacun) et ils écraseraient la concurrence, Fillon notamment se retrouvant relégué à un minuscule 5 %. Tandis que Bruno Le Maire, héraut de la contestation de la réforme du collège, s’installe comme le troisième homme de la primaire (avec 12 %).

Plus spectaculaire, le second tour : le maire de Bordeaux devance nettement l’ex-président avec 55 % contre 45 % des intentions de vote. « C’est un incroyable retournement en quelques mois, commente Gaël Sliman, d’Odoxa. Mais attention, Juppé doit clairement son avance aux électeurs du centre (80/20 face à Sarkozy auprès des sympathisants UDI), plus qu’à ceux de l’UMP, auprès desquels Sarkozy conserve une avance sensible (58 % contre 42 %), même si elle diminue. » Cette nuance est importante, puisqu’elle souligne qu’en fait tout dépendra du degré réel d’ouverture aux centristes de la future primaire de l’UMP… ou des Républicains. …Et domine celui de la présidentielle

  • Premier enseignement du sondage, si la présidentielle avait lieu dimanche prochain, François Hollande ne passerait pas le 1 er tour (même compte tenu des marges d’erreur inhérentes au sondage, de + ou – 5 points). Quel que soit le cas de figure (une candidature Juppé ou Sarkozy), il serait éliminé au profit de la patronne du FN, Marine Le Pen, et du candidat de la droite républicaine. Comme Jospin en 2002.
  • Deuxième enseignement, là encore, l’ex-Premier ministre domine face au leadeur de l’UMP : alors qu’au 1 er tour Marine Le Pen serait nettement en tête face à Sarkozy (30 % contre 25 %), elle serait devancée de trois points par Juppé. « Il profiterait à plein de l’absence de François Bayrou, décrypte Gaël Sliman. Rappelons que ce dernier a clairement indiqué qu’il ne serait pas candidat si Juppé était le candidat de l’UMP alors qu’il le serait face à Sarkozy. »

Et le second tour ?

  • Juppé domine de la tête et des épaules : il pulvériserait la candidate FN (67 % contre 33 %), là où l’ex-président, qui bénéficierait de moins de voix venues de la gauche, se « contenterait » d’un 59/41 %.

En 2002, bien avant la « dédiabolisation », Chirac avait scotché Jean-Marie Le Pen à moins de 18 %. Enfin, petite consolation pour Sarkozy, dans l’hypothèse d’un duel de préférence contre Juppé,  et non pas d’intentions de vote, il reste le chouchou des sympathisants de droite en général (52 % contre 45 %) et plus encore de ceux de l’UMP (59 % contre  40 %). Bref, rien n’est encore joué.

Vernet Henri, Le Parisien – Titre original « Le sondage qui donne des ailes à Juppé » – SOURCE